Un petit tour dans le vaste Monde, une pause dans une salle de spectacles, un détour par la cuisine ou auprès du sapin de Noël ... deux ou trois créations … Bienvenue chez moi , agréable visite, et n'hésitez surtout pas à laisser un commentaire. Pour être informés des articles récents, n’oubliez pas de vous abonner. A bientôt.
FLORENCE, belle destination pour une escapade printanière ! Nous y partons quatre jours, arriverons et repartirons en milieu de journée ; nous avons décidé de privilégier la visite de la ville elle-même plutôt que les musées, choix difficile justifié par le peu de temps dont nous disposons.
JOUR 1
De Paris, nous n’avons qu’une heure et demie de vol jusqu’à FLORENCE. Les formalités expédiées, les bagages déposés à l’hôtel, nous pouvons, vers 14 heures, partir faire un petit tour de découverte du centre historique de la ville.
L’hôtel est idéalement placé, à quelques rues de tous les monuments importants.
Le premier que nous allons croiser est le Palais Medici-Riccardi, le palais historique de la dynastie ; le premier palais Renaissance de la ville, construit en 1444 pour Côme l’Ancien (le fils du fondateur, banquier et commerçant et surtout grand mécène). Ce gros palais n’a rien, à première vue, d’exceptionnel, une architecture encore lourde, de gros reliefs, même si la décoration des étages s’allège. Il marque la fin du château-forteresse à but défensif de l’époque gothique, il s’agit ici d’une vraie résidence dans laquelle les Médicis habiteront pendant quatre siècles.
Au bout de la via de Martelli, notre premier cadeau, magnifique, éblouissant, majestueux : le DUOMO, la cathédrale Santa Maria del Flore. Quelle merveille ! Une profusion de marbre polychrome, des fresques magnifiques, d’innombrables statues, des frises, des corniches, des milliers de détails … les yeux ne savent où s’arrêter, le regard a du mal à tout embrasser, la raison nous rappelle que cette monumentale œuvre d’art a été édifiée entre les XIIIème et XIVème siècles (1296-1436), elle a épuisé plus d’un architecte, et la façade quoique dans le style de l’époque est presque contemporaine puisqu’elle date de la fin du XIXème siècle.
Un vaisseau de marbre aérien de 155 mètres de long pour 90 de large surmonté d’un monumental dôme haut de 115 mètres et d’un diamètre de 43, plus de 30 000 fidèles peuvent s’y réunir. Cette magnifique façade est tout en marbre, blanc de Carrare, vert de Prado et rouge de Maremma.
Juste à côté, le Campanile s’élance à la conquête du ciel.
Bouche bée et les yeux écarquillés, on se retourne, derrière nous le bloc octogonal du baptistère, plus ancien que la cathédrale, il n’offre « que » deux couleurs, le blanc et le vert, et semble beaucoup plus austère, plus rectiligne que le duomo à cause de ses formes géométriques et l’absence de relief ; les fantaisies qu’il s’accorde sont dans la richesse de ses portes. On s’arrête pour détailler la porte est. Michel-Ange disait d’elle qu’elle était « la porte du Paradis », nous partageons – modestement – son avis. Elle a nécessité plus de vingt ans de travail à son créateur, Ghiberti. Cadres de tailles variées, médaillons, portraits, animaux espiègles et mise en œuvre des règles de la perspective nouvellement acquises, d’infinis détails dans ces petits tableaux qui retracent certains passages de l’ancien Testament (l’artiste parvenant même à explorer plusieurs épisodes dans le même tableau !).
Les autres portes du baptistère, pour jolies qu’elles soient, ne parviennent pas à rivaliser.
Dans le coin de la place, Piazza San Giovanni, un joli petit recoin, l’angle de la rue qui attire l’attention, c’est la Loggia del Bigallo. Cette charmante construction du XIVème siècle était le lieu où on recueillait les enfants abandonnés ou égarés. Présentés à la foule, ils étaient confiés à des familles d’accueil au bout de trois jours. C’est un centre d’information aujourd’hui qui offre ses services …. à d’autres égarés !
La promenade reprend, chemin faisant, il faut lever les yeux pour voir les blasons qui décorent les coins des rues ! (ceux avec les grosses boules sont ceux des Médicis).
Nous voici maintenant Piazza della Republica. Il s’agit d’une grande place, reconstruite à la fin du XIXème siècle à l’emplacement de l’ancien forum romain (une colonne antique en rénovation le rappelle), espace occupé par un quartier médiéval en décrépitude qu’ont voulu revaloriser les architectes en prenant modèle sur le décor parisien. Il faut rappeler qu’à cette époque, FLORENCE était la capitale de l’Italie, elle le sera de 1865 à 1870. La place porte alors le nom de piazza Victor Emanuel.
Nous sommes donc sur une vaste esplanade quasi fermée, bordée de grandes façades renaissance et d’arcades qui abritent aujourd’hui les cafés et restaurants réputés de la ville, tel le café Gulli qui en fait l’angle. Elle fut longtemps le lieu de rencontre des écrivains, peintres et penseurs ; elle demeure le pôle d’animation de la ville où on se retrouve pour discuter ou fêter une victoire … fut-elle sportive ! On y croise donc touristes et florentins. Une luxueuse galerie commerçante la délimite, la Rinascente, qui réunit les enseignes de prestige (l’accès à la terrasse est gratuit et offre une belle vue sur la place et le centre ville).
Sur la place, près du grand arc de triomphe une maquette de la ville permet de se repérer.
Nous suivons la via Calimala, très commerçante, et arrivons devant une grande halle (loggia) occupée par un marché aux articles en cuir (grande spécialité de la ville). Il s’agit de la Loggia del Mercato Nuovo, autrefois marché de la soie, reconverti dans le cuir pour le plus grand plaisir des touristes et la rentabilité des commerces. C’est une construction de la fin du XVIème siècle, ouverte sur ses quatre côtés.
Sur l’un d’eux, piazza del Porcellino, un attroupement, il faut aller caresser le museau du sanglier (porcellino), gage de porte-bonheur et d’une nouvelle visite à FLORENCE, on cède bien sûr au rituel !
Deux rues plus loin nous bifurquons ; dans notre ligne de mire une grande tour et la silhouette d’une forteresse.
Nous arrivons Piazza della Signoria (place de la Seigneurie), escale incontournable, à la fois centre politique de la ville, c’est là que se tient l’actuelle mairie, et surtout comme on l’entend partout « musée à ciel ouvert ». C’est tout à fait ça : débouchant sur la place via la via Vacchereccia, on arrive face au Palazzo Vecchio et ses statues, longeant la magnifique loggia regorgeant de sculptures magnifiques.
Qu’ai-je remarqué en premier en arrivant sur cette place immense envahie par une foule grouillante ? Je crois que c’est d’abord le palais qui a retenu mon attention, cette grande muraille et cette fine tour, cette belle perspective ; et au pied de l’édifice des statues, une en particulier qui attire tous les commentaires : le « David » de Michel-Ange (il s’agit d’une copie), à sa droite, rompant avec la posture calme de David, la violence de « Hercule et Cacus », à gauche, en bronze, il s’agit de « Judith et Holopherne », un peu plus loin un bassin, c’est la fontaine de Neptune, magnifique, encore et toujours !
Juste derrière elle, il ne faut pas manquer le « Marzocco », ce puissant lion assis, la patte posée sur un blason portant une fleur de lys (l’emblème de FLORENCE) dite « florencée », elle est rouge, assortie de pistils, donc bien distincte de l’écusson des rois de France. L’animal représente à lui seul la puissance florentine ; jusqu’en 1333 c’est une statue de Mars, dieu guerrier qui se trouvait là, emportée par une crue de l’Arno, c’est une statue de Donatello qui la remplace depuis 1420 (… enfin sa copie !), l’œuvre réunissant les symboles florentins.
Enfin, au centre de la grande place, une statue équestre de Côme Ier (à ne pas confondre avec Côme l’ancien, son ancêtre !).
Toutes ces statues ne sont pas là par hasard, placées devant ce palais hautement politique, elles rendent hommage à une FLORENCE républicaine qui tient tête à ses agresseurs potentiels, à bon entendeur …. « David » en est la parfaite illustration, un seul bloc de marbre, cinq mètres de haut, en équilibre sur un pied, évaluant son adversaire, prêt à la riposte !
Derrière nous une exceptionnelle loggia, non qu’elle soit particulièrement belle, mais elle abrite un trésor ! Quinze magnifiques statues, protégées par cette alcôve. Deux d’entre elles sont davantage commentées : « Persée » montrant la tête de Méduse, un bronze magnifique de Benvenuto Cellini d’une finesse remarquable ; et « L’enlèvement des Sabines » de Giambologna (Jean Bologne), violente et belle statue, tout en mouvement.
Quel régal ! C’est magnifique.
Un mot quand même sur le palais, finalement discret derrière toutes ces merveilles ! Un gros monstre gothique, massif, peu d’ouvertures au rez-de-chaussée, deux étages dotés de jolies fenêtres, une frise de blasons et une ligne de créneaux … on arrive au beffroi, haute tour de 90 mètres de haut, fine et délicate qui offre un joli contraste avec la base.
Ce palais du XIVème siècle, occupé par le seigneur de la région, est la seconde résidence des Médicis (après le Palais Médicis déjà croisé). Côme Ier s’y installera au milieu du XVIème siècle avant de le trouver trop étroit et modeste et lui préférer le palazzo Pitti ; délaissé le vieux palais de la Seigneurie (palazzo della Signoria) devient le Palazzo Vecchio.
Mais notre visite du cœur historique de FLORENCE continue, contigüe au palais, voici la Galerie des Offices (Galleria degli Uffizi) LE musée d’art de FLORENCE.
C’est ici que sont réunies les plus belles peintures de la collection Médicis.
Dès la fin du XVIème siècle, François de Médicis entreprend de réunir les œuvres d’art dans un musée, il l’installe au deuxième étage du palais des Offices. Cet inestimable trésor augmente sans cesse et, lorsque la dernière héritière de la dynastie s’éteindra il restera à FLORENCE suivant sa dernière volonté ; en effet, Anna Maria Luisa de Médicis meurt en 1743, léguant ses biens et collections à la Toscane, à condition que l’héritage reste à FLORENCE et soit accessible au public.
Nous ne faisons que traverser cette étroite rue bordée d’arcades (et en travaux !). La façade renaissance est très sobre, mais les statues qui la décorent sont, encore une fois, remarquables ; elles représentent d’illustres italiens. J’ai particulièrement aimé celle de Giotto, le peintre de la Renaissance, sa posture, la douceur et la délicatesse de son visage.
A l’arrière plan, l’Arno ; au fond de la place une passerelle entre les deux ailes du bâtiment, c’est le corridor des Médicis, un couloir d’un kilomètre de long, reliant les palais les uns aux autres sans qu’il soit nécessaire de passer par la rue : il part du Palazzo Vecchio, suit la Galerie des Offices, longe le quai Lunagaro Archibusteri, emprunte le Ponte Vecchio pour franchir le fleuve, continue jusqu’à l’église di Santa Felicita pour arriver au Palazzo Pitti, sans avoir à mettre un pied dehors !
Nous, c’est sous le soleil que nous faisons le même itinéraire ! Quoique, nous avons bifurqué aux « offices » pour arriver dans l’axe du Ponte Vecchio ; c’est le chemin qu’il faut prendre, arriver par la via Por Santa Maria, sans y prêter attention nous voici sur le fameux pont ! Il s’agit d’une rue, une vraie rue, sans autre distinction ; un signe particulier ? Cette petite rue médiévale est bordée d’échoppes de bijoutiers ! Et au milieu … on voit couler une rivière ! C’est tout à fait étonnant ! et toujours le corridor des Médicis qui suit notre route.
Le Vieux Pont a été construit en 1345, après que la fameuse crue de 1333 ait eu raison du pont précédent. Depuis, il a résisté à tous les caprices du fleuve ainsi qu’aux destructions de l’armée allemande pendant la guerre, il est le seul pont de la ville à avoir été épargné. Il se glorifie aujourd’hui d’être le plus vieux pont de FLORENCE. A l’origine ce pont était occupé par les corporations de bouchers et de tanneurs, mais les odeurs dégagées incommodaient Ferdinand Ier de Médicis, fils de Côme et Grand Duc de Toscane à la fin du XVIème siècle, dans ses allées et venues d’un palais à l’autre ! Exit les marchands de viande, la place est laissée libre pour de plus nobles commerces, bienvenue aux joailliers !
Et donc, au milieu du pont, un petit espace qui donne sur le fleuve, bien sûr tout le monde cherche à être pris en photo à cet endroit précis, envahi par les touristes et les petits marchands à la sauvette,…nous aussi !
De là on a une belle vue sur la plaine florentine, les collines qui la bordent, la tour, le belvédère, le palais Pitti …. Que de projets en perspective !
Nous allons poursuivre la traversée du pont jusqu’à l’autre rive, l’Oltrarno (derrière l’Arno), et aller jusqu’à l’autre pont pour avoir une vraie vue sur le fameux Ponte Vecchio. Nous débouchons donc dans ce nouveau quartier, suivant le borgo San Jacopo, une jolie petite rue.
Sur un mur, bien au-dessus de nos têtes, une marque rappelle jusqu’où l’eau du fleuve est montée le 4 novembre 1966, impressionnant ! La crue a atteint les 5 mètres.
Un peu plus loin on passe devant l’église di San Jacopo Sopr’Arno, une église orthodoxe, construite au X ou XIème siècle.
Et le revoilà ! Pour de bon, dans sa vision de carte postale ! Mais on va différer un peu la contemplation … pour céder à un petit caprice … déguster une glace achetée dans la petite boutique qui fait l’angle et qui propose un choix aussi varié qu’alléchant !
On va s’installer sur le Ponte Santa Trinita (le nom du glacier !) pour savourer notre friandise.
Côté tourisme, on a, de cet autre pont, une belle vue sur les rives de l’Arno, et sur le joli Ponte Vecchio, on dirait une maquette avec ses petites maisons colorées, ses trois arches, posé en travers du fleuve.
Le Ponte Santa Trinita traversé, nous revoici du côté du quartier historique, on va jusqu’à l’église di Santa Trinita, décorée de belles fresques. Sur la place, une colonne surmontée d’une statue en héros romain de Côme de Médicis.
De là, on retourne vers la piazza della Signoria, le mercato nuovo, puis la galerie des Offices pour retrouver le fleuve et le Ponte Vecchio sur le côté opposé, depuis lungarno Archibusieri. D’où nous sommes le passage des Médicis est très visible puisque construit à l’extérieur du palais et « raccordé » au pont.
Nous décidons de nous accorder une petite pause café : un vrai expresso italien en terrasse ! de vrais petits cafés bien serrés, à peine une gorgée, mais quelle saveur !
En flânant, on ne manque pas de rentrer dans les églises, au décor très dépouillé par rapport à celles de Rome. Vers la via de Pandolfini, dans la chiesa Santa Maria Assunta di Badia Fiorentina, on a la surprise de tomber sur une messe avec des religieux en prière, on se retire.
Nous continuons notre promenade dans le quartier, rentrant tranquillement vers l’hôtel, le parcours ponctué de jolies boutiques (de magnifiques robes de mariée nous retiennent une minute), des vitrines de pâtisserie chargées de nougats (panforte) ou de gros biscuits secs (très secs) les pan de’ Medici fiorentini , une belle boutique de produits locaux (vaisselle, gastronomie, décoration).
Un petit tour à l’hôtel, suivi d’un petit restau sympa pour terminer cette première journée florentine.
JOUR 2
Nous avons décidé d’aller voir à quoi ressemble le mercato centrale, à quelques rues de l’hôtel, puis la basilique San Lorenzo avant de se lancer dans l’ascension du dôme.
Quand on arrive au marché, les commerçants sont encore entrain de décharger leurs marchandises ; on peut quand même entrer. C’est une grande et belle halle, pleine de victuailles de toutes sortes ; surtout fréquentée, à cette heure matinale, par les florentins qui viennent y faire leurs achats.
On prend beaucoup de plaisir à parcourir les allées, certains stands ne sont pas faciles à aborder juste après le petit déjeuner, comme ceux de triperie, avec les tas de boyaux et intestins, ou têtes de bovins ! Sinon beaucoup de fruits, légumes, pâtisseries (en dégustation, ça passe mieux !), fruits, tomates et champignons séchés ; et épices, vins ou huiles d’olive et bien sûr des pâtes colorées et de la charcuterie.. On s’arrête aussi devant les étals de boucherie, comparant les méthodes de découpe de la viande, les grosses côtes de bœuf façon Tbone sont très appétissantes, idem pour les côtes de porc vendues avec la partie de filet.
Nous ressortons et, suivant les étalages de sacs, vêtements et souvenirs en tout genre nous arrivons piazza San Lorenzo. La pluie s’est invitée à la visite, notre promenade va se chercher un abri.
Sur place, plusieurs visites sont à faire : le cloître, la chapelle des Médicis et leur bibliothèque et enfin l’église.
L’extérieur de cette grosse basilique n’est pas joli, en pierre brute sans ouverture, ce dépouillement est attribué au fait que Michel-Ange, architecte du projet, n’aurait pas eu le temps de l’habiller de marbre comme il l’avait prévu, l’édifice reste donc inachevé et austère.
Cet ensemble se situe juste à côté du palais des Médicis, il sera le lieu de culte de la famille pendant des siècles ainsi que leur dernière demeure.
Nous commençons par entrer dans le cloître. Rien à l’extérieur ne nous a préparés à la sobre élégance de cet endroit. Aucune fioriture ou fantaisie architecturale, des arches bicolores surmontées d’une galerie entourent un jardin, au centre un oranger regorgeant de fruits, dans les allées rectilignes de superbes azalées en fleurs, rien que nous … un petit coin de paradis. On se délecte. Oui, vraiment, j’aime les cloîtres ! Les différentes perspectives donnent à voir les volumes géométriques du reste de la basilique et de son dôme, cet empilement contraste bizarrement avec le dépouillement du jardin.
A la sortie quelques gouttes de pluie nous accueillent, hélas. Nous décidons d’aller tout de suite vers le dôme pour éviter le trop plein de visiteurs pour la découverte de la cathédrale.
Piazza San Lorenzo nous retrouvons le palazzo Medici Ricardi, l’occasion de revoir cette grosse muraille bosselée et de détailler le blason de la famille qui décore les angles : cinq boules rouges et une bleue ornée de trois fleurs de lys sur fond doré : les boules représenteraient des pièces d’or faisant référence à la fortune et à la profession des Médicis (banquiers) (de mauvais esprits les relient aux pratiques douteuses de la famille, surtout Catherine souvent qualifiée d’empoisonneuse, ils y voient des pilules employées par les medici – médecins latins!) ; quant aux trois fleurs de lys, c’est Louis XI qui, en 1465, autorisa les Médicis à les faire figurer sur leur blason en remerciement de services rendus.
Débouchant du borgo San Lorenzo, nous voici maintenant derrière le baptistère, sous la pluie, la place est quasi déserte hormis la file d’attente qui s’est formée devant l’entrée de la cathédrale.
Nous hésitons sur la visite à faire en premier, cathédrale, dôme ? Peu d’attente au dôme … c’est parti ! 8€ par personne … au sec pour un bon moment ! Et on commence à grimper !
L’ascension d’abord assez simple se complique quand nous attaquons … la deuxième marche J !!! Bon, sérieusement, le début se fait sans trop de problèmes, si on parvient à bien poser sa respiration, ne pas trop parler, ne surtout pas rire … et garder le rythme pour ne pas ralentir le flux !!
De petites ouvertures offrent quelques rares vues sur l’extérieur, de quoi évaluer notre progression ; puis un palier avec d’énormes statues de papes déplacées ici, je n’ose même pas imaginer comment elles sont arrivées ici !
Nous débouchons ensuite sur une très agréable galerie, à l’intérieur de la cathédrale, avec une belle vue – rare – sur la nef.
La grimpette se poursuit, en colimaçon de plus en plus étroit, on a le tournis dans cette montée sans fin, à déconseiller aux claustrophobes et aux cardiaques !! on s’essouffle, on sue, on a renoncé à compter depuis longtemps … mais on rit encore !
Parfois ça bouchonne un peu, la pente se raidit (une ultime fois, espère-t-on, en apercevant le trou donnant accès à la toute dernière partie du dôme), un dernier effort et enfin c’est le dernier escalier, les dernières marches avant le retour à l’air libre ! Waou !! Même si le temps est très nuageux la vue sur FLORENCE est magnifique, les nuages accrochés aux collines environnantes laissent la plaine bien visible, un tapis de toits de tuiles à nos pieds.
Nous identifions facilement les monuments déjà aperçus : les grandes places, les clochers, le beffroi du Palazzo Vecchio, le cloître San Lorenzo, en cherchant bien on pourrait même retrouver notre hôtel ! Et les rives de l’Arno, le palazzo Pitti, et les quartiers que nous ne connaissons pas encore !
Les vues vers la piazza del Duomo, sur le Campanile ou les toits de la cathédrale sont impressionnantes, vertigineuses.
Il y a pas mal de monde sur cette petite coursive. Un tour au sommet, deux même … le temps de reprendre son souffle avant de penser à la descente, qui, hormis le tout début, se fait par une autre voie ; cette fois nous allons encore avoir un passage sous la coupole, le long de la grande fresque, un instant magique, pensez donc, on la frôle, on pourrait la toucher si elle n’était pas protégée par une vitre épaisse, des surveillants dissuadent les plus grands de cette tentation. Les traits de pinceaux de Vasari et Zuccari appliqués à la fin du XVIème siècle si proches … ces œuvres que l’on voit d’habitude dans leur ensemble, qui nous semblent d’une telle finesse, révèlent leurs secrets ! Et puis les vitraux … un étage plus bas ! Nous sommes peu nombreux à ce moment, quel plaisir de profiter de cet instant si particulier, la cathédrale à nos pieds, nous au cœur de ce « Jugement dernier », au cœur de cette prouesse architecturale qu’on mesure vraiment : la hauteur de la coupole est de 91 mètres (nous y sommes presque !) et le diamètre de 50 … un instant magique !
Allez, il faut redescendre. Encore une étape intéressante, la salle consacrée aux « outils originaux ou reconstruits sur les modèles de l’époque, employés lors de la construction de la cathédrale, des restaurations successives ainsi que pour son entretien actuel », je cite la plaque explicative. De bois, de corde, de bric et de broc, ces divers outils impressionnent par leur modestie quand on pense au travail réalisé.
On doit ce magnifique dôme à Filippo Brunellesci qui réalise ici une prouesse architecturale ; il doit concilier plusieurs paramètres ingérables, les dimensions de la coupole (largeur et hauteur) et la forme de la base de celle-ci qui n’est pas circulaire mais octogonale. Il va s’en sortir par une pirouette, construire une double coupole, répartir les forces, la fin de l’escalade passe par l’espace laissé entre ces deux coques, on marche sur la coupole, la toiture du dôme au dessus de la tête ! L’artiste précurseur va mettre seize ans pour aboutir à ce spectaculaire résultat.
La descente se termine, quelle belle surprise, dans la cathédrale, juste sous cette exceptionnelle coupole, au niveau de l’autel, sous la fresque, comme si on descendait d’un nuage !
On retrouve l’extérieur en passant par une superbe porte en bois sculpté.
Quel bon moment, épuisant mais tellement plaisant !
Mais au fait, des marches … y’en avait combien ? Je vais poser la question à un gardien : four hundred and sixty three !!! ah ouais, quand même !! même en anglais 463 ça compte !! sous la petite pluie ça nous réchauffe !
L’aventure nous aura pris plus d’une heure ; nous sommes au pied du Campanile, impressionnant … vu d’ici il parait beaucoup plus haut que le gros dôme … erreur, lui ne mesure que 82 mètres et n’a que 414 marches … petit joueur !!!
Et on reprend le chemin de la découverte sous une petite pluie régulière, hélas ! On s’attarde autour de la cathédrale pour regarder les petits détails de cette si belle construction ; le travail étonnant des portes en bronze, admirables, à admirer ! La finesse incroyable des spirales et des marqueteries de marbre, de la dentelle !
Et puis à côté de nous, l’harmonie simple du baptistère, lisse, vert et blanc. Quel contraste avec la cathédrale !
Et puis à côté de nous, le charme délicat de la petite loggia del Bigallo (la loggia des enfants abandonnés).
Et puis … et puis, on pourrait y passer des heures, il y a tant à voir ! La météo pourrie remet un peu en question nos projets ; on cherche à se mettre à l’abri et les propositions ne manquent pas ! Mais ça ne sera pas la cathédrale, la file d’attente est bien trop longue !
C’est San Lorenzo qui s’impose, ce matin le cloître nous a conquis, nous n’avons pas été insensibles à l’appel de la bibliothèque des Médicis (fermée quand nous y étions), et puis il y a le sanctuaire des Médicis et la basilique.
Nous limiterons notre visite à la basilique et à la chapelle, la bibliothèque fait l’objet d’un tarif spécial.
Nous revoyons le cloître, toujours autant de charme pour ce joli jardin.
On s’accorde ensuite une petite descente dans les chapelles médicéennes, situées sous l’église, la visite est assez décevante, pas de mise en valeur, pas de photo, et les tombeaux des Médicis sont cachés dans une salle sombre derrière une grosse grille, pas d’explication pour décoder ce que l’on voit. En fait on passe complètement à côté du trésor annoncé dans nos guides ! une grosse confusion, une vilaine fausse route, qui se solde par un gros regret à posterioriL.
Nous allons ensuite visiter la basilique, dont l’architecte principal fut Michel-Ange, puis, pour la décoration intérieure Brunelleschi. Le décor est très sobre, le plafond à discrets caissons marqué aux armoiries de la famille, le dallage en damiers donne une impression de grand raffinement.
Convaincus d’avoir vu les tombeaux des Médicis (impression confirmée au pied de l’autel devant une stèle indiquant l’emplacement de la tombe de Côme l’ancien, à hauteur supposée du pilier correspondant au caveau vu dans la crypte) nous sommes surpris par ce dépouillement.
La comparaison avec le décor chargé des églises baroques romaines s’impose, avec la richesse du décor de la cathédrale aussi ; San Lorenzo ne nous a pas bouleversés, mais je dois faire mon mea-culpa ! … grâce à Porcellino, nous savons que nous reviendrons … la chapelle des Princes restera à faire !!
Une petite pause roborative, dans un restaurant que je me garderai de recommander !
Nous avons ensuite décidé d’aller vers le palais Pitti et les jardins Boboli, on verra ce que la météo nous permettra de faire.
C’est encore à pied que nous y allons ; nous avions envisagé de prendre une carte de transports mais les distances d’un site à l’autre et la proximité de l’hôtel nous en ont dissuadés.
Navigant dans FLORENCE sous la pluie comme des poissons dans (sous) l’eau, nous voici rapidement devant l’esplanade de ce nouveau palais.
Sa construction remonte au XVème siècle, l’architecte Brunelleschi (toujours lui) est aux commandes pour le compte d’un rival des Médicis, le banquier Luca Pitti. Un revers de fortune, un siècle plus tard va contraindre la famille à vendre le palais, Eléonore de Tolède va l’acheter pour s’évader de son vieux palais, elle est l’épouse de Côme Ier de Médicis ; ils vont agrandir et embellir cette demeure, aménager le jardin Boboli et faire construire le corridor reliant les palazzio Vecchio et Pitti (c’est Vasari qui en fera les plans).
Il est considéré comme le plus grand des palais de la Renaissance, il sera remanié au XVIIème siècle par les grands ducs de Toscane, et la comparaison avec Versailles s’impose souvent.
Pas beaucoup de monde sur l’esplanade, à l’entrée, ou dans la cour du palais où une animation japonaise est proposée : compositions florales, présentation du thé vert et dégustation, art et musique avec intervenants en costume traditionnel.
Nous allons visiter le palais, même si nous n’en avions pas formé le projet au départ.
On commence par la Galerie des Argents (Museo degli argenti), la visite commence par une exposition de toiles japonaises qui nous permet de mieux connaitre ce domaine, sans nous passionner. Curieuse mise en scène de deux arts si différents que ces objets asiatiques au milieu d’un décor baroque, nous sommes séduits par les jolies fontaines intérieures placées sous les fenêtres. La visite se poursuit par la partie orfèvrerie et joaillerie, bien plus passionnante à nos yeux : vaisselle et bijoux anciens ou contemporains, de belles pièces, fastueuses, richissimes, surprenantes, parfois très laides, souvent importables ou complètement obsolètes. C’est une agréable visite.
A l’opposé « des Argents », la Galerie Palatine et les Appartements Royaux ; cette exposition est très riche (trop !), elle réunit une partie des trésors picturaux des Médicis et des Habsbourg-Lorraine, propriétaires et occupants successifs.
Des toiles de maîtres (Titien, Raphaël, Caravage) exposées pèle mêle avec tant d’autres, c’est touffu, confus, brouillon … l’agencement serait celui du XIXème siècle, il manque cruellement de mise en valeur des œuvres et d’explications, d’abord curieux, nous finissons par traverser les salles n’y jetant qu’un regard superficiel, accroché ça et là par un tableau sortant du lot, mais sans émotion. Ce déballage finit par être étourdissant. Trop de chefs d’œuvre tuent le chef d’œuvre, c’est dommage.
La visite continue par la traversée des appartements royaux, voilà de quoi réveiller notre intérêt ; salles d’apparat, salons et chambres privés, aux décors de soie, marbres et bois précieux, des fresques et des plafonds monumentaux, c’est riche et agréable. C’est drôle aussi d’y voir des portraits de Henri IV et Marie de Médicis … finalement à leur place dans le palais familial !
Au cours de ces visites on a l’occasion de jeter un coup d’œil sur les fameux jardins, et sur la Grande Grotte ; il faudrait que la météo nous permette de les visiter.
Ces longues visites auront occupé notre après midi, nous rentrons à l’hôtel fourbus mais très satisfaits de nos visites.
JOUR 3
Le programme d’aujourd’hui est simple : repérer sur la carte tout ce qu’il y a à voir et qu’on n’a pas vu ! Pluie ou pas, faut y aller !!
La plus proche est l’église San Marco, sur une jolie placette ; hélas la façade est bâchée !
La piazza San Marco est entourée d’immeubles Renaissance colorés, façades rouges, blanches ou jaunes, volets verts ; au centre un agréable square et la statue de Manfredi Fanti, général, sénateur et ministre de la guerre du XIXème siècle, les statuettes du socle représentent Politique, Stratégie, Tactique et Fortification.
On essaie de jeter un coup d’œil à l’intérieur de l’église, pas de chance nous arrivons en plein office ; nous laissons les fidèles pour aller vers la piazza della Santissima Annunziata et ses importants monuments.
Une place de pure Renaissance, ceinte de galeries d’arcades, vaste et déserte à cette heure, au centre la statue équestre (œuvre de Jean Bologne) du Grand Duc Ferdinand Ier de Médicis, fils de Côme Ier et d’Eléonore de Tolède (les acquéreurs du Palazzo Pitti), il sera le dernier Médicis important, la lignée perdant ensuite de sa grandeur ; deux petites fontaines baroques décorent aussi cette grande place.
Dans l’axe de l’église, on aperçoit le dôme du Duomo dans l’enfilade des petites rues.
L’église Santa della Santissima Annunziata est lisse, blanche et grise ; rien ne laisse présager la profusion baroque de l’intérieur !
Une première église est bâtie ici en 1250, reconstruite au XVème, et redécorée dans le style baroque au XVIIème. C’est ce qui surprend d’abord quand on entre dans cette église, c’est cette première salle, sorte de cloître (cloître des ex-voto), bordée d’une galerie, surmontée d’une verrière, les ex-voto étaient des statues de cire, fondues ensuite, rituel suivi jusqu’au XVIIIème siècle.
L’intérieur contraste radicalement avec les autres visités, il déborde de chapelles, fresques, dorures, marbre et stuc, peintures, statues, médaillons …. Et un curieux petit temple à gauche de la porte, illuminé de bougies, il abrite un tableau miraculeux : l’artiste s’est endormi alors qu’il peignait une « Vierge de l’Annonciation », un ange est passé terminer le travail !
Belle visite.
Un autre bâtiment retient l’attention, une longue façade blanche et grise, encore, un minuscule clocheton et de jolis petits écussons bleus et blancs représentant des petits enfants, il s’agit de l’Hôpital des Innocents (Spedale di Innocenti), une construction du XVème siècle destinée à recueillir les enfants trouvés. L’endroit est occupé aujourd’hui par un musée d’art religieux et par des expositions temporaires. Je risque un œil à l’intérieur pour apercevoir un joli patio.
Cap au Sud maintenant, vers la basilique Santa Croce. Notre itinéraire nous fait passer devant le théâtre della Pergola, une longue façade brique, décorée de fer forgé, il s’agit de l’un des plus anciens théâtres d’Italie.
Une première construction en bois est réalisée en 1656 à l’emplacement d’une tonnelle (pergola) d’où il tire son nom, elle sera remplacée par la pierre en 1750. Ce monument historique reste toutefois très discret !
En un petit quart d’heure, nous atteignons notre but, et surprise, le parvis est envahi par des tentes, il y a beaucoup de monde et de bruit ; le marathon de Florence a lieu aujourd’hui, sous la pluie.
L’esplanade devant l’église est immense et doit paraitre bien vide quand elle n’est pas occupée par une manifestation. Encore un décor typiquement Renaissance tout autour, avec d’anciennes maisons cossues, colorées, certaines à encorbellement, voire encore recouvertes de fresques ; et à l’est la jolie basilique di Santa Croce.
Elle semble assez trapue, blanche et très géométrique. Si l’église date du XIIIème siècle, la façade et le campanile ont, eux, été construits au XIXème siècle. A l’origine, une petite chapelle franciscaine s’élevait ici, mais à quelques quartiers de là, les frères dominicains ont entrepris d’agrandir leur église, ils sont entrain de bâtir la très belle Santa Maria Novella (la bien nommée), l’ordre ne peut se contenter d’un lieu de prédication aussi modeste, il va riposter avec l’amélioration de Santa Croce, une grande nef de 140 mètres de long pour 40 de large, hélas ce qui nous saute aux yeux est beaucoup plus récent.
Sur la place à gauche de l’entrée, la statue de Dante Alighieri (le Dante de la « Divine Comédie ») le poète de la Renaissance, enfant de FLORENCE et ardent politicien durant une époque troublée. Il n’a pas l’air aimable l’animal !
On entre visiter cette basilique réputée pour la gloire de ses occupants. L’intérieur parait immense, sobre et vide ; elle était destinée plus à la prédication qu’à la prière rappelons-le.
Autre surprise, le sol, pas de dallage sophistiqué mais de très nombreuses pierres tombales, certaines en relief, d’illustres florentins.
Et sur les côtés, les monuments funéraires. Celui de Michel-Ange, magnifique, sous le buste de l’artiste (représenté âgé, il est mort à Rome à 89 ans), Peinture, Sculpture et Architecture le pleurent. Au-dessus de lui une piéta et des anges veillent sur son repos éternel.
A côté, le cénotaphe (le monument, mais pas le corps – qui se trouve à Ravenne) de Dante. Il est entouré des statues de la mère patrie et c’est la Poésie qui pleure.
Plus loin encore, Machiavel, en face Galilée entouré d’Astronomie et Géométrie ; nous ne pouvons pas visiter l’ensemble de la basilique, le domaine des touristes est délimité par un cordon ; qu’importe l’aperçu que nous en avons nous satisfait pleinement, la basilique est belle et imposante et ces mausolées impressionnants et émouvants aussi.
J’ai beaucoup aimé aussi la petite statuette du bénitier, la foi qui se dégage de cet homme implorant le Ciel.
Nous repartons rapidement, des groupes scolaires sont arrivés, ça se bouscule un peu trop.
Nous voulons maintenant aller voir le belvédère de la piazzale Michelangelo, de l’autre côté du fleuve.
En quittant la place nous passons à côté du Grand Cloître, on peut prendre la mesure de son élégance à travers une grande grille, on aperçoit aussi le Campanile et contournons ce gros ensemble.
Nous devons louvoyer entre les barrières de la course, raser les murs, hâter le pas pour traverser la rue entre deux groupes de coureurs … nous sommes enfin sur le Ponte alle Grazie, emprunté lui aussi par les marathoniens. On s’y arrête un moment pour admirer le Ponte Vecchio sous un nouvel angle ; on a de la chance, la pluie nous laisse un petit répit pour faire de jolies photos.
Nos itinéraires finissent par diverger, les coureurs restent sur les berges, à nous les efforts de la grimpée ! Nous passons d’abord sous les remparts avant de nous rendre à l’évidence : un belvédère implique forcément une certaine prise d’altitude … nous prenons notre courage à deux mains et commençons notre ascension, avec en mémoire les 463 marches d’hier !! Ici la progression est assez facile, une belle promenade bordée de glycines.
Nous voici bientôt sur la fameuse terrasse, reconnaissable, vue d’en bas par les grosses sphères blanches des lampes. Il s’agit d’une très vaste esplanade, un grand parking en fait ; autour un ou deux restaurants, quelques marchands de souvenirs, dans la partie supérieure un joli café-restaurant, avec en contrebas un parterre de fleurs. Posée plus bas, un autre exemplaire du « David » de Michel-Ange, en bronze cette fois, pour un monument à la mémoire de l’artiste érigé ici en 1875.
Comme sur le dôme, nous nous amusons à identifier les différents sites. Le paysage est pluvieux, ce qui lui donne un charme certain, avec ces lourds nuages accrochés aux Apennins, devant nous l’Arno, les campaniles du palazzo Vecchio, de la cathédrale et de Santa Croce.
Mais … nous ne sommes pas au sommet de la colline … d’où la vue doit être encore bien plus agréable … un petit chemin sous les cyprès et nous voici devant l’église San Salvatore al Monte, une jolie petite église franciscaine, une nef sans ailes, dédiée au début du XVIème siècle aux saints Côme et Damien, Michel-Ange la traitait de « paysanne avenante » ! On glisse un œil, mais une fois de plus, en ce dimanche matin, c’est l’heure de la messe ; alors on reprend notre montée, San Salvatore n’était qu’une étape.
La récompense nous attend au sommet. Certes la vue est jolie, mais l’église posée là plus encore. C’est San Miniato al Monte qui nous tend les bras ! encore … pffff … deux volées de marches et nous y serons, pour l’instant c’est le round d’observation, nous à ses pieds, elle derrière ses hautes grilles. Comme elle est jolie, flanquée de ses deux tours, toute belle, toute blanche avec ses motifs sombres, mise en valeur par ce ciel gris bleu sur lequel elle se découpe.
Pendant la montée nous traversons un petit cimetière qui n’a rien de lugubre. enfin nous y sommes, au sommet !
Un petit moment consacré à détailler cette belle façade typiquement Renaissance, la superbe mosaïque presque byzantine du fronton représentant le Christ en pleine bénédiction accompagné de la Vierge et de Saint Minias. Le malheureux a été décapité pendant les persécutions de l’an 250 ; alors que certains auraient pris leurs jambes à leur cou, lui c’est sa tête qu’il prit entre ses mains pour traverser le fleuve et finir ses jours (heureux ?) en ermite sur cette colline ; l’église fut édifiée, en 1018, à l’emplacement où furent retrouvées ses reliques, on le dit modeste et toscan, la légende le voit Roi d’Arménie. Du XIème au XVème siècle l’église connait améliorations et embellissement, le très joli pavement date du XIIIème siècle, l’ensemble de l’intérieur se fait l’écho de la façade, en marbre blanc et vert, au tracé géométrique. Au sol de nombreuses pierres tombales, et dans une chapelle latérale le tombeau de Jacques du Portugal mort à Florence en 1459, archevêque de Lisbonne et neveu du roi du Portugal. Le chœur de l’église est remarquable, surélevé ; au-dessous de lui la crypte et au centre une petite chapelle dédiée au saint martyr, construite sur ordre de Pierre Ier de Médicis en 1447. Cet ensemble accentue les volumes de l’église et lui donne beaucoup de charme.
La suite de la journée doit nous conduire aux jardins de Boboli, les jardins du palazzo Pitti. La pluie a cessé, le ciel s’est un peu dégagé, tous les espoirs sont permis. Un chemin transversal semble tout à fait approprié … sur la carte, et bonne nouvelle nous descendons ! Nous nous retrouvons rapidement devant la massive porte par laquelle nous sommes arrivés tout à l’heure, cap à gauche pour les jardins … mais à gauche ça grimpe sec ! Et comme ça tourne aussi, on ne peut pas se faire, à l’avance, une idée du supplice qui nous attend, alors, une fois de plus, on grimpe.
Quelle épreuve ! une petite rue pour une belle pente ! Elle a au moins le mérite, de longer les gros remparts qu’on a tout le temps d’admirer ! Un virage, un muret, un portique, tout nous laisse espérer que nous sommes enfin arrivés, mais le but est à chaque fois repoussé ! Après vingt longues minutes d’efforts, nous arrivons enfin au Forte Belvedere qui jouxte les fameux jardins.
L’accueil est assez glaçant, de grands panneaux font état d’accidents survenus sur le site ; une jeune femme aurait trouvé la mort, d’autres auraient été blessés, la visite du fort est interdite, des travaux sont en cours.
Il a pourtant l’air beau et en relativement bon état ce fort. Il a été construit à la toute fin du XVIème siècle (1590-1595) par Ferdinand Ier de Médicis (celui de la galerie des Offices), paradoxalement, ce n’est pas la ville qu’il doit protéger, ou dont il doit dissuader les assaillants, mais plutôt la famille Médicis ! il doit servir de poste de repli en cas de problème, ainsi c’est là qu’ils se réfugieront pendant la grande peste de 1600. Autre vocation du fort, il tient à l’abri le trésor des Médicis et un réseau de galeries souterraines le relie au Palais Pitti, leur résidence principale !
Nous ne voyons de la forteresse que ses remparts, quelques portes surmontées des écussons des Médicis, et nous arrivons enfin devant le portail du Giardino di Boboli.
Depuis ce grand parc, nous surplombons FLORENCE, que l’on aperçoit entre les arbres. Nous arrivons ensuite en vue d’une grande pièce d’eau et dans sa perspective le palais. De belles terrasses pour y arriver, décorées de statues.
On descend jusqu’au bassin de Neptune, orné d’une belle statue en bronze du dieu en action ; les vues sont superbes que ce soit vers la statue de déesse (Minerve ?) au sommet de la colline, ou en aval plongeant vers le palais, où s’intercalent une « baignoire » antique et un obélisque.
On fait le tour de ce bassin avant de décider de continuer dans le parc plutôt que d’aller vers le palais déjà visité ; nous sommes attirés par la longue allée (sur le plan) qui conduit à un autre grand plan d’eau.
Dans la plaine suivante, nous avons la belle surprise de tomber sur une statue d’Igor Mitoraj. Il s’agit d’une grosse tête de bronze, « Tindaro screpolato » (Tyndare – roi de Sparte – craqué), une œuvre de 1998.
De l’autre côté de cette prairie commence la Viale dei Cipressi, la belle allée des cyprès. Une longue pente redescendant vers la ville, bordée de haies et ponctuée de statues.
Cette partie de la visite est encore plus agréable, artistique et bucolique, des sentiers partent vers des bois plus sauvages, des allées sous des arceaux de verdure invitent à quitter la voie principale, et tout le long des statues plus ou moins moussues, de petits bosquets, des bancs disséminés ça et là.
Et nous arrivons devant l’immense bassin, piazzale dell’Isolotto (carré de l’îlot). Une magnifique et curieuse construction : au milieu de ce vaste plan d’eau un îlot occupé par un petit jardin à la française et au centre une grande fontaine, la fontaine des Océans, réalisée en 1576 par Jean Bologne, Neptune se dresse dominant trois personnages figurant les fleuves Nil, Gange et Euphrate. Cette petite île est reliée au parc par deux allées décorées d’orangers, il nous semble aussi que des aménagements étaient prévus pour le canotage, grille d’accès et plateforme de débarquement. Cet ensemble nous séduit immédiatement par son agencement particulier et son charme en général ; même si – sacrilège – un héron s’est invité à la fête, il s’est posé sur la tête de Neptune sans le moindre respect pour la qualité de son perchoir !
Nous terminons ici notre visite du jardin Boboli, la sortie est toute proche, elle nous conduit piazzale di Porta Romana, entrée officielle du centre historique de FLORENCE, et matérialisée par cette grande porte érigée au XIIIème siècle. Nous sommes piazza della Calza, une petite place médiévale, dont une façade est décorée d’une grande fresque, la Via Romana nous ramène en centre ville.
Nous retraversons l’Arno en passant par le Ponte Vecchio, que nous voyons avec un charme nouveau, comme nous sommes dimanche quelques boutiques sont fermées, les vitrines clinquantes sont remplacées par des coffres et portes en bois travaillés à l’ancienne, c’est encore plus joli .
Nous retournons vers la piazza della Signoria, il y a un monde fou dans le passage à côté de la Galerie des Offices, et une queue invraisemblable à la billetterie .
Beaucoup de monde aussi autour et dans le Palazzo Vecchio ; nous entrons y faire un tour.
Comme c’est surprenant ! La porte de la forteresse passée on arrive dans une cour élégante, de hautes colonnes sculptées, les plafonds de la galerie peints de discrets motifs et médaillons, et une jolie petite fontaine du XVIème siècle.
Nous renonçons à la visite du palais, il fait enfin beau, nous voulons en profiter et il y a ici beaucoup trop de monde.
Nous sommes en milieu d’après midi et une importante visite reste à faire : la basilique de Santa Novella, vers la gare.
On choisit de passer des chemins encore inconnus, on se retrouve rapidement devant le palazzo Strozzi, l’un des plus beaux exemples d’hôtels particuliers de la Renaissance. Sa construction commence en 1489, mais elle est interrompue à la suite du décès de Filipo Strozzi, elle sera achevée en 1538. C’est encore une construction massive, la façade bosselée, mais la cour intérieure est très belle, calme. Le palais est maintenant transformé en musée, accueillant des expositions temporaires.
Une grosse église baroque Piazza degli Antinori, et nous arrivons piazza de Santa Novella.
Encore une très vaste place, qui ressemble à celle de Santa Croce, une grande esplanade vide assez tristounette, sans caractère ; elle est trop étendue pour que les maisons qui l’entourent soient mises en valeur, elles manquent de cachet et rien ne vient attirer l’attention, sauf peut être l’obélisque dressé devant la basilique. Cette démesure se justifie historiquement, c’est ici que se déroulaient autrefois les courses de chevaux, mais rien n’en rappelle le souvenir, c’est dommage.
La basilique est le seul point d’attraction de la place, elle est jolie, conforme aux autres églises Renaissance que nous avons vues pendant notre séjour.
Au XIIIème siècle, il devint impératif aux yeux des dominicains d’avoir une église adaptée aux foules qui se pressaient à leurs prédications, c’est ainsi que Santa Novella vit le jour (suivie par la franciscaine Santa Croce visitée ce matin !) ; sa construction est terminée en 1360 et la façade que l’on admire aujourd’hui est bel et bien du XVème, ce n’est pas un ajout récent comme pour Santa Croce ou le magnifique Duomo !
L’entrée se fait par le jardin latéral .
L’intérieur est vraiment très beau, vaste et lumineux, un curieux mélange d’architecture gothique et de décorations presque byzantines, arabisantes ! le chœur à lui seul est un petit bijou avec son très bel autel, les grandes fresques et les vitraux.
La pièce maitresse de la basilique est la fresque de « la Trinité » de Masaccio, elle marquerait un tournant dans l’histoire de la peinture car pour la première fois un artiste y restituerait une vraie perspective, évidence encore jamais explorée. Nous sommes doublement déçus, la fresque n’est pas bien belle, d’influence encore très moyenâgeuse comparée aux merveilles des peintres de la Renaissance, et la consigne du no-photo est incontournable, cerbère veille, elle ne figurera donc pas au rang des souvenirs impérissables !
Elle sera notre dernière visite pour aujourd’hui.
JOUR 4
Il pleut ce matin, une petite pluie intense et tenace.
On avait décidé d’aller au marché ce matin pour fignoler nos courses, un dernier tour on traine davantage dans les coins des poissons, où ce sont les étalages de poulpes et pieuvres qui retiennent notre attention.
Quand on ressort, il pleut encore ; on décide de tenter la visite de la cathédrale.
L’intérieur est immense, et malgré les visiteurs il parait presque vide ; tout est démesuré ici, la longue nef de 150 mètres de long pour 90 de large et 107 de haut, c’est saisissant, et les gros piliers, et le puits de lumière sous le fameux dôme, c’est ce que je m’empresse d’aller voir, revoir la grande fresque dont nous étions si proches samedi ! Elle est considérée comme la plus grande peinture jamais réalisée ! Nous avions pris la mesure du dallage quand nous avions pris de la hauteur, voyant se dessiner à nos pieds ce bel ensemble géométrique, on l’apprécie encore en marchant dessus, retrouvant ça et là la marque des Médicis.
Ce matin le temps nous est compté, et le choix des visites restreint par la pluie qui a repris, nous décidons d’aller jeter un coup d’œil à la Galerie de l’Académie qui expose, entre autres, des sculptures de Michel-Ange (l’original du fameux « David ») ; elle n’est pas bien loin à côté de Santissima Annunziata déjà visitée ; hélas le musée est fermé le lundi, à contre cœur nous devons faire demi-tour.
L’heure du retour approche.
C’est ainsi que prendra fin notre parcours touristique de Florence, une très belle découverte, un peu perturbée par une météo hostile.
Nous n’avons pas été éblouis par la ville elle-même, mais plutôt par ses monuments, leur richesse et leur variété ; Porcellino nous a invités à revenir ; pourquoi pas ?