Un petit tour dans le vaste Monde, une pause dans une salle de spectacles, un détour par la cuisine ou auprès du sapin de Noël ... deux ou trois créations … Bienvenue chez moi , agréable visite, et n'hésitez surtout pas à laisser un commentaire. Pour être informés des articles récents, n’oubliez pas de vous abonner. A bientôt.
Pour nous, la journée se résume à un site, celui de l’armée de soldats de terre cuite.
Mais, contre toute attente, nous n’allons pas directement voir la fameuse armée ; nos guides ont décidé de nous proposer une petite balade en ville pour commencer.
Nous voici donc dans un parc de la ville, dans lequel, comme à BEIJING, les habitants se retrouvent pour quelques exercices physiques en plein air.
Ce matin, ce n’est pas une chorale mais un groupe de danseurs qui retient notre attention. Toujours en tenue de ville, ils suivent une chorégraphie bien précise, jouant avec des éventails, de grands foulards ou des ombrelles. C’est très joli à voir. La danse n’est pas réservée aux femmes, quelques hommes y participent.
Un matin à XI'AN
Continuant notre promenade, maintenant ce sont des danseuses de salsa, en effectif plus réduit, portant des robes noires à franges et des talons aiguilles !! Elles ne sont plus toutes jeunes mais évoluent avec beaucoup de grâce et de dynamisme.
De loin en loin, voici de nouveaux groupes, de nouvelles tendances musicales, de nouveaux danseurs. Un chinois a invité l’une de nous, et la voilà partie dans un fou pas de deux ; elle toute contente, lui très fier de sa conquête !!
Un peu plus loin, un homme fait une démonstration de calligraphie, tracée sur le trottoir avec un pinceau trempé dans l’eau ; c’est très poétique cette écriture éphémère.
Le parc est décoré de jolies, et joyeuses statues de bronze.
Notre petite promenade à pied nous conduit pas bien loin de la Grande Pagode de l’Oie Sauvage, un temple bouddhique construit en 652, sous la dynastie des Tang, pour abriter les sutras et icônes bouddhiques rapportés en Chine par un moine revenant d’un périple en Inde. Il est à noter que la construction a déjà été réalisée à l’époque avec une structure antisismique, la région étant exposée aux tremblements de terre ; en 1555, l’un d’eux fera plus de 300 000 morts.
Nous remontons dans le car … mais l’armée n’est toujours pas au programme ! C’est vers la découverte du jade que nous allons.
Pendant le trajet, notre accompagnatrice nous présente sa ville, et la province du Shaanxi, la Chine du Nord, berceau de la civilisation chinoise, à la population actuelle de 33 millions d’habitants, soit la moitié de la France ! La jeune femme cite une chanson, qu’elle présente comme traditionnelle en France : « Comment c’est la Chine ? C’est plein de chinois, je les imagine serrés comme des p’tits pois » … sur le coup ça ne me dit rien … renseignements pris … c’est du Pierre PERRET !!! Ah ! les dangers de la désinformation !!
L’histoire de XI’AN commence donc dès le XXIème siècle av. JC … et perdure au XXIème !
Un important tournant s’opère au IIIème siècle av. JC, en 14 années de règne, la dynastie Qin va mettre fin à une société féodale.
La dynastie suivante des Han va encourager les expéditions pour explorer l’ouest du pays. Tandis que le papier, la poudre à canon, la boussole, l’imprimerie, la soie, la porcelaine … et les nouilles voient le jour. Les échanges culturels et commerciaux apparaissent entre la Chine et le monde romain, ébauchant une route de la soie, et un axe vers le monde arabe se dessine. Un quartier étranger se crée à XI’AN, qui existe toujours ! D’autres voies s’ouvrent vers la Russie et l’Inde, sans négliger les transports maritimes !
Cette dynastie a donc une influence majeure sur l’histoire de la Chine, c’est aussi à cette époque que se fixe l’écriture chinoise.
Après une période de stagnation des années 220 à 618, la dynastie de Tang, va donner un nouvel élan à la Chine. Cette période est marquée par l’unique règne d’une femme ! L’impératrice Wu qui favorise l’émergence des lettres, de la poésie (les poèmes de l’époque sont encore appris à l’école de nos jours). On voit se développer le théâtre, la musique, et aussi l’importance des coiffures et costumes dans ces représentations, avec l’utilisation de textures coûteuses (or, jade, soie pour les vêtements, peignes, épingles ...). Durant cet âge d’or, les règles architecturales sont posées, l’utilisation de la couleur rouge et les colonnes noires.
La piété filiale date aussi de cette période, l’empereur fait construire la Grande Pagode de l’Oie Sauvage pour honorer sa mère.
Hélas, les vestiges de cette époque prospère ont disparu, détruits pendant les guerres.
Atelier de jade
Mais nous voici arrivés dans l’atelier d’Etat … gage habituel de qualité. Dans le hall d’entrée ce sont de grands soldats couleur jade qui nous accueillent.
Donc, le jade …
Sa qualité s’apprécie en fonction de sa dureté, son âge selon sa couleur. … pour moi le jade c’était vert … et bien non !!
Le jade est le symbole du pouvoir hiérarchique, distribué aux fonctionnaires selon leur grade.
Dans le même ordre d’idée, le matériau est souvent utilisé pour réaliser les sceaux, pour sa valeur et sa dureté.
Le chinois utilise ce qui est appelé le « jade funéraire », pour s’assurer une bonne réincarnation, on place un morceau de jade ciselé en forme de cigale dans la poche du défunt. Pour les empereurs, il n’était pas rare de voir des linceuls ou des cercueils en jade, les plaques de jade étaient assemblées par des fils d’or … excusez du peu !
Naître avec une pièce dans la bouche, équivaut à notre cuillère d’argent ; et quand il est né, le bébé reçoit souvent, en cadeau, un objet en jade, un petit bouddha, monté en pendentif pour les filles ! Il assure la prospérité mais aussi une bonne santé !
Mais revenons au matériau, 60 % du jade de Chine provient de la région de XI’AN, c’est là qu’on trouve les meilleurs artisans (mais bien sûr … on te voit venir !). Nous sommes ici dans une usine d’Etat, avec, donc, la garantie d’une parfaite fiabilité ! (non ??!!).
Chaque pièce de jade est différente, par sa couleur, ses dessins, ses veinures. Et si plusieurs couleurs se côtoient on touche à l’excellence !
Une fois encore, la visite est instructive, on nous montre une pièce étonnante dans laquelle plusieurs sphères sont imbriquées les unes dans les autres, quel travail … magique ! ces belles pièces portent bonheur à la famille, et sont vendues dans la boutique !
On peut aller voir les artistes travailler … tout en déplorant de constater que les machines s’arrêtent dès que nous sommes sortis !! Ces employés d’Etat ne doivent pas être payés au rendement !
Passage par la boutique, désormais bien rôdé, petit cercle percé ou grosse décoration ! J’en profite pour regarder les pièces les plus travaillées, les plus colorées. Il faut reconnaitre que c’est un travail prodigieux ! J’admire certaines pour leur finesse, d’autres pour leur transparence.
Allez, retour au car … Notre guide locale nous parle maintenant des alcools produits dans la région ; vin, bière, alcool de riz, vin jaune. (une dégustation en vue ??)
Enfin, LA spécialité de XI’AN, elle nous l’a déjà dit, ce sont les nouilles, une variété s’appelle la ceinture car elle est très large … si le cuisinier demande combien on veut de ceintures, il cherche à savoir combien on veut de bols ! A côté des nouilles, les galettes et les ravioli sont très réputés. Du reste, pour ceux qui s’y sont inscrits, il y a ce soir « banquet de ravioli » au programme.
Ici, comme à BEIJING, le logement est un problème récurrent, et la ville s’étend de plus en plus pour répondre à une demande croissante.
Dans 90%, l’achat porte sur des appartements neufs, mais il faut savoir qu’en Chine, « l’appartement neuf » est livré sans finitions, il faut installer les raccords d’eau et d’électricité, laisser sécher les murs, puis faire les travaux de décoration ; ils ne sont donc pas habitables avant 3 à 4 ans après l’acquisition, nécessitant une location de plus en plus onéreuse.
1, 2 3, ...
Et tient, si on apprenait à compter avec les doigts en chinois !!!
1 – l’index levé
2 – index + majeur
3 – index + majeur + annulaire
4 – index + majeur + annulaire + auriculaire
5 – la pleine main
6 – index + auriculaire
7 – le pouce, l’index et le majeur se touchent comme pour former un bec de canard
8 – pouce et index montrent notre « 2 »
9 – main fermée et l’index qui ressort … formant un crochet en « 9 » à l’envers
10 – poing fermé !!
(ça va devenir notre petite gymnastique quotidienne)
L'armée de terre cuite, toute une histoire ...
Bien, maintenant, parlons un peu de l’armée de terre cuite ! YES !!
Cette armée veille sur le mausolée de l’empereur Qin Shi Huang, de la dynastie Qin, décédé en 210 av JC. Ce sont environ 8000 soldats qui sont répartis dans les différentes fosses, enfouis entre 5 à 8 mètres de profondeur.
Des paysans creusant un puits seraient à l’origine de la découverte, en 1974, de ce trésor inestimable. Sur le coup, pensant à un maléfice, ils ont fui … les archéologues ont pris le relais, mettant à jour 2200 ans d’histoire.
Le mausolée couvre 76 km², il est constitué d’un tumulus encore inexploré qui serait le tombeau de l’empereur. Il n’a pas encore été mis à jour car les chercheurs veulent, avant d’y pénétrer, en percer les secrets, s’assurer que l’ouverture n’abimera pas le contenu de la tombe, et déjouer les mécanismes de pièges qu’on soupçonne d’avoir été installés pour déjouer d’éventuels pillages. Aux abords de cette tombe impériale, 180 fosses funéraires ont été identifiées grâce aux technologies modernes (la présence de mercure dans les décorations enfouies permet, par exemple, ce repérage). Des trésors en or ou en bronze ont déjà été restaurés, tels les quadriges exposés au musée, des statues d’animaux, oies, grues …. Et bien sûr, les longues tranchées dans lesquelles sont alignés les soldats en ordre de bataille, montrant un système militaire complexe.
Faits de statues en terre cuite creuse, chacun a une physionomie différente par sa taille, âge, barbe, moustache, expression … Les coiffures donnent des indications sur le grade, la fonction du soldat ; le chignon est porté par les fantassins, les arbalétriers, les archers, mais sa position permet d’identifier l’archer, par exemple qui ne devra pas être gêné pour sortir les flèches de son carquois ! Les cavaliers ont un chapeau plat carré, tandis que les généraux arborent une coiffe en forme de papillon.
Les postures sont aussi riches, diverses et précises ; et ne concernent pas que des hommes, les chevaux sont nombreux dans les fosses.
La taille de ces militaires intrigue encore les archéologues ; d’une moyenne d’1,80 mètre, elle semble d’une « réalité augmentée », mais la question se compose d’en comprendre l’intention : désir d’être encore plus impressionnante ? de répondre à une volonté mégalomaniaque de l’empereur qui voulait que même ses soldats soient plus grands que la moyenne ?
La réalisation de cette armée aurait mobilisé des milliers d’ouvriers, pour le terrassement, la mise en place, la fabrication.
Chaque soldat est cuit dans un moule dans un four à bois à une température de 800 à 1000 degrés. Mais beaucoup sont cassés, défectueux, on estime à 10% ceux qui ont été conservés, soit au total 80 000 pièces réalisées ! Ceux qui échappent à cette sélection sont ensuite peints, les visages deviennent plus expressifs, les costumes se colorent … c’est ce qui a effrayé les paysans en 1974, tombant nez à nez avec des personnages très réalistes ! Une partie de ces pigments naturels a été conservée par l’enfouissement. Car sur cette armée, des bambous ont été disposés, soutenant des nattes recouvertes de terre … les bataillons ainsi enterrés veillaient pour l’éternité sur leur empereur.
La matinée se termine, et toujours pas d’armée de terre cuite … mais un petit détour vers un atelier d’Etat qui a repris cette (lucrative) activité !!
Nous n’étions pas là au IIIème siècle, mais nous allons bientôt percer tous les secrets de fabrication !
Atelier de ... terre cuite !
Visite très surfaite cette fois-ci !! Des centaines de petites statues en argile attendent une dernière intervention, l’employé lui façonne un rictus, une mèche, un ultime détail qui justifiera la mention « fait main » … dans l’atelier, on peut voir, outre les moules de ces petits personnages, des reproductions fidèles des soldats aux grandeurs variables vendus sur place, bien sûr ! On peut aussi commander son propre buste, fait sur mesure avec les techniques antiques !
... et de laque !
Côté boutique, outre ces statuettes, monochromes ou colorées, il a bien fallu diversifier, alors voici les meubles laqués, qui ont fait l’objet d’une trop rapide explication … j’ai eu tort de m’attarder sur les moules des soldats … la technique de la laque restera un mystère pour moi !!! Et comme personne ne va repartir avec une commode dans ses bagages, on peut se faire plaisir avec un pilulier, une petite boite à bijoux … je dois reconnaitre que certaines grandes pièces sont magnifiques de par leur réalisation …
Dans ce grand déballage pour allécher le touriste on trouve divers articles en soie, perles, jade, broderie, des cartes à jouer, de petits jouets, des dessins !!
Nous sortons de la boutique pour entrer dans le restaurant, un self installé à un autre étage !!! Ces chinois du XXIème siècle ont vraiment tout compris au capitalisme primaire !!
La sortie du restaurant nous fait repasser par le magasin … no comment !!!
Il est bientôt 14 heures, nous sommes dans le bus … peut être partons-nous vers les fosses ???
Nos guides nous expliquent ce qu’il y a à voir sur place : la première fosse (pit), de 14 200 m², la plus grande, la plus belle … la plus remplie ; la deuxième, dont seulement 10% a été fouillé, et la dernière, la troisième, beaucoup plus petite et simple. Il faut aussi regarder les objets exposés dans les galeries, soldats, outils, armes. On découvrira à cette occasion qu’à l’époque, on savait déjà chromer le métal pour rendre le tranchant plus acéré et résistant. Et les plus précieux de ces objets sont les deux quadriges, grandes pièces en bronze presqu’intactes dont seuls les éléments en bois, cuir ou tissu ont disparu mais les décorations en or et argent sont encore présentes.
Et … nous y sommes !!! Le parking est immense, rempli, plein de cars de tourisme !
A l’entrée, un grand soldat de terre cuite nous accueille, nous avons ensuite un parc à traverser avant d’arriver aux fosses … parc dans lequel tout le groupe voit un monsieur accroupi les fesses à l’air pas bien loin de notre allée … vu la position et le temps que ça lui prend, aucun doute n’est permis sur son activité pour le moins inattendue !! Décidemment les « toilettes » chinoises sont très typiques !
Enfin le site de l'Armée des soldats de terre cuite ...
Voici donc les bâtiments, accès aux différentes fosses.
Alors, nous entrons !
Quelle cohue !!! Tellement compréhensible ! Tellement gênante ! Nous avons toute la vaste halle pour faire des photos mais, naturellement, tout le monde veut LA photo de face, avec la belle perspective de l’armée, … et le chéri qui pose, et le selfie, bien sûr !!!
Dans le groupe, les appareils photo et téléphones passent de mains en mains ! On joue des coudes pour se frayer une place, faisant un relais entre nous pour préserver la bonne place !!
Il faut maintenant se préoccuper un peu de ces hommes de glaise qui nous attendent depuis deux millénaires !
C’est impressionnant ! Une marée humaine, en rang par quatre, les colonnes séparées par des talus ! Nous allons en faire le tour, en commençant par la gauche (un peu à rebrousse-poil !).
Nous pouvons un peu nous en approcher … à plusieurs mètres, ne nous emballons pas !!
Qu’est-ce qui est le plus saisissant, le nombre ? les visages ? Bizarrement, tout en sachant que ce ne sont que des statues, une certaine empathie nait envers ces silhouettes qui partent à la bataille.
Au fond de la halle se trouvent un atelier de restauration et les morceaux en cours d’exploitation, des troncs identifiables ou de tout petits morceaux, parfois on dirait un monticule de vaisselle cassée !
Certaines statues en cours de restauration sont enveloppées de bandages, de film plastique pour protéger les collages.
C’est très intéressant d’avoir accès à ce laboratoire de reconstruction minutieuse.
La deuxième fosse est plus petite, et moins explorée, il y a moins de soldats.
Ensuite, nous allons voir les fameux quadriges, retrouvés assez détériorés, la fosse s’étant effondrée. Ces attelages sont de grande taille, la moitié de la taille réelle pour ces chariots tirés par des chevaux, conduits par un cocher. Le souci du détail est toujours présent et étonnant.
Nous terminons par la troisième fosse, derrière les autres, encore plus petite, sombre et très peu mise à jour. Elle est remarquable car beaucoup des statues ne sont pas remises d’aplomb, fracassées, renversées dans un inextricable chaos ressemblant à un champ après la bataille.
Il y a peu de monde au bord des fosses, le public est plus intéressé par les vitrines d’exposition, surtout attiré par les grandes statues des soldats, enfin si proches, dont on peut voir les moindres détails, dont la semelle de la botte de l’arbalétrier qui remporte tous les suffrages. Qu’ils sont beaux ces soldats ! Si expressifs ! C’est ici qu’on peut aussi voir les armes récupérées.
Nous quittons le site deux heures et demie plus tard ; à la sortie, c’est Disneyland ! Une succession de boutiques, souvenirs, restauration, café (un Starbucks !), vente de gadgets en tous genres ! sans parler des marchands à la sauvette qui nous assaillent de toutes parts !
Retour à XI'AN
Retour dans le car, XI’AN est à une quarantaine de kilomètres, nous traversons une région très agricole, bientôt remplacée par des buildings d’habitation de vingt à trente étages, plutôt laids, et bizarrement souvent serrés les uns contre les autres.
Arrivant en ville, on passe par les quartiers populaires, on prend plaisir à regarder vivre les gens, à voir les petites échoppes, la drôle de pharmacie ; on cherche à photographier les curieux véhicules … on dégote un monsieur transportant un frigo sur le porte-bagages de son scooter !! Et un jeune couple et son bébé sur un scooter ! Finalement le trajet est assez rapide !
En centre-ville, nous allons voir les remparts de XI’AN. Ils entourent la vieille ville depuis 194. Le mur actuel a été construit plus tard, en 1370 par la dynastie Ming. Une douve complète l’installation. Nous ne restons que quelques minutes, le temps de nous organiser : ce soir une option était proposée : spectacle de danses chinoises et buffet de ravioli. Nous sommes sept à ne pas avoir réservé cette sortie, nous cherchons donc à occuper agréablement cette soirée de liberté. Nous voici donc à sept … avec pour tout repère le minuscule plan du Guide du Routard et les adresses de deux restaurants bien notés … c’est parti !
Une soirée mémorable à XI'AN
Nous entrons dans la vieille ville en franchissant les remparts, nous nous retrouvons dans un dédale d’agréables petites rues, avec des panneaux de signalisation ! Tout va bien !
Nous traversons ce qui a dû être un joli petit marché artisanal, mais, à cette heure-ci, les stands sont en train de fermer. L’endroit semble être fréquenté par les artistes, la plupart des boutiques vendent du matériel de calligraphie, papiers, pinceaux, travail de la soie, instruments de musique … la nuit commence à tomber.
Nous sommes rapidement perdus ! On cherche le nom de la rue, on essaye de se situer sur le plan, il faut se rendre à l’évidence, nous sommes PERDUS !!! La solution évidente est de demander notre chemin … hélas, nous ne croisons aucun bilingue, et si on met le guide sous le nez d’une vendeuse à la sauvette, curieusement, elle a oublié ses lunettes, et n’y voit pas davantage avec des verres de secours !!! Le chinois ne perd jamais la face, on n’insiste pas. Le groupe entre dans une boutique pour demander notre chemin, on a obtenu la direction à prendre, après … on devrait pouvoir se repérer. C’est reparti !
Petit à petit la nuit tombe … et une fine pluie aussi ! Nous voici arrivés sur une grande avenue, mais nous ne sommes pas mieux orientés. On ressort la carte et on cherche à demander des renseignements avec toujours aussi peu de succès, jusqu’à ce qu’une jeune fille s’arrête et se propose de nous aider. Elle jette un coup d’œil au plan et commence à nous indiquer le chemin quand elle nous invite à la suivre, elle se propose de nous guider … la rue du restaurant que nous cherchons est à une vingtaine de minutes !!! vingt minutes !!! et elle veut nous conduire !!! C’est incroyable !!
Heureusement qu’elle est là ! Elle trace la route sans hésitation, je marche à côté d’elle, alimentant, un peu, la conversation ; elle me tend son parapluie !!! Quand même !!! On abuse déjà suffisamment de son temps !
Elle me demande d’où on vient, depuis combien de temps nous sommes ici, et ce que nous pensons de la Chine.
Il y a un monde fou sur cette avenue ! Voici la Tour du Tambour (Gu Lou) illuminée au centre d’une immense place … Pas le temps de l’admirer, nous plongeons dans le sous-sol de XI’AN sur les traces de notre éclaireuse. Sous la place, un étonnant réseau de couloirs permet de traverser en évitant la circulation.
Nous refaisons surface, nous ne sommes plus très loin, voici la rue du restaurant. Je devrais dire la rue DES restaurants !! Beiyuanmen ! Un peu comme à BEIJING, voici une rue consacrée à … la cuisine de rue !! Une foule compacte, une débauche de lumières et des odeurs fortes de mouton ! Nous sommes en plein quartier musulman, réputé pour sa cuisine.
C’est là que nos chemins se séparent, juste devant le restaurant recherché ; remerciements, embrassades et photos avec cette jeune fille dont je ne sais même pas le nom !
Nous entrons dans l’établissement signalé par le Routard. Le rez-de-chaussée est bondé, on prend l’ascenseur pour aller à l’étage où une grande salle nous attend. On trouve une table sans difficulté. Ça se corse au moment de faire notre choix ! Personne ne parle anglais dans la gargote … ou si peu !! Heureusement il y a une carte avec des photos !! Les ravioli font l’unanimité ! N’est-ce pas la spécialité de la ville !! Nous aussi nous aurons notre banquet de ravioli !! Avec l’accord général, on commande un ragoût de mouton, du poisson et une portion de riz … ça nous semble assez complet, on complètera en cas de besoin. Nous réalisons un peu tard que, étant dans un restaurant musulman, il n’y a pas d’alcool … pas de bière !! ça sera eau ou soda. C’est à ce moment qu’on réalise que les jeunes serveuses ont toutes un petit foulard, un bandeau sur les cheveux, c’est sans doute lié.
Ce repas est une franche partie de rigolade !!! tout pose problème ! il faut tout réclamer … d’hypothétiques fourchettes ! mais aussi les verres et les serviettes !!!
Les ravioli arrivent, on a demandé 2 poulet et 5 mouton … on ne s’attendait pas à avoir, dans chaque plat, au moins un ravioli par personne,!! Et voici le ragoût, tout aussi copieux, et le poisson … c’est un poisson entier, artistiquement découpé, baignant dans la sauce qui est servi ! du coup, nous mangeons à la chinoise, picorant nos portions à même le plat ! C’est très convivial !
Tout le monde se régale et apprécie ce bon moment qui finit de souder notre petit groupe !
Inutile de dire qu’on a du mal à finir, c’est très bon mais trop copieux ! Et pourtant ce festin ne nous coûte pas grand-chose : 290 ¥ boissons comprises, soit 37€, on a mangé pour moins de 5,5O € par personne !!! Et on en gardera un souvenir grandiose !!!
Avant de penser au retour nous flânons dans cette rue de folie !! La cuisine chinoise a encore de quoi nous étonner !! Poulpes et moutons se disputent la vedette !!
Par ici les brochettes de tentacules, les poulpes frits, par là les carcasses de mouton mises à nu, grattées, récurées dans le moindre recoin ! c’est très curieux de voir pendre ces squelettes d’animaux dans un cadre si festif !
Dans un registre plus léger, voici encore les marchands de yaourts, pyramides de petits pots. On se dit qu’on y goûterait bien ; je vais acheter un pot qui coûte 10¥ (1,30€), j’arrive à demander plusieurs pailles. On remet la dégustation à plus tard.
Il y a deux attractions dans la rue, le son sourd et rythmé de garçons qui façonnent le sucre qui est travaillé sur une sorte de tambour-brasero, le cube de sucre ramolli est martelé régulièrement par deux maillets, replacé, réchauffé si besoin ; plus loin un chinois façonne, étire un ruban de guimauve.
Au milieu de la rue, indifférent au remue-ménage, un « pousse-pousse-poubelle » qui ramasse, fataliste, les reliefs de repas abandonnés.
Dans une petite boutique d’épices, le vendeur pose de bon cœur pour nos photos ; dans son magasin on trouve tout un tas de fruits confits, fruits secs, … et même des petits paquets d’on ne sait quoi en forme de soldat de terre cuite !! Une curiosité !
Autre truc incongru, des pattes de mouton préparées et vendues saupoudrées de sésame … oui, oui, la patte, le bout en forme de sabot !!! La partie au-dessous du gigot !! Incroyable !
Et voici le top du top ! Le hamburger chinois musulman !! Le cuisinier hache la viande au couteau, l’arrose d’un peu de bouillon bouillant bouillonnant avant de la faire glisser dans un petit pain rond !! Il faut voir la queue qu’il y a devant ce stand !!
Nous bifurquons vers une sorte de souk. Comme en Afrique du Nord, c’est un dédale de toutes petites rues sombres et couvertes, bordées de stands hétéroclites, souvenirs, vêtements, adorables petits chaussons de bébé, ustensiles de cuisine … et un jeune garçon qui peint avec les doigts ; un joli travail très original. Il nous fait une démonstration. Nous continuons notre balade avec l’intention de trouver la mosquée ; après un moment on renonce, c’est trop loin et on manque vraiment trop de repères et d’informations
Bien, nous parvenons à sortir de ce souk et nous retrouvons la Tour du Tambour, un vrai point de repère ! Encore beaucoup d’animation, il y a même un tatoueur, installé sur un tabouret qui officie dans la rue, sur le trottoir, dans des conditions d’hygiène qu’on imagine !!
Maintenant le problème est de savoir où et comment trouver un taxi. Il faut une grande artère … et, tant qu’à faire être dans le bon sens pour limiter les frais de la course !!
Nous avons trouvé une position stratégique, sur une grande avenue, on se poste au bord du trottoir à l’affût des premiers taxis vides … nous sommes sept à rapatrier, il nous faut bien deux véhicules ! Bientôt des voitures s’arrêtent, d’autres personnes, comme nous au bord de la route, montent dedans et partent … c’est bizarre … Bientôt deux nouvelles voitures s’arrêtent à notre hauteur et nous interpellent, on s’approche pour leur demander où trouver une station de taxi, on comprend rapidement que les conducteurs se proposent de nous raccompagner ; on négocie la course. Trois d’entre nous montent rapidement dans la première voiture, nous nous entassons dans la deuxième.
Ce retour est homérique !! Impossible de ne pas rire aux éclats devant cette situation ! C’est une femme qui est au volant, elle ne respecte jamais le Code de la Route, explose les limitations de vitesse, franchit les lignes blanches, et a l’air étonnamment sûre de son itinéraire (on lui a montré la carte de visite de l’hôtel pour indiquer où nous allons).
Le trajet dure une bonne demi-heure … au bout d’un moment on ne peut plus retenir nos commentaires !!! Difficile de garder son sérieux !! Une chose est sûre, elle travaille au noir et on est son gagne-pain !!! Reste à espérer que la somme demandée à l’arrivée ne nous réserve pas de surprise !!
Finalement, nous arrivons à bon port sans souci, riches d’une belle expérience.
Nous garderons un souvenir inoubliable de cette soirée ! Les sept mercenaires de XI’AN ! Jacqueline, Cleibe, Michel, Geraldo, Jean-Claude, Ernesto et Danielle !!
Nouveau transfert demain vers SHANGHAI, puis nous prendrons le bus pour SUZHOU.
L'évidence serait de dire l'armée des soldats de terre cuite, mais pour moi XI'AN restera toujours attachée à la soirée exceptionnelle que nous avons passée.
LE GRAND BARONY HOTEL : pour une deuxième et dernière nuit