JOURS 14 &15 - PRETORIA => JOHANNESBURG => SOWETO => PARIS

Et donc voilà, la dernière journée est arrivée ! Très vite ! Si vite ! Nous n’avons pas envie que ça s’arrête … personne n’a envie de se séparer.

Aujourd’hui peu de route, nous allons commencer par visiter PRETORIA, puis JOHANNESBURG, découvrir et déjeuner à SOWETO, avant d’aller à l’aéroport.

Nous voilà partis pour un tour de ville dans PRETORIA bien ensoleillée.

Nous allons voir le centre historique de la capitale administrative du pays, devenue en 2005 TSHWANE, le nom Ndebele de la rivière qui traverse la ville, et qui signifie « petit singe », « little ape » en anglais et « apies » en afrikaans … nom qui figure encore sur les cartes actuelles !  

Tout commence ici avec des fermes bâties par les paysans voortrekkers. En 1855, la petite ville devient la capitale de la République Sud-Africaine du Transvaal, elle est baptisée en hommage au grand chef de guerre boer Andries Pretorius.

Nous passons devant Gereformeerde Kerk, la plus ancienne église réformée de la ville, fréquentée par Paul Kruger, président du Transvaal de 1883 à 1902.

Et voici justement là où il habitait, une modeste maison devenue un musée. Devant l’entrée il y a les statues de deux lions, l’un dort, c’est l’anglais, l’autre veille, c’est le lion du Transvaal. Cette maison fut la première de la ville à être électrifiée, elle est proche de la voie ferrée, le président se déplaçant souvent. Elle mène toujours au Mozambique.

Nous arrivons à Church Square, une place essentielle dans PRETORIA. C’est ici que les premiers boers se réunissaient. On peut désormais y voir l’ancien parlement, le palais de justice où Mandela a été jugé, de beaux bâtiments victoriens. Au centre de la grande place, la statue de Paul Kruger garde un œil sur ce bel ensemble.

Après ce saut dans le XIX^ème siècle, voici des avenues modernes, des enseignes contemporaines, les africains transportant de lourds paquets sur leurs têtes, la pauvreté aux carrefours.

Nous arrivons devant l’Hôtel de ville, construit dans les années 1930, c’est l’un des plus grands édifices publics du pays.

Devant ce long bâtiment, on peut voir trois statues : deux statues équestres, les Pretorius père et fils, mais aussi celle du chef Tshwane, elle a été installée en 2006, après le changement de nom de la ville pour rendre un hommage légitime aux peuples autochtones.

Voici maintenant Melrose House, une belle maison victorienne. Elle fut le quartier général des forces anglaises durant la guerre anglo-boer et c’est ici que fut signé le traité de paix en 1902, celui de la réconciliation.

Nous quittons la ville, située à 1 300 mètres d’altitude.

Silo insiste sur le fait que PRETORIA était à l’origine une ville de fermiers , la ville était belle et propre ; mais depuis 1994 et la fin de l’apartheid, la ville décline, la violence et le chômage viennent dégrader la capitale.

Nous prenons la direction de JOHANNESBURG.

On passe devant les stades, chaque sport ayant une catégorie de participants, encore très marqué par les luttes raciales.

Ainsi le rugby, considéré comme un sport cher et d’élite, est surtout joué par les blancs, même si depuis la fin de l’apartheid le sport s’est ouvert aux noirs, ils restent encore l’exception. C’est la raison pour laquelle Nelson Mandela a fait sensation en portant le maillot des Springboks lors de la Coupe du Monde de rugby en 1995, grand signe d’apaisement et de réconciliation entre noirs et blancs.

Silo profite du trajet pour nous présenter la ville. C’est la capitale économique du pays. Elle est située à 1 700 mètres d’altitude.

C’est la porte d’entrée de la plupart des étrangers, le principal aéroport du pays et un réseau de transports dense. L’agglomération PRETORIA/JOHANNESBURG/SOWETO compte environ 15 millions d’habitants.

C’est une province riche, on a trouvé de l’or ici en 1886, des diamants (le plus gros diamant extrait sera envoyé aux anglais en 1905 en « remerciement » de la réconciliation).

Née en 1886, la ville continue de construire, de s’étendre. C’est la NEW YORK de l’Afrique du Sud.

Aux abords de JOHANNESBURG on passe par SANDTON, où on peut voir le gratte-ciel The Leonardo, un immeuble de 55 étages, le plus haut d’Afrique du Sud, accueillant hôtel et appartements. Voici maintenant les faubourgs, on voit de loin une mosquée, des immeubles modernes et on traverse une zone commerciale.

Nous arrivons au Musée de l’Apartheid. Un musée consacré … à l’apartheid. Un musée unique au monde qui revient sur cette période sombre de 1948 à 1994.

Devant le musée sept hautes colonnes se dressent vers le ciel, ces piliers symbolisent les fondements de la nouvelle constitution sud-africaine : démocratie, diversité, égalité, liberté, réconciliation, respect et responsabilité. Chacun est visé, chacun doit s’engager.

A l’entrée un mur d’eau symbolise la liberté, on peut y lire les mots de Nelson Mandela : « to be free is not merely to cast off one’s chains but to live in a way that respects and enhances the freedom of others » (être libre, ce n’est pas simplement se débarrasser de ses chaines, mais vivre d’une manière qui respecte et encourage la liberté des autres).

Le musée se veut immersif ; dès l’entrée nous y sommes, il y a deux sortes de tickets « blankes/whites » ou « nie-blankes/non-whites », et deux entrées bien distinctes … comme à l’époque de l’apartheid.

Puis un long couloir, grillagé, où sont présentées, les pièces d’identité des sud-africains, avec la mention bien en vue de leur ethnie – leur race. Ceux qui souhaitaient contester leur classification le pouvaient, ils passaient alors devant une commission souvent infamante. On considère que sur les 11 millions de personnes concernées par l’apartheid, seules à peine 4 000 ont fait appel de ces décisions (les ¾ furent validées). Beaucoup de ces appels étaient la conséquence de classification arbitraires qui avaient séparé des familles en n’attribuant pas à chaque membre la même race !

Nous suivons ensuite une grande rampe à l’air libre où nous slalomons entre les silhouettes des africains enfin tous réunis, des miroirs nous intègrent parfois à cette population. Ponctuellement des alcôves rendent hommage aux peuples ignorés, mettant l’accent sur les origines multiculturelles de la ville, de la nation.

Plus loin ce sont des petits bâtonnets de différentes couleurs qui symbolisent la richesse raciale du pays.

Nous rentrons dans une autre partie du musée pour une exposition plus « classique » mais très percutante.

On commence par une grande salle dédiée à Nelson Mandela, Madiba. Sa vie est retracée à travers de très nombreux objets personnels, promotionnels, de grandes affiches, photos. L’accent est mis sur sa captivité. On peut voir des courriers censurés qu’il a reçus et aussi des textes manuscrits par lui, c’est émouvant.

On aborde ensuite les pièces retraçant la vie des non-blancs pendant l’apartheid, et l’ambiance change radicalement. Pancartes, évocation de la résistance, photos des écoles, hôpitaux, rues, arrestations, violences

Très saisissante est la pièce consacrée aux condamnations à mort, avec au plafond les cordes à nœuds coulants évoquant les suppliciés, au mur les tableaux avec les chiffres des victimes, ceux qui préféraient se donner la mort qu’attendre leur exécution ! On voit les documents officiels des condamnations, et une photo de la salle où ils étaient pendus. C’est glaçant !

La tension ne retombe pas quand on voit un blindé de l’époque, avec encore des impacts. Un véhicule qui mettait en fuite les manifestants.

La dernière salle est très pénible, sur de grands écrans des vidéos d’époque, surtout des dernières années de lutte, très violentes, crues, sanglantes, d’une brutalité jamais vue à l’écran. C’est saisissant, monstrueux !

C’est très bizarre à la sortie du musée de retrouver le ciel bleu et la terrasse du restaurant du musée. Personne n’a l’esprit très léger, tout le monde est secoué par cette ségrégation violente si contemporaine ; étonnés quelque part de voir ces populations apaisées après tant d’humiliations et de violences.

Maintenant nous allons à SOWETO pour y  déjeuner … petit vent d’inquiétude dans le bus … pour chacun de nous SOWETO est synonyme d’extrême pauvreté, de violence, de révolte … de dangerosité !!!  On sait bien qu’on ne risquera rien mais ça nous laisse quand même perplexes.

SOWETO signifie SOuth WEstern TOwnship, mais ce nom n’a été donné qu’à partir de 1963, pour identifier cette « zone de colonies autochtones » établie sur des terrains rachetés en 1951 à des fermiers, terres autrefois appelées Diepkloof, Doornkop, Klipriviersoog, Klipspruit et Vogelstruisfontein !  Depuis 1904, c’est déjà un secteur à forte densité de population non-blanche quand la peur d’une épidémie de peste bubonique avait conduit les autorités blanches à regrouper les noirs hors de JOHANNESBURG. La « ville » s’est développée dans les années 1930, devenue « ville dortoir » des ouvriers noirs des mines voisines.  Le basculement se produit en 1951 quand le gouvernement décide d’exclure les noirs et non-blancs des villes blanches. Dans tout le pays, ces populations vont être déplacées et relogées dans des quartiers construits à la va vite à la périphérie des grandes villes et donc devenir des zones de colonies autochtones. Le quadrillage régulier du township d’origine s’est vu dépassé par la construction des bidonvilles suite à une démographie galopante. De là les problèmes de salubrité se sont ajoutés à l’extrême pauvreté de ces quartiers faisant monter les tensions et les revendications. Jusqu’à l’explosion de 1976 !

Sur la route, nous passons devant le stade FNB (First National Bank), surnommé « la calebasse » pour sa ressemblance avec les pots africains. Il a été un des stades principaux de la Coupe d’Afrique des Nations en 1996 et de la Coupe du Monde de 2010.

Et voici SOWETO, ce qu’on remarque c’est l’abondance des constructions et ces maisons qui paraissent si massives avec leurs toits ronds, on les appelle ici les « maisons éléphants ».

SOWETO est à 1 600 mètres d’altitude, à une quinzaine de kilomètres de JOHANNESBURG ; la ville compte plus d’un million d’habitants.

Nous passons par des rues bien éloignées de l’image de ville d’extrême pauvreté et de violence. Les voitures qui circulent sont en bon état, les rues plutôt propres ! Un gamin passe, une bouteille de Coca à la main … il porte un maillot de foot floqué MBappé !!

Le bus s’arrête dans une petite rue pavillonnaire, très calme, l’ambiance familiale ; c’est tout à fait inattendu.

Nous sommes arrivés au restaurant, « Chez Alina », qui propose de la cuisine typique dans un cadre familial, même si le restaurant est avant tout un restaurant à touristes.

On repart, dans la rue des gamins jouent ; on se prépare à être sollicités mais pas du tout ; ils nous ignorent totalement. Nous passons par des rues bien calmes, des pavillons bien entretenus. Plus loin l’ambiance change, les ordures jonchent le sol, les maisons sont démolies, la tôle ondulée fait son apparition. Dans un autre quartier, les marchands de rue se font concurrence.

On s’arrête au Mémorial Hector Pieterson. 

Le 16 juin 1976 les écoliers de SOWETO manifestent pacifiquement contre la décision du gouvernement les obligeant à suivre désormais les cours en langue afrikaans. La police tire sur la foule, un enfant est tué, il s’appelle Hector Pieterson. Il avait 13 ans. Un homme se porte à son secours, la sœur du garçon sur ses pas, la photo symbolise les 23 morts de cette funeste journée qui va entrainer une vague d’émeutes en Afrique du Sud et sensibiliser le reste du monde à la situation dans ce pays et à la condamnation de l’apartheid, qui se traduira par un embargo décrété par l’ONU.

L’esplanade rend hommage au garçonnet et à toutes les victimes, la photo historique fait partie du monument qui a été inauguré le 16 juin 1992 par Dr Nelson Rolihlahla Mandela, président de l’ANC !

Pendant que nous découvrons ce mémorial, un groupe de jeunes arrive en chantant et frappant dans les mains, joyeux, dynamiques, festifs.

De là nous allons vers Vilakazi Street, nous passons devant l’église méthodiste et nous arrêtons devant une longue stèle qui représente de façon stylisée (en tiges métalliques) les enfants poings levés face un policier et son chien.

Et nous voici devant le 8115 Vilakazi Street, Orlando West, Soweto. C’est la petite maison de Nelson Mandela. Il y emménage en 1946 avec sa première épouse. Puis en 1957, Winnie (sa deuxième femme) vient s’y installer. Elle y restera pendant la longue captivité de son mari, y sera elle-même plusieurs fois arrêtée. La maison est incendiée et reconstruite en 1988. Depuis 1999, elle fait partie du patrimoine national et est devenue un musée.

C’est une toute petite maison, insignifiante, en briques, avec un petit jardin dans lequel se bousculent les touristes, nous ne la voyons que depuis la rue.

Presqu’en face, la maison de Desmond Tutu, à peine visible celle-là ; on n’en voit que quelques arbres, les héritiers de l’archevêque anglican qui dénonçait l’apartheid ayant conservé la maison et souhaitant éviter toute publicité.

C’est la cohabitation de ces deux prix Nobel qui fait la renommée de cette rue si vivante. La rue est très animée, colorée, entre tourisme et authenticité : sur les trottoirs on croise aussi bien des bandes de jeunes du quartier, des couturiers de rues ou des garçons en costumes et peintures traditionnels, exécutant des danses contre quelques rands. Sur les murs de beaux graffitis, sur les étalages babioles touristiques ou fruits et légumes, sur le grill … du poulet … des pattes et des têtes !!!

On remonte dans le car et on aperçoit de loin l’église Regina Mundi, achevée en 1962, c’est la plus grande église catholique du pays ; les gens se réfugiaient ici quand la police chargeait, considérée comme anti-apartheid les habitants y sont très attachés.

Voici les Soweto Towers, deux grosses tours qui symbolisent la ville. Ce sont les tours de refroidissement de la centrale électrique d’Orlando (quartier de SOWETO) qui a été désaffectée en 2014 ; elles sont maintenant régulièrement décorées de grandes fresques artistiques et sont devenues un spot de saut à l’élastique !

Quittant la ville nous passons devant l’hôpital de JOHANNESBURG, Chris Hani Baragwanath Academmic Hospital, le plus grand hôpital d’Afrique, au troisième rang mondial. Initialement, en 1942, c’était un hôpital militaire accueillant les soldats britanniques en convalescence. Il dispose maintenant de 3 400 lits et peut accueillir environ 2 000 patients par jour.

Et voilà, notre guide nous annonce solennellement que le programme est terminé !! Tout est dit !

La suite sera exclusivement consacrée au voyage de retour ☹

Formalités à l’aéroport, embarquement, puis nos deux vols : JOHANNESBURG-DOHA / DOHA-PARIS.

Après l’escale, lors du décollage, on peut faire de belles photos de DOHA et du Golfe Persique.

Et voilà, c’est fini !!! Fin d’un beau, très beau voyage, avec une équipe très sympathique et un guide efficace qui ont largement contribué à cette réussite.

Avec un pays multicolore, qui nous a fait passer du gris du ciel du CAP, au bleu des océans, au vert de la végétation, au brun des décors et animaux des safaris, le rouge des fleurs et des vins, et puis le noir et le blanc des visages croisés …. Et cette nation arc-en-ciel, dont nous avons entraperçu la diversité des cultures.

Pays dont la devise est : l’unité dans la diversité

Une grande surprise en découvrant SOWETO

Une grande émotion en visitant le Musée de l'Apartheid

CHEZ ALINA : Le personnel est très accueillant, le couvert bien dressé, le repas est sous forme de buffet. Un buffet très simple, peu de choix mais des plats très savoureux. On se régale, à la bonne franquette, et on goûte la bière locale « Soweto ».