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Pas bien loin de TOULOUSE, ville rose ; voici ALBI la rouge ! Rouge, la couleur de ses pierres, du sang de son histoire, de la passion des cathares qui firent la renommée albigeoise.
Nous y avons passé un court séjour qui nous a permis de découvrir la ville et ses environs.
Le centre historique d’ALBI se découvre à pied, de nombreux parkings permettent de stationner la voiture pas bien loin ; et, pour les informations, il faut aller Place Sainte Cécile à l’Office du Tourisme, l’accueil y est parfait, chaleureux et compétent.
Puisque nous y sommes, restons-y et entamons ici notre visite du Vieil Alby, le cœur historique de la ville.
Les deux monuments les plus importants de la cité se dressent ici : la cathédrale Sainte Cécile et le Palais de la Berbie.
C’est par celui-ci que nous commençons. Ce palais, qui a des allures de forteresse, est l’ancien palais épiscopal de la ville. Construit entre 1228 et 1306, il fait partie des plus vieux châteaux de France et peut s’enorgueillir de son parfait état de conservation.
Il est construit, comme la cathédrale, en briques roses ; formant un ensemble aussi imposant qu’harmonieux.
De par sa position stratégique, en surplomb du Tarn, le palais avait, évidemment une vocation défensive, visible dans la hauteur, l’épaisseur, l’évidente robustesse de ses murs. Il ne faut pas perdre de vue que nous sommes ici en pays cathare … les bâtiments ecclésiastiques devaient donc garantir la sécurité de leurs occupants catholiques.
Son nom de « Berbie » vient de l’évolution du mot occitan signifiant évêché, on est ainsi passé, au fil des siècles de « bisbia » à « verbie » et finalement « berbie ».
Car ce sont donc les évêques qui vont faire construire ce palais. Profitant de l’absence des vicomtes d’Albi partis en croisade, ils réorganisent à leur avantage la collecte de l’impôt, amassant un confortable petit patrimoine qui va leur permettre d’édifier, à partir de 1228, une construction initiale qui remplacera leur modeste logis proche de la cathédrale.
A partir de 1254, de nouveaux travaux vont viser à la fortification de l’ensemble, paradoxalement, les défenses les plus solides sont édifiées côté ville, car l’évêque en place redoute un assaut de la population, le Tarn assurant, quant à lui, une défense naturelle.
En 1277, le nouvel évêque est aussi ambitieux qu’impopulaire, à son tour il va réaménager et renforcer le palais, transformant les lieux pour y installer ses appartements, chapelle et salle d’audience, tandis que l’aile la plus ancienne est transformée en tribunal ecclésiastique. Il renforce et prolonge les courtines afin de fermer l’ensemble du domaine qu’il souhaite inexpugnable. Nous sommes en 1306, le palais prend alors sa forme définitive. Les transformations futures joueront sur l’esthétique et la destination des bâtiments : à la Renaissance, les constructions défensives sont éliminées, les fenêtres transformées, les façades allégées, des galeries ou des terrasses remplacent les courtines ouvrant le Palais sur le Tarn et la ville ; au XVIIème siècle, un portail s’ouvre sur la ville donnant accès aux jardins.
Après la Révolution, c’est l’administration judiciaire qui occupe ces locaux, y installant tribunal civil, pénal et commercial, ainsi que les archives. Plus tard, c’est le Conseil Général du Tarn qui siège ici, jusqu’à ce qu’en 1905, le palais soit restitué à la ville à une condition, qu’il soit transformé en musée ; c’est ainsi qu’en 1922, s’ouvre le Musée Toulouse-Lautrec.
Nous commençons notre visite par les jardins, dont l’accès est gratuit. Ils occupent l’ancienne place d’armes, nous suivons le chemin de ronde qui offre de belles vues en surplomb de ces jardins, et plus loin sur le Tarn et la rive opposée.
Ce sont de magnifiques jardins à la française au dessin parfait. Cette régularité tranche avec l’ambiance romantique, bucolique de la promenade aménagée sur le chemin de ronde côté rivière, décorée de statues, où on chemine sous la treille. De là, nous avons une très belle vue sur le Pont Vieux, les anciens moulins et la rive opposée.
Dans le Palais de la Berbie est installé le Musée Toulouse-Lautrec, regroupant une impressionnante collection de toiles, affiches, dessins du peintre né ici en 1864. On découvre donc l’œuvre de l'artiste en traversant les belles salles du palais, jusqu’à l’imposant escalier d’honneur, construit au XVIIème siècle et dont la fresque du plafond représente les quatre vertus cardinales (prudence, justice, force et tempérance).
Quittant le Palais de la Berbie, nous n’avons que quelques marches à monter pour arriver devant la cathédrale Sainte Cécile.
Monumentale, elle domine la ville de sa silhouette massive et de sa haute tour. Ses dimensions sont impressionnantes, 113 mètres de long, 35 mètres de large et 78 mètres pour la hauteur de son clocher. Elle est construite à partir de 1282, dans un style gothique toulousain, austère, aux rares ouvertures, qui la fait ressembler à une forteresse ; ce qu’il faut, une fois encore relier à l’épopée cathare. Sa consécration n’aura lieu qu’en 1480, ce qui explique l’évolution des styles de sa construction.
Nous entrons par le joli porche gothique flamboyant, situé, chose exceptionnelle, sur le côté de la cathédrale.
Une fois à l’intérieur, du coup, l’autel se trouve … à gauche et non dans l’axe du portail. Mais ce qui sidère, au premier regard, ce sont les fresques et le plafond.
Ces peintures couvrent entièrement les murs et la voûte, soit environ 18 500 m² …
Le plafond est aussi spectaculaire que remarquable, un décor azur à feuilles d’or, peint par des artistes italiens de 1509 à 1512 … nous admirons l’œuvre originale car il n’a jamais été restauré !
Outre ce plafond magnifique, la cathédrale nous offre d’autres joyaux.
Depuis la nef, nous sommes forcément attirés par le superbe jubé, une tribune construite en style gothique flamboyant qui offre au regard une vraie dentelle de pierre. Il sépare la nef du chœur, encore une merveille.
Le chœur est l’espace liturgique, ici se trouve l’autel et les statues de la Vierge à l’Enfant et des apôtres. A l’opposé, 120 stalles de bois, assises sur lesquelles chanoines, clercs et servants prenaient place pour suivre les offices. Elles sont séparées par les statues de 70 angelots et surmontées d’une magnifique frise alternant des baldaquins délicats.
Une trentaine de chapelles Renaissance, richement décorées, se situent dans les allées latérales.
A l’opposé du chœur, les grandes orgues surplombent une immense fresque du Jugement Dernier.
Ce buffet d’orgues est exceptionnel de par ses dimensions : 16,40 mètres de large pour 15,30 de hauteur. Il date du XVIIIème siècle.
Et donc, juste au-dessous, voici la plus ancienne scène peinte du Jugement Dernier. Cette grande fresque, datant du Moyen Age, couvre 200 m². Hélas, au XVIème siècle, une ouverture est créée au centre de l’œuvre pour donner accès à la chapelle installée sous le clocher.
Après cette visite nous partons à la découverte du reste de la vieille ville, parcourant, sans tracé précis, les ruelles à l’âme médiévale de cette partie d’ALBI.
Ainsi, à quelques pas de la cathédrale, s’ouvre le « Bourg de Saint Salvi » construit autour de la discrète collégiale, cachée au fond de la petite rue des Mariés, son cloître cerné par les maisons voisines. Du coup, la rencontre est incongrue et la découverte touchante !
La construction du cloître a débuté en 1270, mélangeant les styles roman et gothique ; hélas, la Révolution a détruit la majeure partie de l’ouvrage, ne laissant subsister que les arcades et les colonnades de l’aile méridionale qui donnent tant de charme à ce joli petit jardin.
De là, on peut entrer dans la collégiale, qui fut, aux Vème et VIème siècles, le siège de l’évêché. Mêlant, elle aussi, les styles roman et gothique, elle est bien plus modeste et dépouillée que la cathédrale Sainte Cécile. Durant la Révolution, elle a été utilisée comme entrepôt à fourrage ! Maintes fois transformée, elle n’a retrouvé sa vocation religieuse qu’au XIXème siècle.
La rue Saint Julien nous conduit devant le grand Marché Couvert, les anciennes halles tout justes rénovées.
Puis, suivant la rue Timbal, nous arrivons dans le quartier du Vigan et ses grandes promenades, alternant de capricieux jets d’eau que tout le monde cherche à traverser en échappant aux gouttes, et plus loin le Jardin National, un plaisant jardin public. Plus loin, un grand parking longe la rue Hippolyte Savary jusqu’à la statue de Lapérouse … qui a aussi un musée sur l’autre rive de la ville !
Ne quittant pas le centre historique, nous allons voir l’Hôtel de Ville. Il est installé dans l’ancien hôtel particulier de Saint Hippolyte. La ville en fait l’acquisition en 1728, pour cela elle doit s’endetter, son créancier met une condition à l’emprunt : « la grande salle devra être utilisée, alternativement, par les consuls de la ville et par les assemblées des Etats albigeois ».
Cette grande halle d’apparat est imposante ! C’est là que se déroulent les réunions du Conseil Municipal, les manifestations importantes … et les mariages !
La décoration des poutres du plafond, reproduisant les écus des autorités civiles et religieuses de l’ancien comté d’Albi, date de 1742 ; tandis qu’une grande fresque contemporaine (1934) de Joséphine BAUDOIN, résume l’histoire albigeoise.
Nous avons eu la chance de pouvoir jeter un coup d’œil au bureau – résolument moderne – du maire !
Voici d'autres merveilles du Vieil Alby en allant flâner vers le fleuve, traversant le quartier de Castelnau, on arrive à la Maison du Vieil Alby : une très jolie maison typique de l’architecture albigeoise avec ses colombages. La bâtisse est un ancien « soleilhou », un grenier à ciel ouvert (une terrasse) dans lequel on stockait les bâtonnets de pastels. C’est maintenant le siège de l’Association pour la Sauvegarde du Vieil Alby » qui se mobilise et œuvre pour la sauvegarde et la rénovation de ce joli quartier. Des expositions sont proposées dans la maison, en lien avec l’histoire de la ville.
Juste à côté, l’hôtel Séré de Rivières, une belle construction remaniée aux XVII et XVIIIème siècles, qui ne se visite pas mais dont on peut admirer l’élégante cour. La famille SERE de RIVIERES était liée au commerce du pastel.
A quelques pas, il ne faut pas hésiter à aller découvrir la Forge du Vieil Alby qui semble figée dans le temps !
De ce côté du Tarn, voici enfin la partie la plus ancienne d’ALBI : Castelviel. Passage obligatoire par la Place de la Trébaille, elle évoque une ancienne fortification, démolie au XIXème siècle, qui marquait la séparation entre le quartier de Castelviel et le reste de la ville. La place est désormais aménagée en vaste jardin, bordé des arcades, vestiges du cloître de l’ancienne cathédrale romane.
Nous voici aux abords de la rivière … il suffit de passer le pont … le Pont Vieux ! Et pas qu’un peu !!! C’est en 1040 que sa construction est décidée ! Sur l’axe des échanges commerciaux entre l’est et l’ouest du pays, ALBI a une position stratégique … et payante ! La traversée du Pont (pas encore …) Vieux est sujette à péage ! Autour du pont, sur le Tarn, les activités vont bon train : circulation des bateaux, les typiques gabarres, les petits métiers liés à la navigation, mais aussi les entreprises utilisant l’eau : les moulins, bien sûr, mais aussi les briqueteries dont on voit partout la production, les tanneurs, teinturiers … tout un petit monde s’organise autour du pont et de la rivière …. Et aussi sur le pont, puisqu’au XVIème siècle une dizaine de familles y avaient construit leurs maisons. C’est une crue, en 1766, qui les a délogées !
Au-delà des 115 mètres du pont, voici le quartier du Bout-du-Pont ou de La Madeleine. D’ici, on commence par apprécier le panorama sur la vieille ville, identifiant les lieux déjà visités, découvrant les vestiges des moulins au bord de l’eau.
Ici, on peut aller découvrir le Musée Lapérouse, l’enfant du pays. Ce marin célèbre est né à ALBI en 1741. En 1785, le roi Louis XVI le missionne pour accomplir un tour du monde accompagné de savants pour effectuer des travaux de cartographie, de recherches scientifiques … l’aventure tourne court par le naufrage des deux vaisseaux, la Boussole et l’Astrolabe, dans le Pacifique Sud. Le musée, complet, présentent les maquettes des bateaux, des cartes, écrits, documents, instruments, armes … toutes sortes d’objets liés au navigateur et à ces fameuses expéditions. C’est très pédagogique et passionnant !
ALBI nous ayant livré une bonne part de ses secrets, nous nous sommes échappés une journée à CORDES SUR CIEL, à 25 kilomètres.
CORDES SUR CIEL a été élu « Village préféré des français » en 2014, un indice probable du charme de ce petit village qui épouse le relief de la colline qu’il recouvre.
Visiter CORDES c’est se perdre dans ces minuscules ruelles d’une autre époque ! Le Comte de Toulouse crée la cité en 1222 … huit siècles plus tard, rien n’a changé !
A l’Office du Tourisme, on nous a remis un plan de la ville. L’accueil est chaleureux et le conseil excellent … pas besoin de plan pour découvrir CORDES, il faut se laisser guider par ses envies … une jolie maisonnette ? une belle porte ? une arche ? une courette ? tout est prétexte à s’arrêter, s’attarder, s’enchanter, admirer … tout, rien … c’est un dépaysement « temporel » total !!!
Le long de la promenade, des panneaux explicatifs nous informent sur l’histoire de la ville, son architecture, l’origine de tel ou tel édifice ; c’est discret mais suffisant.
Dans ces paisibles ruelles l’empreinte cathare est omniprésente, ce rocher ayant été la dernière ville à se soumettre en 1321. Difficile d’imaginer les luttes et les secrets dissimulés derrière ces murs... ou au fond du puits !
La visite de la ville peut se faire totalement à pied, après un passage par l’Office du Tourisme. Sinon, le petit-train qui fait le tour de la ville peut déposer les moins courageux près de la Porte de Jane, la découverte de la ville se fera alors au rythme de la descente !
La journée, comme notre séjour, s’achève avec un charme jamais démenti.
Ces villes sont belles, la région magnifique … le vignoble à découvrir … et la gastronomie … réjouissante !!!