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Ce matin, le temps est plutôt maussade, c’est dommage car nous avons de belles visites au programme aujourd’hui, on veut aller découvrir le Monastère de BATALHA, classé *** par le Michelin, ensuite, on mettra le cap vers la mer et NAZARE.
BATALHA est à un peu moins de 100 kilomètres de PENICHE, de la route, nous voyons le gros monastère … un peu décoloré, il semble bien seul au fond de son parvis.
Le Mosteiro da BATALHA, le monastère de la Bataille, celle d’ALJUBARROTA qui se déroule le 14 août 1385 ; l’enjeu est le trône du Portugal. Face à face, la puissante armée du Roi de Castille et le petit régiment du portugais João d’Avis, ils revendiquent, l’un et l’autre, le pouvoir ! João d’Avis promet d’ériger une église à la gloire de la Vierge sur le champ de bataille en cas de victoire. Exhaussé, la construction du Mosteiro de Santa Maria da Vitoria commence quelques années plus tard …
L’accès au monastère est assez déroutant, en règle générale les monuments sont mis en valeur, les aménagements sont là pour flatter leur beauté et mettre le touriste en appétit, or, ici, nous abordons le monastère par le côté opposé à la façade, nous ne retrouvons pas la vue d’ensemble aperçue de la route nous avons, à gauche, une grande place vide, qui doit grouiller de touristes en pleine saison ; et à droite, le monument, énorme, qui nous offre une inimaginable profusion de motifs gothiques. C’est vertigineux ! Grandiose !
Nous pénétrons par la première entrée qui se présente, n’ayant, pour le moment, aucun point de repère.
Et c’est l’éblouissement total ! Nous sommes écrasés par la beauté de cette église, nous venions d’admirer la délicatesse des ciselures à l’extérieur et voilà que nous sommes à l’entrée d’un fabuleux vaisseau dont les mâts, longilignes, s’envolent vers des croisées d’ogives d’une étonnante sobriété. Cette nef est d’une impressionnante solennité.
Nous allons, bien sûr, visiter TOUT le monastère. L’entrée et la visite de l’église sont gratuites, l’accès aux autres parties du monastère coûte 6€.
Nous poursuivons la visite par « la chapelle du fondateur » (Capela do Fundator). Une merveille ! João Ier, le roi fondateur, souhaite ériger un panthéon à la gloire de sa dynastie ; au tout début du XVème siècle cette salle est construite à côté de l’entrée principale de l’église, ce sera ce petit écrin gothique flamboyant de 20 m² qui abrite le couple royal et leurs enfants. La salle est d’une beauté inouïe éclairée par des vitraux multicolores. Le tombeau du roi João Ier et de la reine Philippa de Lancastre en occupe le centre, leurs gisants, côte à côte, se tiennent la main dans une posture très tendre. Leurs têtes sont surmontées de dais finement ciselés. Sur les côtés, dans des alcôves (enfeux) tout aussi travaillées, les sépultures de leurs enfants, parmi lesquels celui d’Henri le Navigateur (dont nous avions vu la maison natale à PORTO), il est reconnaissable au dais qui le distingue des autres.
Nous traversons la nef pour aller voir le Cloître Royal (claustro real - claustro de D.João I). La construction du cloître a commencé lors des premiers travaux de l’édification du monastère, dans le style gothique flamboyant ; mais elle n’a été achevée qu’en 1515, avec des finitions de style manuélin.
Magnifique ? Eblouissant ? Une fois de plus, on reste bouche bée d’admiration. Que cet espace est beau ! Si richement décoré ! Quel travail monumental ! Quelle recherche esthétique !! La subtile alternance des remplages (armature de pierre des vitraux d’une fenêtre formant un réseau ornemental), la variété du dessin des colonnettes, la délicatesse des balustrades.
La salle capitulaire du monastère (Sala do Capitulo) est maintenant occupée par la Tombe du Soldat Inconnu. Ils sont en fait deux à symboliser, depuis 1921, l’héroïsme du peuple portugais, l’un tué en France, l’autre au Mozambique. Ils sont sous la garde de deux soldats en faction, ce qui parait incongru dans un édifice religieux.
La croix derrière la stèle a été offerte par les français en 1958, c’est tout ce qui subsiste du calvaire de NEUVE-CHAPELLE (dans le Pas-de-Calais) ; mutilé par les bombardements, le Christ n’est pas détruit, les portugais combattant ici y voient un signe divin, ils en feront le « cristo das trincheiras » (le christ des tranchées) chargé de veiller sur eux.
La flamme qui brûle au-dessus du monument est alimentée d’huile d’olive provenant d’arbres portugais.
La voûte, quant à elle, est une prouesse architecturale. Sa construction, très dangereuse, aurait été confiée à des condamnés à mort et une fois achevée, l’architecte aurait passé une nuit seul sous sa voûte, admirant son travail … ou risquant sa vie en cas d’échec de ses calculs ! Plusieurs siècles plus tard, c’est en toute confiance qu’on l’admire !
A l’opposé de la salle capitulaire, dans le jardin du cloitre, le « lavabo » attire tous les visiteurs. C’est là que les moines lavaient leurs mains avant d’aller au réfectoire (la salle capitulaire), action chargée de symboles. C’est une grande fontaine ronde, surmontée de deux vasques ; c’est surtout sa situation qui fait son charme, un peu isolée derrière ses arcades en dentelle… et puis il y a ces curieux petits baigneurs profanes dans le bassin qui amusent les touristes !
Nous passons ensuite dans le Cloitre de D.Afonso V (Claustro D.Afonso V). Cette partie du monastère est construite sous le règne … d’Afonso V … dans la seconde moitié du XVème siècle. Toujours de style gothique, il est nettement moins flamboyant que le cloitre précédant, plus austère aussi … plus … « monastique » ! De la galerie de ce cloitre, on a accès à l’étage qui offre une belle vue d’ensemble.
Il faut sortir du monastère pour aller voir la dernière partie. A chaque fois notre billet est validé par un gardien. Nous entrons dans un espace très particulier, désert, déserté ; comme abandonné … inachevé …
Commandées par Edouard Ier (D.Duarte) pour en faire son panthéon familial au début du XVème siècle, ces chapelles ne furent jamais terminées, le roi Manuel déplaçant ses intérêts architecturaux vers LISBONNE avec la construction du magnifique Mosteiro dos Jeronimos (Monastère des Hiéronymites) à partir de 1502. Mais Manuel n’est pas absent de ces Chapelles Inachevées (Capelas Imperfeitas) puisqu’il a fait ajouter le monumental porche qui leur donne accès.
Ce porche impressionne par ses dimensions et aussi par sa facture, la pierre est travaillée avec une virtuosité étonnante, le résultat est spectaculaire. Les motifs sont d’une variété infinie, d’une délicatesse incomparable … il ne faut pas perdre de vue qu’ils ont été réalisés en 1509 !
Ce qui devait être un sanctuaire familial est une grande rotonde octogonale ; tout autour, sept chapelles sont disposées, destinées à « accueillir » les descendants du couple qui est inhumé là : le roi Duarte et son épouse Leonor. Mais … il n’y a pas de toit ! La salle est à l’air libre, au-delà d’une fine balustrade gothique s’élancent les tours ébauchées des angles … et c’est le ciel ! C’est très bizarre ! Presque fantomatique ! On a l’impression d’être dans le décor d’une superproduction.
Il y a donc la double tombe du couple royal, plus sobre que celle de João Ier (le fondateur), les gisants étant figés dans la même attitude, main dans la main. Dans une autre chapelle, la tombe de leur petit-fils, l’Infant João, décédé peu de temps après sa naissance, fils d’Afonso V.
Cette merveilleuse visite se termine ici, il est 13h30, nous étions arrivés à midi ! Nous avons consacré une heure et demie à ce fabuleux monastère … et c’est pas fini … l’extérieur mérite maintenant notre attention.
Nous allons voir de plus près la statue équestre sur le côté du monastère, pensant qu’il s’agit du roi fondateur. Eh bien non, c’est le connétable Nuno ALVARES PEREIRA, celui qui a mené la fameuse bataille d’ALJUBARROTA en 1385, qui est à l’origine de la construction du monastère.
Et voici enfin la façade principale. Finalement il ne se passe pas grand-chose sur le parvis Seuls les plus acharnés se donnent la peine de venir jusqu’ici ! Et pourtant, il y a tant à voir : l’ocre du calcaire vieilli, la délicatesse de ce décor gothique, la finesse de la fenêtre centrale, la richesse du portail …
Nous repartons vers la voiture, regardant d’un autre œil ce monastère que nous savons maintenant décoder !
Nous allons maintenant à NAZARE, à 35 kilomètres de BATALHA. Sur la route, on voit de belles maisons fleuries, des palmiers, des massifs d’alliums bleus, la région semble plutôt riche.
Cette petite station balnéaire réputée est formée de trois quartiers : a Praia (la plage), O Sitio (le site) et Pedermeira (le bourg). Nous avons décidé de commencer par O Sitio, au sommet de la falaise qui domine la baie, pour aller ensuite flâner le long de la plage.
On peut accéder à ce quartier en funiculaire, à pied (par un escalier), mais cette fois on y va en voiture !
Nous allons jusqu’à la grande place de l’igreja de Nossa Senhora da Nazaré, une église baroque à l’allure particulière avec un escalier semi-circulaire conduisant au porche dissimulé dans une galerie. A l’intérieur, la voûte en bois surprend tandis qu’on s’attarde devant les murs couverts d’azulejos. Dans le chœur, les fidèles et les touristes (moyennant 1 €) défilent devant la statue de la Vierge.
Sur la place, il y a beaucoup de marchands de ponchos en laine … c’est plutôt incongru en cette saison …
Juste avant d’arriver au belvédère, au bout de la place, voici une minuscule chapelle, Ermida da Memoria. Elle commémore un miracle : en 1182, un chevalier poursuit un cerf, mais son cheval chute de la falaise … le temps d’une prière à Notre-Dame de Nazareth, et l’animal se ressaisit, donne un violent coup de sabot dans la roche et dans un dernier sursaut retrouve le sommet ! L’intérieur de la toute petite chapelle (de quelques m²) est recouvert d’azulejos ; un escalier descend vers la crypte dans laquelle on peut voir la trace du sabot dans la roche ! … il suffit d’y croire !
Allons maintenant vers le belvédère, nous sommes 110 mètres au-dessus de la mer ! Les vues sur la plage et la ville sont belles, quel dommage que le soleil ne soit pas là.
Il ne fait pas très beau, et surtout pas très chaud … ça se voit sur la plage … déserte ! On reste un petit quart d’heure à profiter des jolies vues et à prendre un bon bol d’air.
Nous allons nous promener le long de cette plage de sable fin doré sur laquelle sont alignés d’anciens bateaux, restaurés, très colorés, pour chacun un panneau explicatif qui donne des informations sur l’embarcation : nom, propriétaire, fonction … certains étaient dédiés à la pêche, d’autres au secours en mer, au transport de passagers, marchandises … ils sont l’image même de la ville longtemps exclusivement vouée à la pêche en mer, avec ses pêcheurs aux pantalons courts bouffants, portant un long bonnet, et les femmes en jupe aux sept jupons et aux tabliers brodés !
Aujourd’hui on ne retrouve ces costumes traditionnels que dans les vitrines des magasins touristiques !
La plage est belle, peu animée. Au nord, on retrouve le promontoire de O Sitio, avec une belle lumière, le ciel s’étant un peu dégagé. Quelques familles profitent de la plage, mais la plupart des gens se promènent, comme nous ; d’autres sont installés pour peindre ou dessiner ce joli décor, beaucoup d’aquarellistes s’attèlent à reproduire les petits bateaux.
Sur cette grande avenida da Republica, nous sommes rattrapés par la tradition : des femmes vendent leur production de poissons séchés, tandis que, derrière elles, sur des claies en plein soleil sont étalés les poissons seulement protégés de l’appétit des mouettes par des filets.
Je demande l’autorisation d’aller circuler parmi ces étalages, et de prendre les photos … on ne me répond pas, on ne me chasse pas non plus, alors je vais voir tout ça de plus près ! C’est très particulier, les filets de poissons sont alignés, serrés les uns contre les autres sur des cadres grillagés, à des stades plus ou moins avancés de séchage !
La suite de la plage est consacrée aux activités balnéaires, plages privées aménagées, restaurants de plage, dont un visiblement en pleine construction.
On continue la promenade jusqu’au port, à l’extrémité sud de la plage. On regarde un bateau qui revient suivi par des mouettes, les marins et les oiseaux ne sont pas les seuls à pêcher … sur les gros rochers du port, plusieurs pêcheurs à la ligne titillent le poisson !
D’ici, nous avons une belle vue sur la baie de NAZARE, et ses vagues plutôt violentes.
Nous décidons de retourner vers la voiture en passant par les petites rues du bourg, bien que la ville soit construite sur un plan géométrique, on a l’impression d’un dédale complexe.
Nous retournons ensuite à GERALDES, à 66 kilomètres de NAZARE.
Pour demain, on a prévu du lourd : SINTRA et la côte la plus occidentale du continent européen !
Le Monastère de BATALHA, bien sûr ...
Toujours chez Nikki à GERALDES , via airbnb