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The extraordinary rendition désigne une action secrète de la C.I.A. visant à enlever les individus soupçonnés d'être liés de près ou de loin à une action terroriste supposée. Initié sous l'administration Clinton, ce programme se serait intensifié depuis le 11 septembre 2001. Les interrogatoires étant menés dans des bases américaines ou dans les pays concernés où la pratique de sévices est "admise" ou inavouée - comme en Europe.
Anwar El-Ibraimi est un scientifique d'origine égyptienne établi aux Etats Unis. Citoyen ordinaire, il assiste à un congrès en Afrique du Sud, à l'issue duquel il repart pour New-York, où l'attend sa famille.
Au Caire, une bombe explose sur une place, parmi les victimes un américain, appartenant à la CIA.
Anwar ne débarquera pas à New York, il est "intercepté" et se retrouve dans un cachot égyptien où il va être humilié puis interrogé sans ménagement pas le chef de la police locale, un patriarche ancré dans ses convictions qui ne voit pas le monde évoluer à l'image de sa fille qui commence à s'émanciper. L'emploi de la torture faisant partie intégrante de ses moyens d'enquêter. Un agent américain se doit d'assister à ces interrogatoires, sans avoir le pouvoir d'intervenir.
Aux Etats Unis, la femme d'Anwar cherche son mari et tombe sur l'impensable ; il est mis en cause pour collusion avec un groupe terroriste, et peu importe s'il faut s'acharner sur un individu pour en sauver des milliers d'autres en déjouant des attentats.
Telle est la question que pose ce film : et si votre mari était CE mari ? ... et si vos enfants faisaient partie des victimes ? Le film ouvre le débat, mais reste "politiquement correct", avec des méchants et des gentils ; et de beaux héros qui prennent les bonnes décisions ! Ouf ! Il semble qu'aux Etats Unis le film n'a pas reçu un très bon accueil, la plaidoirie est peut être encore précoce pour être admise là-bas, et les quelques dommages collatéraux ne font sans doute pas le poids face aux vies épargnées !
En tous cas, c'est un film prenant ; ce qu'il faut de roman (et de romance) pour rendre les personnages intéressants ; de difficiles scènes d'interrogatoires justifiées par le sujet , une ébauche de discours politique vite rattrappée par l'action ; et surtout une pirouette scénaristique qui nous éclaire sur l'histoire dans les toutes dernières minutes et qui temporise et explique les zones d'ombre.
Rien de bouleversant au niveau de l'interprétation, ils sont convaincants mais restent discrets. Le rôle effacé de Jake GUYLLENHALL ne permet pas à l'acteur de briller ; Reese WITHERSPOON, débarrassée depuis quelques rôles de son costume de "blonde", assume sa part ; Meryl STREEP nous offre encore un nouveau visage (à des années lumières de "Prada") tout en restant fidèle à elle même dans la qualité de sa prestation ; et enfin le trio de ceux qui tirent, à mes yeux, le mieux leur épingle du jeu : Omar METWALLY, le prisonnier ; Peter SARSGAARD, l'ami de la jeune femme et Yigal NAOR, le policier ; moins connus mais plus "remarquables", ils donnent envie de se repencher sur leur filmographie.
La mise en scène, très classique, reste sobre, en équilibre sur le fil ténu entre l'exposé et la polémique ; l'habilité étant de ne pas verser soit dans le mélodrame, soit dans le pesant discours , voire dans l'ennui ou l'écœurement. Or le montage, qui place peu à peu les pièces du puzzle, nous livre, par un tour de "passe-passe", un résultat inattendu, et d'autant plus intéressant.