Un petit tour dans le vaste Monde, une pause dans une salle de spectacles, un détour par la cuisine ou auprès du sapin de Noël ... deux ou trois créations … Bienvenue chez moi , agréable visite, et n'hésitez surtout pas à laisser un commentaire. Pour être informés des articles récents, n’oubliez pas de vous abonner. A bientôt.
Bon, aujourd’hui on a décidé d’aller visiter les fameux cloîtres, pas si fameux que ça !! Ils avaient, jusque-là, échappé à notre curiosité ; on les a découverts en regardant « Un shérif à New York » … à cause de Clint ! Je l’ai pourtant vu et revu ce film, mais jamais mon attention n’avait été retenue par l’environnement de la scène finale … à ma décharge … je ne l’avais jamais revu depuis que j’ai découvert NEW YORK ! On s’est donc demandé, voyant les protagonistes courir dans ce décor si particulier, où la scène avait bien pu être tournée ; réponse : « The Cloisters » … on s’est immédiatement documentés, et ces « fameux » cloitres ont été inscrits au programme de nos visites !!
Direction, donc, le nord de Manhattan, au-delà de Harlem … On va prendre le métro à Livonia, la station de métro dont l’architecture ne cesse de m’étonner ! Elle semble posée sur du vide, comme les deux voies qui sont construites … à claire voie !! Et quand une rame passe c’est tout l’ensemble qui se met à tanguer comme un gros mécano !
Après plus d’une heure de trajet, nous arrivons enfin ; voici l’entrée du grand parc de Fort Tryon dans lequel sont installés Heather Garden et the Cloisters, ensemble qui fait partie du Metropolitan Museum of Art - MET (ainsi, les billets d’entrée des deux musées sont associés, et permettent de les visiter dans la même journée avec un seul billet).
Nous voici dans Heather Garden (le Jardin de bruyère), le plus grand jardin public de NEW YORK, espace dédié au calme et à la promenade, construit en terrasses à flanc de colline. Mais comment un aussi joli jardin et un cloitre ont-ils pu se retrouver au cœur d’un fort ?
Par sa position stratégique en bordure de l’Hudson à l’extrême nord de Manhattan, l’endroit est un champ de bataille pendant la Guerre d’Indépendance. Son nom lui vient du dernier gouverneur britannique de la colonie, Sir William TRYON, qui quittera son poste en 1788. La grande avenue qui parcourt le parc, elle, a le nom de Margaret CORBIN, une femme qui s’est illustrée, à la même période, par un acte de bravoure : pendant la bataille, son mari meurt, elle prend alors en main le canon qu’il manœuvrait, l’un des derniers en action, et fait feu sur l’ennemi ! Elle sera la première femme à recevoir une pension militaire !
Les temps s’apaisent et Fort Tryon voit fleurir de jolies villas sur ses coteaux. En 1901, un riche industriel de CHICAGO, Cornelius K.G.BILLINGS, fait construire un riche manoir dans le parc.
En 1917, John D.ROCKEFELLER Jr entre en scène. Il achète la villa de BILLINGS, le parc, et quelques terrains sur l’autre rive de l’Hudson. Il remet le tout entre les mains de Frederick Law OLMSTED Jr, un architecte qui est le fils du co-créateur des Central Park et Prospect Park à NEW YORK. Celui-ci va concevoir un parc associant les espaces boisés aux sentiers de promenade, valorisant les pentes du terrain et mettant en valeur les points de vue du parc.
Cédé à la ville par le milliardaire, le parc ouvre ses portes au public en 1935, Heather Garden étant un espace dédié à la beauté et au repos. Depuis, les finances publiques ne permettront pas toujours de conserver le parc dans sa splendeur d’origine, dans les années 70-80 il se dégrade ; en 1985, pour son cinquantenaire, un grand plan de rénovation est décidé, les plans des années 30 ressortis et le parc remis en état.
Et nous y voici donc, au milieu des parterres de fleurs, des massifs de bruyères, sur les sentiers balisés de gros blocs de granit, apercevant tantôt l’Hudson, tantôt le clocher d’un cloître.
Car on n’en a pas encore parlé de ces cloîtres … médiévaux … new-yorkais ! y’a quand même comme un truc qui cloche, non ? Encore une fois, la fortune et la philanthropie de ROCHEFELLER sont à l’origine de ce projet insensé. En 1925, il acquiert la collection d’œuvres médiévales réunie par le sculpteur George Grey BARNARD. Il décide d’offrir à ce trésor un écrin à sa mesure, les éléments architecturaux rapportés d’Europe vont être – habilement – intégrés à la construction du nouveau musée qui ouvre ses portes en 1938, donnant exceptionnellement accès au public américain aux œuvres du Moyen Age.
Il fait un temps magnifique et nous remontons, avec beaucoup de plaisir, Margaret Corbin Drive, entre l’Hudson et les murailles « médiévales ».
Quand on arrive à l’entrée du musée on a vraiment l’impression de longer une construction du XIIème siècle.
Allons donc visiter ces cloitres. On n’a aucune idée du tarif de l’entrée, sur les sites que j’ai consultés il était dit que le prix recommandé est de 25$ mais « qu’aucun tarif n’est obligatoire, chacun donne ce qu’il veut » … une fois devant la caissière on a l’exacte traduction : « on donne ce qu’on veut … au-delà de 25$ » si on veut contribuer au financement du musée !Nous voici donc avec nos billets d’entrée, et un petit badge à coller sur nos vêtements pour circuler librement dans le musée.
Dès la galerie principale dans laquelle sont installées les caisses, on est dans l’ambiance, nous sommes dans une grande salle gothique, avec une vue sur la galerie romane, première salle de la visite.
Cette nouvelle pièce est plus petite, dans son architecture sont intégrés des portails d’églises françaises des XII et XIIIème siècles, c’est bluffant ! sur les murs, des fresques espagnoles (originales) et diverses sculptures françaises. Chaque œuvre est commentée, époque, origine, et le cas échéant, la pièce est mise en relief pour la situer dans l’architecture, ce qui permet de visualiser le « neuf » et l’ »ancien » d’un seul coup d’œil !
Voici ensuite la Chapelle Fuentidueña, de l’église espagnole du XIIème siècle « rapatriée » d’Espagne en 1958. L’abside est donc d’époque, la grande fresque de la Vierge est, elle, française, de la même époque ; différentes sculptures complètent la décoration de cette salle dans laquelle sont donnés des concerts.
La visite se poursuit par le Cloitre de Saint Guilhem le Désert, qui était un monastère situé près de Montpellier. C’est maintenant un tout petit cloître blanc, lumineux. Sur les panneaux explicatifs, on voit très nettement mis en relief les piliers français mêlés à la construction américaine.
Voici maintenant une nouvelle chapelle, bordelaise cette fois. Ici sont réunis des éléments architecturaux provenant de l’église du XIIème siècle, Notre Dame du Bourg à Langon, mettant à l’honneur des vitraux français bourguignons.
Nous arrivons dans la salle capitulaire de Notre Dame de Pontaut, d’une abbaye cistercienne d’Aquitaine. Au XIIème siècle, les moines s’y réunissaient ; en 1930, au moment de son achat par un antiquaire parisien, les colonnes servaient à attacher le bétail.
Il faut souligner que c’est finalement à la Révolution Française qu’on doit beaucoup de ces pièces ; en effet, après la saisie des biens de l’Eglise, ces propriétés ont été vendues au titre de biens nationaux, acquis par des particuliers ils ont pu, par la suite, au XIXème siècle, se retrouver « sur le marché » … d’où les acquisitions de George Grey BARNARD.
Elle est encore belle cette salle, piliers et clé de voûte d’époque, ouvrant sur le superbe Cloitre de Cuxa, le joyau de la visite. La pierre rose du Canigou, les tuiles roses, et la végétation à peine maitrisée, voici un cloitre charmant. Deux monastères sont réunis ici, ceux de Saint Michel de Cuxa et de Saint Genis des Fontaines (pour la fontaine justement). On lève bien sûr les yeux vers les créatures qui décorent les chapiteaux des colonnes, parfaitement conservés.
Nous entrons dans la Galerie du gothique primaire qui regroupe des œuvres d’art médiévales européennes et des vitraux provenant de l’église de Saint Germain des Prés à Paris !
Au fond de cette salle on peut voir, en contrebas, la chapelle gothique. C’est vraiment étonnant de voir une telle précision dans la reconstruction, ou plutôt dans LA construction de ce cloitre-musée. Du balcon où nous sommes, on a vraiment à nos pieds une chapelle du XIVème siècle.
Nous descendons le petit escalier pour aller voir de plus près les jolis vitraux colorés autrichiens du XIVème siècle, et les gisants de tombes nobles ou royales de France et d’Espagne.
Voici un nouveau cloitre, celui de Bonnefont, de Bonnefont en Comminges, dans les Pyrénées, d’où on a longtemps pensé que les éléments provenaient, mais leur origine se situe plutôt dans l’ensemble de la région de Tarbes. Le jardin du cloitre est aménagé en jardin aromatique et médicinal. C’est aussi charmant que dépaysant, des allées de tuiles roses desservent les carrés de plantes. Cette cour est vraiment très agréable, calme, jolie, baignée de soleil … sans effort on a l’impression d’être dans le sud de la France !
La galerie du Cloitre de Bonnefont s’ouvre sur un autre cloitre, celui de Trie, les éléments ayant été récupérés au monastère des Carmélites de Trie sur BaÏse, toujours dans les Pyrénées. Dans cette nouvelle galerie est installé l’espace de restauration du musée.
Avant de remonter à l’étage principal, nous allons voir la Salle du Trésor. Y sont exposés des objets liturgiques en métaux précieux, des bijoux, et les pièces maitresses doivent être les manuscrits enluminés tels « Les riches heures du Duc du Berry ».
Revenus à l’étage principal, la visite se poursuit par deux salles consacrées aux tapisseries du Moyen Age, celles des Neuf Preux, datant d’environ 1400, une des plus anciennes collections de cette époque ; et surtout la Salle des Tapisseries de la Licorne. Leur thème et la qualité des ouvrages justifient leur intérêt et leur succès ! La plus belle, la plus renommée est sans doute cette magnifique « Licorne captive », les couleurs sont restées très vives, la perspective incertaine et les motifs floraux abondants. La tapisserie aurait été dessinée à Paris et tissée, vers 1500 à Bruxelles, en fils de laine, soie et argent. Je m’approche pour examiner de plus près l’adresse des tisseuses, quel magnifique travail !!
Vient ensuite la Salle Boppard, qui vaut surtout pour les beaux vitraux de Rhénanie qui éclairent la pièce.
Puis la Salle Mérode, dont la pièce essentielle est un beau retable peint à tournai vers 1425-1430, une belle représentation très colorée de l’Annonciation.
Dans la dernière salle, la Galerie du gothique tardif, sont exposées de nombreuses sculptures, une tendre Vierge à l’Enfant, les Rois Mages, une étonnante Nativité de la Vierge, rarement représentée, c’est une sculpture bavaroise de la fin du XVème siècle, Sainte Anne y apparait couchée avec son enfant dans les bras.
Mais l’objet que j’ai préféré dans cette salle est un petit Jésus tout nu, tout mignon … là encore une représentation plutôt originale ! Voici un joyeux enfant, les cheveux bouclés, les joues … et les fesses … bien rouges ! Il est bien potelé et joue avec une pomme.
Voilà, la visite est terminée, elle nous aura occupés plus d’une heure et demie. Une belle découverte. Un ambitieux projet pédagogique très abouti, et une très belle reconstitution qui rend la promenade très agréable. Nous sommes ravis !
De retour dans le parc, reprenant le chemin du métro, c’est avec beaucoup de plaisir que nous jetons les derniers regards vers l’extérieur de ce cloitre plus vrai que nature ! L’Hudson est toujours là, de plus en plus beau sous le soleil.
En ce samedi après-midi, le parc s’est rempli de promeneurs, les familles pique-niquent, l’anniversaire d’un gamin a été organisé, sur le chemin on marche sur les marelles dessinées à la craie … en version américaine !!
Bien, maintenant direction Downtown.
En préparant le voyage, on a repéré une promenade là encore méconnue : la High Line, une sorte de « trouée verte » construite en 2009 en exploitant une voie ferrée aérienne désaffectée.
Selon nos informations, cette High Line commence au niveau de la 14th St, à côté de Gansevoort Market …. Qui n’est qu’un restaurant géant !! On y trouve de tout, de la glace au burger … Dans la rue, un vieux taxi jaune attire tous les regards…
Et voici l’escalier (ou l’ascenseur) vers la promenade. Nous sommes maintenant au niveau des toits de NEW YORK ! 2,3 kilomètres devant nous pour découvrir de nouvelles saveurs de la grosse pomme.
Il y a quelques heures nous ne connaissions rien de cette balade …. Nous devions être les seuls vu le monde !
C’est génial ! nous circulons donc sur un passage de la largeur de deux voies ferrées dont certaines portions restent apparentes, envahies par une végétation maitrisée ; c’est une belle réalisation. Le chemin est jalonné d’œuvres d’art modernes … plus ou moins heureuses !
Des espaces sont aménagés, pour le repos, pour admirer le paysage, profiter des diverses vues, pour permettre les regroupements … bronzer … se rafraichir !
Un amphithéâtre permet de s’asseoir face à une grande baie vitrée qui donne sur la rue, on peut s’y reposer, un monsieur, lui, préfère dessiner.
C’est très agréable de découvrir la ville sous cet angle, les rues sont calmes, entre deux blocks, les buildings sont moins impressionnants, on aperçoit même l’Empire State Building !
Pour certains passages, nous avons l’impression d’être en pleine nature, le chemin bordé d’arbres frais !!! Dix-huit « jardins » sont installés sur le parcours, jouant avec les couleurs, les espèces de végétaux … Dans l’un d’eux un buste de femme fait office de fontaine … c’est poétique … ou très rigolo … selon l’utilisateur … qui reçoit l’eau dans la bouche ou se fait arroser par la dame !!!
Cette balade en altitude nous donne aussi l’occasion de voir les jardins-terrasses de la ville …. Le rêve !!
Au niveau de la 30th Street, une installation en Légo blancs interactive … il s’agit de construire … une ville, des buildings … une animation gratuite ouverte à tous.
Sur la dernière portion de la Line, des panneaux retracent la vie de cette ligne : de 1840 à nos jours … sacré parcours !
Nous sommes maintenant pas bien loin de l’Hudson et de ses quais, et nous passons au-dessus des voies de la gare de la 34th St, Penn Station, où se termine la High Line … notre promenade aura duré plus de deux heures !
On repart ensuite direction Union Square, on va jusqu’à l’Empire State Building, puis suivant Broadway jusqu’au Flatiron.
Toujours autant d’animation sur Union Square ; il est plus de 19 heures and it’s Showtime !!! et du lourd !!! Des Beatles d’un genre nouveau, dont un se produit en slip et joue avec un (faux) poulet mort !!! On a aussi droit à un warrior en bikini à paillettes !!! Je me demande ce que George Washington pense de tout ça, lui qui nous regarde du haut de son cheval, alors que d’énormes bulles de savons soufflées par les grands et les petits s’élèvent vers lui !
Laissant ces énergumènes agités, nous reprenons le métro jusqu’à Brooklyn.
Et voilà, fin d’une très belle journée, qui nous a fait découvrir NEW YORK sous de nouveaux angles.
Demain nous irons à Porto Rico !!! … mais ça c’est demain …
Entre les deux mon coeur balance ... The Cloisters pour le côté incongru ; et la High Line, juste pour le pur plaisir !
Toujours notre petit appart dans Brooklyn ! Toujours aussi agréable !