Un petit tour dans le vaste Monde, une pause dans une salle de spectacles, un détour par la cuisine ou auprès du sapin de Noël ... deux ou trois créations … Bienvenue chez moi , agréable visite, et n'hésitez surtout pas à laisser un commentaire. Pour être informés des articles récents, n’oubliez pas de vous abonner. A bientôt.
Quatre petits tours, quatre petits jours, et puis s’en vont. Mais
les quatre tours en question en valaient la peine : quatre jours, quatre lacs … italiens : Lacs d’ORTA, MAJEUR , LUGANO et COME.
Evasion au cœur des Alpes pour une dépaysante promesse : « Lacs
et jardins d’Italie ».C’est donc sans regret et le cœur léger que nous troquons la grisaille parisienne pour ce début
d’été à l’italienne. Un saut de puce jusqu’à MILAN où le soleil nous attend.
Départ immédiat pour le premier des lacs mis à l’honneur : le lac d’ORTA. Sur la route, nous faisons connaissance avec la
région ; la rivière Tessin (Ticino) qui sépare Piémont et Lombardie, l’empreinte napoléonienne dans le tracé de la voie qui ouvre Milan sur
l’Europe du Nord …
Nous rapprochant d’ORTA, il est maintenant question de robinetterie, industrie en pointe dans la région (50% de la production mondiale viendrait d’ici ? du modeste robinet aux riches
équipements en or des Emirats !!). Le fonctionnement de ces usines avait même mis en danger la survie biologique du lac, jusqu’à ce que, dans les années 60/70, une politique de sauvegarde
soit mise en place. Depuis, même si la production perdure avec des marques leaders telles que
« Alessi », le tourisme a repris ses droits pour notre plus grande satisfaction.
Se révélant au hasard d’un virage pour disparaitre ensuite, c’est au village
d’ORTA SAN GIULIO que nous découvrons le charme de ce joli petit lac qui ne s’étend que sur
18km2, lui conférant une grâce infinie et la douceur intime d’un petit écrin de verdure loin de la fureur touristique.
En arrivant aux abords du village, le premier monument qui se présente est une curiosité : une spacieuse et luxueuse villa mauresque et son grand parc. Reconvertie aujourd’hui en hôtel ****,
la Villa CRESPI est immanquable, c’est le cadeau d’un riche industriel à sa maîtresse égyptienne ; abri d’amours secrètes, la villa,
elle, ne passe pas inaperçue !
Suivant la petite route en pente douce, on suit le lac jusqu’au village, une longue ruelle à peine sortie du Moyen-âge et voici la grande place, bordée de boutiques et de terrasses, une grande
halle voûtée et le bord du lac qui fait office d’embarcadère pour l’incessant trafic des petits bateaux qui conduisent les touristes sur la perle du lac : l’île de San Giulio (Isola di San Giulio). Comme c’est agréable de jeter un coup d’œil dans ces petites
ruelles, de pénétrer dans la toute petite église pourtant si richement décorée, et puis il faut aller profiter du calme du jardin du « Palazzo Comunale » qui offre une vue charmante sur
le lac.
Embarquement, ensuite, pour la fameuse île du lac : ce petit caillou dont quelques 650m suffisent à faire le tour, est empreint de religiosité : en 390, fuyant les persécutions en
Grèce, Saint Jules serait arrivé dans la région à la recherche d’un asile ; les pêcheurs l’accueillirent mais aucun ne voulut le conduire sur l’île occupée par des serpents et autres bêtes
terrifiantes ; Jules jeta alors son manteau sur l’eau, prit son bâton de pèlerin en guise de rame, et traversa le lac … bien au sec !!! Il
s’installa sur l’îlot désert et y finit sa vie. La basilique que nous visitons aujourd’hui a vu le jour au Xème siècle, et sa construction se poursuit jusqu’au XVIIIème ; de belles
fresques colorées de ces différentes étapes sont visibles, ainsi qu’une imposante chaire de marbre noir de style roman. Dans la crypte, le tombeau de Saint Jules est exposé, le masque mortuaire
recouvert d’argent.
Outre la (petite) basilique, l’île abrite un couvent de sœurs cloîtrées, les traces
du château dans lequel vivait de seigneur du lieu (ne regagnant le « continent » qu’une fois par semaine pour entendre les doléances de son bon peuple !) et l’unique chemin qui
selon le sens que l’on emprunte est « le chemin du silence » ou celui de « la méditation », balisé d’enseignes invitant à la réflexion.
Retour au village, où nous attendent des plaisirs bien plus prosaïques : comment résister à notre première glace italienne, aux petits gâteaux ou au limoncello (alcool italien à base de
citron)qui nous sont offerts en dégustation, à la gaité de tous ces petits Pinocchio en bois, rouge vif, petit emblème de la région, et décliné en pantins, marionnettes, porte-clés, crayons,
sifflets, pinces en tous genres … au charme tout simplement de cette jolie petit ville de pêcheurs, joyeuse et colorée !
Notre première journée se termine sur les bords d’un autre lac, le plus
majestueux : notre hôtel est une ancienne villa sur la rive du lac
MAJEUR.
Notre deuxième journée lui sera consacrée, enfin dans sa partie la plus emblématique, celle du golfe Borromée et ses îles si réputées. Nous nous rendons jusqu’à STRESA où nous prendrons une petite navette pour ces trois îles.
De la Suisse à l’Italie, et grand comme deux fois Paris (212 km2) ;
ce lac, long de 65 km, n’est pas bien large, 5km au maximum, ni très profond (environ 350m). Et, à l’ouest, à mi-hauteur, « les perles du lac » : les îles Borromées.
L’influence des Borromeo dans la région commence au XVème siècle quand la famille menacée doit quitter Florence pour Milan. Ces banquiers qui ont
accordé des prêts aux Sforza reçoivent en échange des propriétés sur les rives du Lac Majeur ; l’endroit paradisiaque est aussi hautement stratégique puisqu’il permet de contrôler la
circulation sur le lac. Financiers influents, les Borromée comptent dans leur dynastie pas moins de sept cardinaux et un saint !!!!
Sur la route qui nous mène à STRESA, nous avons tout le loisir d’admirer la beauté du lac et du golfe. Toute l’économie de la région repose sur le tourisme, la « promenade des milanais » d’ARONA en atteste, lieu de villégiature pour les italiens du Nord ; et le petit village de SOLCIO qui rêve de transformer son activité de chantier naval en nouveau « Portofino » !
Plus modestement, à notre arrivée à STRESA, c’est un petit bateau rapide qui nous
conduit sur la première île : nous commençons par Isola MADRE. La famille l’achète en 1701et développe sur cet ilot au climat
méditerranéen la culture des orangers, les fruits sont vendus ensuite en Suisse. Au début du XIXème siècle, l’île est transformée en jardin botanique, et en 1978 la famille en ouvre l’accès au
public.
On visite le jardin bien sûr, avec des arbres plus que centenaires (le plus ancien est un camélia grandiflora datant de 1826 !), chaque arbre est annoté, soigneusement entretenu, surtout depuis qu’une tornade a dévasté le jardin dans la nuit du 28 au 29 juin 2006, occasionnant des dommages quasi-irréversibles, allant jusqu’à déraciner un monumental cyprès du Kashmir, arbre symbole de la propriété. Les différents points de vue sur et à partir du parc, sont magnifiques ! « Que c’est beau ! » est le leitmotiv de cette promenade dans un environnement enchanteur ! C’est luxuriant et raffiné, calme, précieux …. Tellement paisible, déconnecté du reste du monde, on a envie de s’attarder, d’admirer une fleur par ici, une belle vue par là ; de répondre aux paons qui nous interpellent de « léon » tonitruants, de se cacher dans cette verdure !!!!
On peut ensuite visiter le palais de granit rose, extrait de la carrière sur la rive
d’en face. La famille Borromée expose une belle collection de meubles, accessoires et marionnettes : le petit théâtre avec ses décors articulés et ses « effets spéciaux » d’un
autre âge, est un joli moment ! Il faut aussi prêter attention au sol recouvert d’une mosaïque de granit et, relevant les yeux, aux lustres de Murano.
Avant de partir, une jolie fontaine fleurie de nénuphars roses ou blancs et peuplée de grenouilles bavardes ! Encore quelques oiseaux rares, des palmiers, et nous partons vers l’île
suivante.
C’est l’île des pêcheurs (Isola dei pescatori). Totalement différente de la précédente :
ici peu de place pour la végétation ! L’ilot est couvert de petites maisonnettes colorées. Autrefois occupée par des familles de pêcheurs J, elle fait maintenant la part belle aux
terrasses des bars-restaurants et aux échoppes de souvenirs. Il est important de souligner qu’elle n’appartient pas, contrairement aux deux autres iles qui se visitent, à la famille Borromée.
Une fois à terre, nous nous promenons dans le labyrinthe des petites ruelles … impossible de se perdre sur ce petit caillou … et à propos de caillou …. Comment ne pas maudire ces petits galets
lisses et bien ronds qui pavent les rues !!!! tout au long de notre petit séjour, nous aurons l’occasion de nous y tordre les chevilles ou d’y déraper !!! Bref, le nez au vent, nous
voici au point culminant du village : l’église Saint Victor. Parrocchia di San Vittore martire, la
petite église rose et blanche de style lombard date de 1638, mais les parties les plus anciennes remontent au IXème siècle, et le dallage est daté de 1878 et énumère du seuil à l’autel les vertus
chrétiennes.
De la pointe de l’île la vue sur le village de VERBANIA et sa carrière de granit rose à ciel ouvert, avec les Alpes enneigées en arrière plan, est très jolie.
Encore un petit tour de bateau et nous voici sur la dernière des îles Borromées visitables, Isola BELLA .
A ce moment, je me risque à une petite parenthèse culinaire ! rien de bien
audacieux, c’est là que nous allons déjeuner de savoureuses spécialités du pays : ravioli (ceux d’ici, les vrais, faits maison, assez plats, farcis au fromage et aux herbes), lasagne (même
constat, pas sèches, baignant dans une sauce légère), et filets de perches …. du lac ! à la chair fine et savoureuse ! un
régal !
Retour au tourisme avec la visite de l’île et de son palais. L’ile
doit son nom à l’épouse de Charles III Borromée, Isabella d’Adda, qui entreprit de transformer l’île dès 1632, et d’y faire édifier le palais en 1670.
Premier sujet d’étonnement, la trace de crues anciennes (en face de notre restaurant une plaque rappelle une catastrophe datant de 1866, à plus de deux mètres), ce qui justifierait les
constructions sur arcades, pour limiter les dégâts !
Plus loin, nous entrons dans le palais Borromée qui a conservé son aménagement d’origine et dont on peut voir la salle où eut lieu en 1935 la conférence de STRESA au cours de laquelle le
français Laval, le britannique Mac Donald et l’italien Mussolini signèrent un accord destiné à tenir en échec toute velléité guerrière du troisième Reich d’Hitler, on sait ce qu’il en est
advenu !!
Au rang des curiosités historiques, la salle « Napoléon », chambre dans laquelle il séjourna quelques jours avec Joséphine de Beauharnais, en 1797.
Plus ludique, un constat s’impose, il n’y a pas de cheminée dans ce palais …. qui
était pour les propriétaires une résidence d’été ! Destination soulignée par le choix de motifs décoratifs floraux, prolongeant le jardin ! Il faut absolument prendre le temps d’admirer
le plateau de mosaïque représentant un bouquet … une merveille de finesse …. Les petits morceaux de mosaïque sont à peine visibles !
Autre sujet d’étonnement : les six très curieuses grottes, salles au
rez-de-chaussée, aux allures marines décorées de galets et roches volcaniques, et formes de coquillages ; un travail étonnant, vu nulle part ailleurs ! Les vues sur le lac que l’on a
des larges fenêtres sont magnifiques, l’obscurité des pièces offrant un contraste saisissant avec les merveilleuses couleurs du panorama.Ce tour du palais achevé nous voici dans le jardin.
Somptueux ! dix terrasses au bord de l’eau fleuries et ornées, et le bijou de cette fantaisie : la monumentale fontaine d’alcôves et de statues. A couper le souffle ! On ne se
lasserait pas de la détailler !
Et puis il y a ces petits détails, ces petites allées, cette jolie serre … le souci de la recherche du « beau » , d’apposer sa marque, comme les trois cercles de la famille Borromée qui
sont omniprésents (représentant l’amitié indéfectible des familles Borromée, Visconti et Sforza) ou le mot « Humilitas » (humilité – devise
de la famille) qui revient dans la décoration intérieure et extérieure.
Et puis …. Retour vers STRESA, le regard qui ne se détache pas de l’île que nous quittons … avides de prendre encore et encore des photos de ce petit paradis. Et le refrain qui revient ….
« Qu’est ce que c’est beau …. Qu’est ce qu’on est bien ! » …. Juste une grosse bouffée de bonheur !
Les petites rues de STRESA nous ramènent gentiment à la réalité ; la petite ville est animée et colorée … grâce aux étals de paquets de pâtes … arc en ciel !!! au limoncello …. Toujours bien jaune, quelque soit la forme de la bouteille !!!
Au revoir Lac MAJEUR, bonjour Lac de LUGANO, ainsi
commence notre troisième journée italienne …. Qui prend des accents suisses !
Ce petit tour helvète n’est pas franchement indispensable. Son seul intérêt est de nous présenter un
autre lac de la collection et de nous offrir une petite incursion en Suisse. La vue sur le lac est agréable, le parc de la Villa Ciani
est une plaisante promenade.
De LUGANO, le lac, de 49 km2 en forme
d’étoile, donne une image intime, la montagne borde les eaux calmes. Hôtels, boutiques et banques occupent la rive. Au bout de la promenade, le joli parc Ciani, soigné et fleuri, décoré, tout
comme la promenade du « jardin du Belvédère » que l’on vient de quitter, de sculptures d’art moderne.
En ville, un casino et des banques, … beaucoup de banques …. (LUGANO est la troisième place banquière suisse après Zurich et Genève !). Des bijoutiers (tic-tac, tic-tac) et des chocolatiers
(ah ! la Suisse, berceau du chocolat au lait !!) ….. images d’Epinal de la Suisse ! A la nuance près que tout ici est emprunt d’accent
italien … sauf peut être l’accent justement !!!! mais la langue reste italienne, comme la cuisine ou les traditions, n’oublions pas que la ville a été vendue à la confédération suisse en
1512!
La parenthèse suisse refermée, nous voici de retour en terre lombarde. Un bout
d’autoroute, quelques virages pour nous conduire vers le dernier de nos lacs,
le Lac de COME.
Cette fois, nous avons un grand lac de 146 km2 , à la forme remarquable d’un « Y » inversé, le bras ouest, vers COME, plus riche et réputé, que le bras est vers LECCO.
COME est la capitale européenne de la soie (prisée par les grands couturiers), et à quelques kilomètres de la ville se trouve la très fameuse Villa d’ESTE.
L’atout principal de la région est bien entendu son paysage de montagnes plongeant dans le lac sombre et profond (le plus profond d’Europe, avec ses 430 mètres de fond). Ce charme, partagé autrefois par les artistes, auteurs et poètes, est maintenant très prisé des footballeurs italiens, et des stars internationales du cinéma (George Clooney viendrait d’y acquérir un petit paradis), ou de la politique (Silvio Berlusconi y ayant récemment posé ses valises).
Il faut avouer que le paysage est exceptionnel : le lac, les petits villages accrochés à la montagne, au loin les Alpes suisses de la région des Grisons, et la station réputée de SAINT-MORITZ. Plus proches, les petites églises au clocher de bois du XIIème siècle ; et puis la minuscule petite île, l’unique île du lac, déserte tout au long de l’année, elle ne s’anime que le jour de la saint Jean pour la fête locale et l’occasion de manger une polenta aux escargots, dont les coquilles garnies de bougies baliseront ensuite les rives de l’ilet.
Vers TREMEZZO, les pentes montagneuses s’adoucissent un peu, laissant plus de place aux villages et surtout aux luxueuses villas, et celle qui va directement nous concerner : la Villa CARLOTTA.
Cette magnifique villa a vu le jour en 1690. Passée de main en main au cours des
siècles, elle doit son nom à Carlotta, fille de Marine de Nassau, qui reçut la villa en cadeau pour ses noces. C’est à cette époque que la propriété acquiert son aspect actuel, avec ses escaliers
et balcons et surtout l’exceptionnel jardin botanique.
Nous n’avons pas franchi le portail que nous sommes déjà charmés : comme elle
est belle et imposante ! Blanche et lumineuse, avec sa multitude de volets gris, ses balcons, et surtout ses trois niveaux d’escaliers, richement décorés. Invités à la découverte par un
joyeux petit angelot, nous hésitons, par quoi commencer, intérieur ? extérieur ? …. Nous ne sommes pas sensibles à l’exposition de statues du rez de chaussée (pourtant fort
belles !), mais l’appel du jardin est irrésistible !
Cette merveille est savamment organisée : le jardin de rocaille, la palmeraie, les cactées, les nuages de rhododendrons, l’espace consacré aux
bambous, les résineux, la vallée et sa rivière, et toujours les magnolias géants, et les bassins et fontaines ; les escaliers et les ponts … une
mise en scène irréprochable. Ce jardin réussit le magistral tour de passe-passe de nous donner l’impression d’être seuls au monde alors que les touristes se bousculaient à l’entrée !
… place au refrain : « Qu’est ce que c’est beau …. Qu’est ce qu’on est bien ! ». Cette flânerie ne devrait pas prendre
fin ! quel délice ! quel calme ! quelle sérénité !
« Ô temps, suspends ton vol ! et
vous, heures propices,
Suspendez votre cours !
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours ! »
Merci Alphonse d’avoir posé des mots sur nos sentiments !!!
Au terme de la balade, retour vers la maison que nous
pouvons maintenant visiter, avec là encore le sentiment d’être seuls dans la villa. Le premier étage est richement meublé : huit salles au mobilier harmonieux agencées autour d’un vaste
palier, à chaque extrémité un balcon, sur l’entrée de la maison et ses escaliers, à l’arrière, sur le dos du jardin.
Nous partons avec un sentiment de naïve reconnaissance vis-à-vis de ces illuminés qui consacrèrent leurs vies et leurs fortunes à construire ces merveilles qui leur survivront et que nous pouvons
admirer aujourd’hui.
Mais le lac de COME ne se résume pas à une villa, si belle soit elle ! Nous avons eu la chance de déjeuner dans la salle panoramique d’un restaurant de TREMEZZO, l’occasion d’avoir de très
jolies vues sur le lac, et la ville de BELAGIO, juste en face.
C’est à BELAGIO, justement, que nous terminerons la journée. Le trajet qui prendrait des heures par la route est expédié en une dizaine de minutes en traversant le lac en ferry. Vu le nombre de passagers, et la file des voitures qui attendent, ce moyen de transport a un franc succès ici. Le bateau n’est pas bien grand, il peut accueillir une dizaine de voitures, quelques motos et les passagers « piétons » ont à leur disposition des salles abritées et même un bar ! En quelques minutes, le ferry a libéré sa cargaison, fait le plein des nouveaux occupants et à l’heure dite il repart vers BELAGIO, quelques minutes de traversée face au vent et nous débarquons dans ce petit village ramassé à flanc de coteau, aux toits de tuiles et dominé par le clocher de son église.
Ici encore, tout est axé sur le tourisme : les terrasses des hôtels-restaurants-cafés empiètent les unes sur les autres, les marchands de soieries se côtoient sans réelle concurrence, et les autres commerces proposent des glaces de tous parfums, et toujours des pâtes multicolores ou du limoncello ….. les plus audacieux vendent … de tout !!!! Rien de bien exceptionnel dans ce petit village sinon le plaisir de déambuler dans les petites ruelles fraiches, et d’avoir une belle vue sur le lac et les villages de la côte opposée.
Nous passons la soirée à TREMEZZO, nous offrant le plaisir de la dégustation de notre petit expresso sur une jolie terrasse, admirant BELAGIO qui s’illumine petit à petit.
Et nous voici arrivés au dernier jour de cet agréable séjour ; jusque là un sans faute ! tout était réuni pour nous faire apprécier cette région dans toute sa splendeur, et pourtant, il se dit que la période idéale est avril-mai, lorsque toute la végétation est en fleurs ….. encore plus joli, est-ce possible ?
Bref, aujourd’hui aucun lac n’est au programme. Nous longeons une nouvelle fois celui de COME pour aller à BERGAME, et ensuite retour vers MILAN, puis PARIS.
BERGAME, donc. La ville est divisée en deux parties bien distinctes, la ville nouvelle, moderne, qui s’est étendue vers le sud au XIXème siècle ; et la ville haute, ancienne, autrefois fermée par des remparts. L’histoire, l’architecture, et l’âme de la ville sont marquées par son appartenance à Venise pendant quatre siècles. En effet, de 1428 à 1797, BERGAME a été sous domination vénitienne ; la cité était alors une ville frontalière à la position stratégique car elle permettait aux vénitiens (Venise est à 300km) d’exporter leurs produits vers le nord, via les Alpes.
Dotée de quatre portes d’accès, celle de San Giacomo, tournée vers MILAN, est la plus belle, de marbre blanc et très décorée elle faisait face à sa rivale, lui démontrant ainsi sa richesse.
Mais l’histoire de BERGAME est bien antérieure à l’époque vénitienne, et une première cité romaine aurait été édifiée au IIème siècle av. JC et aurait prospéré jusqu’au IVème siècle de notre ère, laissant les traces des thermes ou des arènes.
C’est ensuite une citadelle qui est édifiée autour de laquelle les querelles de possession font rage entre les Colleoni et les Visconti, jusqu’à l’entrée en scène de Venise, appelée en renfort par les habitants hostiles aux Visconti.
Au XIXème siècle, la ville se voit dotée d’un séminaire. Le pape Jean XXIII nait à quelques kilomètres de BERGAME et est considéré comme l’enfant du pays.
On commence la visite de la ville par la Piazza Nuova, ancien emplacement des douves, paradoxalement destinées à protéger le seigneur Visconti, des
habitants avec lesquels, on l’a vu , il ne faisait pas bon ménage !
La vieille ville reflète ses occupations successives, la rue principale suivant le tracé de l’ancienne voie romaine, il subsiste encore non seulement les remparts, et la tour du château, mais
aussi des vestiges des quatorze quartiers qui composaient cette petite cité, tous dotés d’une église (qui avait vocation religieuse mais aussi civique puisqu’on y faisait débat) et d’une
fontaine.
La Piazza Vecchia est vaste, les anciennes constructions ont été détruites pour laisser place à une esplanade
populaire propre aux réunions située devant l’ancien hôtel de ville du XIIème siècle « actualisé » par les vénitiens avec ses fenêtres ouvragées (la façade présentant le lion de Venise
est très contemporaine puisqu’elle date de 1901 !!), à côté l’ancienne bibliothèque et sa façade de marbre blanc. Cœur de la ville ancienne, la place est aussi occupée par une tour clocher
du XIIème siècle qui a la particularité de sonner toutes les heures, avec un petit bonus à 22heures, elle sonne alors cent fois, dix fois dix heures !!!! ceci en souvenir du temps où les
portes de la ville se fermaient pour la nuit et qu’à cette heure tardive, il fallait rameuter les retardataires pour leur éviter de passer la nuit sans protection.
Derrière la place et la grande halle, quatre monuments étonnants : la Cathédrale dédiée à saint ALEXANDRE, soldat romain, saint patron de la ville, la basilique SANTA MAGGIORE, la chapelle
Colleoni et le baptistère. Cet ensemble est très curieux, sur la gauche de la place la cathédrale attire l’attention par la statue dorée qui
la domine, sa grande façade blanche qui n’est pas sans rappeler les temples antiques.
En face, il semble que l’édifice soit un seul et même
monument ; que nenni, le petit porche à colonnes est l’entrée de la basilique, le reste, imposante construction, est la chapelle, dont l’unique vocation est d’abriter le repos éternel du
chef militaire Bartolomeo Colleoni.
La basilique, donc ; en marbre rose et blanc, de style lombard, elle date du XIIème siècle et n’a jamais été achevée. L’intérieur est
d’une décoration remarquable, les longues colonnes carrées blanches s’élancent vers la voûte peinte et sculptée, pas un espace de libre dans cette profusion picturale, c’est magnifique. Nous la
visitons pendant la messe ; la lumière, le décor et la beauté des chants des fidèles confèrent à cet endroit une âme toute particulière. Quelques pièces retiennent particulièrement
l’attention, tel que le beau confessionnal baroque du début du XVIIIème siècle ; le grand Christ suspendu devant le chœur ; ou la jolie statue ornant le tombeau du compositeur Gaetano
Donizetti.
La chapelle, maintenant. Elle a été construite en 1472, à la demande de Bartolomeo Colleoni, commandant de l’armée vénitienne. Pour
construire son mausolée, ce grand modeste n’hésite pas à faite détruire une partie de la basilique adjacente ! Un petit bijou architectural va voir le jour : la façade en marbre
polychrome est splendide, elle est le catalogue de la mégalomanie du locataire qui se fait représenter entre deux empereurs romains, indiquant qu’il est au moins aussi puissant que ces
deux-là ! De même, la magnifique rosace symbolise la roue de la fortune, et sa statue trône au sommet …. de la gloire !!! A l’intérieur, même étalage d’humilité, le héros se dresse
fièrement sur son destrier, dominant deux sarcophages … qui vont alimenter les rumeurs …. Pourquoi deux sépultures alors que l’illustre capitaine a spécifié qu’il voulait reposer seul dans ce
temple ? Et l’observation aurait révélé que les deux étaient vides !!!! quoique … une recherche plus poussée (au XXème siècle !)aurait permis de localiser les restes du défunt
…. Dans le double fond du second tombeau !!!! Mais pendant longtemps on a cru la chapelle vide, et pour que le nom de Colleoni n’y soit pas
attaché en vain, c’est la fille bien-aimée du Bartolomeo qui y fut inhumée (quatre siècles après son décès !) !!!! Mais la chapelle a évolué entre temps ! En 1575, Charles
Borromeo, de passage à BERGAME, trouve l’endroit un peu trop austère et militaire, le XVIIIème siècle se chargera d’égayer tout ça !
Et voilà, place maintenant au dernier monument, sur la droite, qui passe inaperçu après le faste du précédant : construit en 1360, le baptistère est à l’origine dans la chapelle, à partir de 1660 il subit plusieurs déménagements jusqu’à trouver sa place actuelle en 1898.
Aller, la promenade en ville reprend, un arrêt place du Marché aux Poissons, juste à côté des églises que l’on vient de voir, endroit stratégique puisque quotidiennement fréquenté par les fidèles ! Une petite astuce, le marché était dans une rue en pente, ce qui facilitait le nettoyage !! Une petite rouerie, la pente en question se déversait dans la rue des Bouchers, les concurrents directs de nos poissonniers !!
Autre étape, la place du Marché aux Chaussures. Cette placette est très fréquentée car « alimentée » par de nombreuses rues et ruelles. Autrefois elle associait les
marchés des bouchers et des cordonniers qui tiraient leur commerce du même bestiau J.
Sous la place en question, encore visible, l’une des citernes de la ville. Les VISCONTI avaient prévu ces réservoirs d’eau pour pouvoir faire face à un siège éventuel, la ville n’étant pas
pourvue d’un cours d’eau naturel. C’est de cette place que partent les funiculaires qui relient les villes haute et basse !
On termine par le parc Rocca e Rimembranze , la Rocca est le château médiéval qui domine la ville, et le parc qui l’entoure est une
exposition à ciel ouvert de machines militaires en hommage aux habitants morts pour leur patrie … c’est très curieux de se balader au milieu de chars d’assaut, automitrailleuses, pales
d’hélicoptère ou ancre de navire ….
Une petite note gourmande pour conclure notre visite
bergamasque, la spécialité du cru : la polenta aux oiseaux (polenta e osei) : il s’agit d’un petit gâteau individuel, en forme de nid et
décoré d’oiseaux en pâte d’amande recouverte de chocolat, à base de génoise, crème au chocolat, noisette et rhum, le tout recouvert et décoré de pâte d’amande ! elle est présente dans toutes
les pâtisseries !
Cap au sud maintenant, direction MILAN !
De la capitale lombarde, nous ne verrons que
l’essentiel : la cathédrale (Duomo di Milano)et la galerie du Duomo. Nous arrivons par le Corso Buenos Aires,
large avenue qui fait la part belle aux boutiques de luxe. Nous y sommes un dimanche, et à l’heure du déjeuner la ville est quasiment déserte. Nous prenons la cathédrale à revers, ce qui ménage
l’effet de surprise ; déjà nous pouvons admirer la magnifique dentelle gothique et surtout l’étonnante blancheur du marbre. J’avais l’image d’une pierre grisâtre, et d’un monument terne et
sombre ; quelle erreur ! s’il est vrai que le marbre blanc du lac Majeur noircit rapidement, la belle vient de subir une cure de jouvence et elle est magnifique, d’un superbe éclat,
veiné de brun et de rose, comme « pixélisée », elle se détache sur le bleu azur du ciel, mise en valeur par les parterres fleuris, verts et rouges, à ses pieds : une
merveille !
Sa construction débute en 1386, mais ne sera vraiment achevée qu’en 1805, cette année là, le 26 mai, Napoléon s’y fait couronner roi d’Italie.
Pas de large tour ou de clocher infini, mais une multitude de flèches (135) qui s’élancent à l’assaut du ciel, la plus haute élevée à la fin du XVIIIème siècle culmine à 108 mètres, rangeant le Duomo dans les plus hautes cathédrales du Monde. Le reste du monument est décoré de 2245 statues, ce qui ajoute à cette impression de foisonnement. Mais ce fouillis si bien organisé est d’une extrême délicatesse, nous n’avons, hélas, pas suffisamment de temps à lui consacrer ! Un rapide et décevant petit tour à l’intérieur, grandiose mais très sombre … et effectué au pas de course !!!
La Piazza del Duomo par sa taille et sa sobriété met parfaitement en valeur la
magnifique cathédrale. La place est piétonne, ce qui ajoute à la majesté du lieu.
Immanquable, la galerie Vittorio Emanuele II : cette belle verrière du XIXème siècle, de style baroque, abrite une luxueuse galerie marchande, des enseignes de prestige y ont un magasin
(Vuitton, Prada … et même Mac Do, qui a du revoir son image pour la circonstance !). Il ne faut pas bouder le plaisir de traverser cette petite
galerie : le chaland y fera du lèche-vitrines, le promeneur y trouvera un peu de fraicheur, et tous pourront admirer, du sol au plafond, la jolie décoration avant de ressortir Piazza della
Scala, devant une statue de Leonard de Vinci, face au fameux opéra de MILAN, contemporain des derniers aménagements de la cathédrale du XVIIIème siècle.
Dans ce quartier, comme dans le reste de la ville, circulent des tramways. Plusieurs générations de machines se côtoient, dont les plus anciennes, jaune-orangé, en bois qui ressemblent à s’y
méprendre aux cable-cars de San Francisco.
Dernière escale milanaise, dernière étape de notre voyage : le château de MILAN, le château des Sforza (Castello Sforzesco).
Juste une traversée au pas de charge de cet ensemble de briques rouges pour un bref aperçu du site : construit au XIVème siècle, rasé au XVème, ce gros château a connu bien des
vicissitudes : résidence des ducs de MILAN, il fait aussi office de caserne, de dépôt de poudre, plusieurs fois menacé de démolition, abîmé pendant la guerre il reste debout, avec ses
façades pleines de petits trous et ses grosses tours carrées ; et surtout l’évocation d’un illustre résident : Léonard de Vinci y aurait vécu plusieurs années.
Et voilà, la page se referme sur une région accueillante, baignée de soleil … ; et les pieds dans l’eau !
Et ces lacs magnifiques illustrent et justifient à eux seuls la Dolce Vita !