Un petit tour dans le vaste Monde, une pause dans une salle de spectacles, un détour par la cuisine ou auprès du sapin de Noël ... deux ou trois créations … Bienvenue chez moi , agréable visite, et n'hésitez surtout pas à laisser un commentaire. Pour être informés des articles récents, n’oubliez pas de vous abonner. A bientôt.
au compteur : 196 km
Voilà, déjà, notre dernière journée de tourisme itinérant !
Nous prenons Thousand Islands Parkway, à petite vitesse, l’occasion de revoir, du littoral, ce splendide paysage. Rien à voir avec le charme de la promenade en bateau d’hier mais de belles vues quand même sur toutes ces îles.
On longe le St Laurent, c’est drôle de penser que sur l’autre rive ce sont les Etats Unis. La route est très belle, très agréable, surprenante aussi car de loin en loin il est fait mention de champs de bataille que nous pouvons visiter, nous rappelant … nous apprenant … une page passée inaperçue de l’histoire du Canada, la guerre qui l’opposa aux Etats Unis de 1812 à 1814, quand le conflit entre français et anglais allait avoir des conséquences outre-Atlantique, les américains supportant mal l’hégémonie maritime anglaise, et profitant du fait que la Grande-Bretagne voyait son attention, ses forces et ses crédits mobilisés en Europe, pour tenter une invasion canadienne. Nous avons déjà été sensibilisés à cette guerre depuis notre arrivée, il en a été question au Québec, et hier à KINGSTON, où le tout proche Fort Henry se visite. Et donc aujourd’hui nous traversons toute une région qui s’est vue transformée en « battlefield » à la fin du XIXème siècle.
Maintenant un coup d’œil au pont de Johnston vers les USA … aux relations pacifiées …. et à CARDINAL on reprend l’autoroute 401E, abandonnant nos belles vues.
Nous arrivons à UPPER CANADA VILLAGE un peu avant midi.
UPPER CANADA VILLAGE est un village créé de toutes pièces, un musée à ciel ouvert, un saut dans le passé !
La construction d’un barrage sur le St Laurent à la fin des années 50 a irrémédiablement fait disparaitre huit villages sous les eaux, huit villages Loyalistes, huit histoires, huit traces du passé, huit mémoires …. Alors l’idée fut de faire revivre – un peu plus loin – ces lieux, ce mode de vie ; les bâtiments ont été récupérés dans la région (démontés, déplacés et reconstruits), ainsi que les outils, mobilier, vaisselle, bibelots …. Le savoir-faire transmis de génération en génération a été sollicité pour reprendre du service … un petit tour chez la costumière … et la magie opère ….
On pousse la porte d’entrée et on se retrouve en 1866.
Nous sommes au cœur d’un petit village, au bord de la rivière, au milieu des champs ; c’est tout à fait charmant.
Nous allons vers la scierie, et croisons en chemin une dame élégante en crinoline … Ah ! oui, c’est jour de mariage aujourd’hui ! La noce a lieu tout à l’heure à l’église !
Et voici la scierie des frères Beach ; Alvin et William l’ont construite il y a quelques années, la scie verticale du rez de chaussée est actionnée par un mécanisme hydraulique ! Ils ont ajouté récemment une scie circulaire ultra-moderne, il faut dire qu’ils ont du boulot à abattre avec toutes les demandes des environs ! Et la qualité de leur travail est irréprochable !
Pas bien loin, c’est le petit poste de pompiers et son chariot chargé de seaux et sa pompe !
Mais il nous faut aller saluer Mr Bellamy, le minotier … hum, ça sent bon la farine dans son moulin qui fonctionne, lui aussi, grâce à la puissance de la rivière ; il discute avec des amis, nous ne le dérangeons pas, nous allons dans le grenier nous assurer que le tri du grain s’effectue bien avant de repartir.
Nous sommes attendus à la lainerie, la toute discrète employée est appliquée à surveiller la production ! Elle travaille la laine depuis les ballots de tonte jusqu’au tissage de diverses pièces (couvertures, pièces de tissus …). Elle a à cœur de nous expliquer toutes les étapes, cardage, teinture, filage et tissage … on peut apprécier en les touchant les évolutions du « brin » de laine … du dos du mouton au produit fini !
Un autre passionné, pour la découverte d’une technique : la fabrication artisanale du balai commun … en sorgho … mais pour banal qu’il soit il doit rester un bel objet, et c’est ce à quoi s’astreint ce nouvel ouvrier. Branches de sorgho, donc, ficelle, un gros ciseau, un tour actionné au pied, et voilà le balai qui prend forme et se transforme, artistiquement tressé. C’est un plaisir de voir cet homme concentré sur son travail qu’il maitrise parfaitement.
Un rapide petit tour à la boulangerie, mais pas de production à cette heure, le boulanger a déserté sa boutique (il doit être aux préparatifs de la réception de la noce !).
Alors nous passons voir les Robertson, dans leur jolie maison jaune. C’est vraiment très coquet chez eux, une belle et grande maison, meublée avec beaucoup de goût.
Mais nous avons deux ou trois courses à faire au magasin général. Il y a toujours autant de choix ici ! On y trouve tous les outils ou ustensiles de cuisine, de jolis paniers, bien sûr les produits de consommation courante, mais aussi de belles étoffes, lainages ou coton, et quelques herbes (épices ou médecine !) …
En sortant, nous évitons une calèche qui doit sortir de chez le forgeron qui est en plein travail, chauffant le métal avant de le façonner au marteau ; dans la pièce voisine le patron négocie avec ses clients … montrons nous discrets, notre cheval vapeur n’a pas besoin de ses soins !!
13h15 … déjà ! mais le mariage a lieu dans une demi-heure !! Et tout le village converge vers la petite église ! Ils ont tous fait des efforts de toilette, les dames ont sorti gants et voilettes, les messieurs portent la cravate, même les enfants ont réussi à ne pas se salir !
On laisse passer le joli cortège. Comme tous les visiteurs nous sommes invités à la cérémonie, mais la petite église a bien du mal à absorber tout ce monde, elle est déjà pleine à craquer et la mariée n’est pas encore arrivée !
Nous préférons en profiter pour continuer notre promenade, et aller saluer le pasteur ; hélas, bien sûr, il est déjà à l’église et sa fille s’apprête à le rejoindre, pas de chance, on repassera plus tard !
Mais voilà que la calèche de la fiancée se présente conduite par le vieux cocher barbu, fier de mener pareil équipage, les parents et les deux sœurs Crysler, le reste de la famille ayant déjà pris place dans l’église.
Regain d’effervescence, et pour nous l’occasion de nous éclipser vers la loge maçonnique, déserte ! Elle fait partie des nombreuses loges fraternelles du pays, de l’extérieur on dirait une simple cabane ; l’intérieur est aménagé pour les réunions.
Il en est un qui n’a pas interrompu son labeur, c’est le cordonnier, il est penché sur son ouvrage, et nous salue à peine ; pourtant on admire son travail, de la bonne chaussure, du solide, pleine peau ! Il sait aussi façonner des jolis souliers de dame, fins et souples ou de jolis petits chaussons pour enfants ; tout ça fait à la main bien sûr, coupe, assemblage, coutures !
Juste à côté, dans la maison voisine, le jeune ferblantier, lui aussi est à la tâche. On est entrés par le petit magasin accolé à son atelier, c’est là qu’on le trouve en train de finir de fixer l’anse d’un mug. Lui non plus n’a pas trop le temps de discuter, sans doute une commande urgente en attente.
En retournant vers le centre du village, nous constatons que la maison du pasteur est accessible, on va donc y jeter un coup d’œil ; maison cossue, et familiale, le pasteur vivant avec femme et enfants !
Allez, on ne peut tout de même pas bouder l’invitation qui nous a été faite et manquer la cérémonie du mariage, nous n’y ferons qu’une apparition, nous montons jusqu’à la tribune, de là on a une vue imprenable sur l’autel et les mariés, l’assistance assise dans de petits boxes ; ils n’ont pas encore échangé leurs vœux … on peut repartir un moment.
Direction la taverne ! l’endroit serait presque désert …. Sans quelques irréductibles ! Mr Cook nous accueille avec plaisir, il nous fait visiter son établissement, ses chambres à l’étage, avec le mariage, l’hôtel est plein ; quelques voyageurs ont laissé leurs lourdes valises pour aller à la fête. Mrs Cook est plus réservée, elle surveille l’entrée de la taverne où sont servies bières au gingembre ou boisson à la salsepareille (Gargamelle ne doit pas être bien loin !).
Nous voici devant la maison des Crysler, une belle demeure construite entre 1846 et 1848. La maison est superbe, de style colonial avec de hautes colonnes blanches sur la façade de briques rouges… on a l’impression qu’on va croiser Scarlett O’Hara !
Derrière la maison, dans le jardin, tout est prêt ou presque pour la réception, le personnel de maison s’affaire aux ultimes mises en place autour des tables décorées.
La gouvernante peut nous recevoir et accepte de nous faire visiter la maison, qui est magnifique ! Mr Crysler est un notable, membre de l’Assemblée Législative, juge de paix et officier d’état civil du comté, il a une demeure à la hauteur de sa charge ! De nombreuses et vastes pièces, bureau, salon de musique, la famille aime et sait recevoir, plan de table et menu sont affichés … quel luxe ! A l’étage, une exposition rend hommage aux héros canadiens, hommes et femmes de l’ombre que leur courage a rendus célèbres. (les belles fenêtres vitrées viennent de la maison d’un Al Capone local …. Mais c’est une autre histoire !)
Petit à petit les invités sont arrivés, dans le jardin les mariés reçoivent maintenant les félicitations de tous, bientôt l’heure du gâteau ….
Mais notre visite ne s’arrête pas là ! Nous faisons un petit tour chez le médecin, il y vit avec sa famille, et a aménagé une pièce au rez de chaussée pour recevoir ses malades ; en cas de besoin, il peut même en héberger un ou deux. Ses « instruments » de travail sont soigneusement rangés sur sa table d’auscultation, nous sommes en bonne santé, heureusement …
Des sutures à la couture il n’y a qu’un pas que nous franchissons en entrant dans l’atelier de la couturière, elle a eu fort à faire avec la robe de la mariée, celles de sa mère, d’autres invitées. Cet après-midi, elle reste au calme, accueillant simplement les visiteurs intéressés par son travail qu’elle est fière d’exhiber, et il y a de quoi, de belles et fines piqûres régulières, toutes à la main, bien sûr, comment en serait-il autrement ? et les jupons, corsages, vestes … en cotonnade, taffetas, ou soie selon la demande … la modeste cousette vit dans une toute petite pièce attenante.
Une visite plus « odorante » maintenant, quoique aujourd’hui il n’y ait pas de production … de cheddar ! du coup les fromagers sont disponibles pour nous expliquer les différentes étapes de la fabrication de ces grosses meules du fromage traditionnel canadien, coloré d’après eux pour le différencier de l’homologue anglais … plus pur.
Nous sommes arrivés par cette transition à la ferme des Loucks, signalée par d’adorables porcelets qui gambadent en liberté, on se lie rapidement d’amitié avec eux qui nous conduisent vers leur charmante maman, en pause tétée … et plus loin à leur papa, gros poussa avachi !
La ferme se compose de nombreux bâtiments et remises, pour les animaux, les outils ; pour le moment vaches et chevaux sont dans les champs avoisinants, venant à notre rencontre en échange de quelques brins d’herbe ; les taureaux sont isolés un peu plus loin.
Un peu à l’écart, le métayer nous invite à visiter brièvement son modeste foyer, bien petit et chichement meublé par rapport aux jolies maisons déjà vues… mais il a un toit, un travail et s’en satisfait.
En contrebas du village, la salle du centre d’activités familiales, ou le moyen de s’adonner à de petits jeux : jacquet, dominos, mais aussi bulles de savon, dessins sur métal ou calligraphie, toutes ces activités qui occupent les longues soirées une fois toutes les corvées accomplies.
Nous remontons vers le centre-ville en traversant le joli potager de la ferme, quels beaux légumes ! le fermier est justement en train d’en prendre soin, penché sur ses plantations.
Un peu à l’écart, au milieu d’un pré voici l’école, l’institutrice est à son bureau, nous sommes surpris par la disposition de la pièce : un gros poêle central et les pupitres collés aux murs tout autour. Au tableau une phrase de morale à méditer : « Money like manure is no good, until it is spread » (l’argent comme le fumier n’est pas bon jusqu’à ce qu'il soit répandu).
Notre visite reste studieuse car nous voici dans les locaux de « La Gazette », le journal local, un premier bureau avant d’entrer dans l’imprimerie, où la journaliste s’active autour de sa presse pour sortir ses épreuves. Demain elle relatera sûrement les festivités du jour !
Nous passons saluer les couturières de la maison des McDiarmid, ici le travail est collectif … et magnifique ! Ces dames sont penchées sur de délicates pièces de patchwork, la couverture en cours trône au centre de la pièce sur des tréteaux, une autre courtepointe terminée est étalée sur un meuble.
Autre maison, autre travail délicat, celui de l’ébéniste, les chaises qu’il vient de terminer sont très belles, un travail très fin.
Les hommes ne sont pas les seuls à la tâche ici, les chevaux sont aussi mis à contribution, pour les travaux des champs et pour les transports, des chariots mais aussi, sur le chemin de halage, du bateau du village, qui, si aujourd’hui il promène des voyageurs, transporte habituellement toutes sortes de marchandises ou matériaux. Ca sera notre petite croisière du jour ! Une plaisante balade sur le petit canal dans une grande barge, tirée, donc, du rivage par un cheval.
Il nous dépose à l’embarcadère, un dernier petit tour, la réception est terminée, le temps est surement venu d’un diner plus intime.
A regret nous partons sur la pointe des pieds, et à 17h c’est la fin de l’aventure de « retour vers le futur », on fait un saut de 150 ans, tous les objets que nous avons vu façonner à la main sont dans la boutique, ainsi que les fromages, gâteaux ou confiseries.
Journée très agréable ! On a déjà visité ce genre d’ «écomusée » en France, on avait vu Bodie en Californie, mais ce qu’il y a de particulier ici c’est justement ce mélange d’animations d’époque dans des murs d’époque, des murs qui ont une histoire, qui ont été soigneusement sélectionnés, et transportés jusqu’ici avec leur pédigrée.
Maintenant direction l’hôtel, à CORNWALL, pour notre dernière nuit d’itinérants. La fin du voyage qui commence à annoncer la fin des vacances hélas ! C’est fou, on n’a pas vu passer ces semaines …. Mais la fête n’est pas finie ….