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Un petit tour dans le vaste Monde, une pause dans une salle de spectacles, un détour par la cuisine ou auprès du sapin de Noël ... deux ou trois créations … Bienvenue chez moi , agréable visite, et n'hésitez surtout pas à laisser un commentaire. Pour être informés des articles récents, n’oubliez pas de vous abonner. A bientôt.

RER D - mésaventure noctilienne

Hier soir la soirée avait plutôt bien commencé : restau et théâtre.
Banlieusarde, je choisis les transports en commun pour mes rares déplacements parisiens !

Donc, à la sortie du spectacle direction la gare du Nord ... si mal famée et pourtant bien inoffensive quand, en fin de soirée, début de nuit pour certains,  un personnel ouvrier fourbu attend le train qui le rendra enfin à ses foyers.
Nous avons en vue le 23h ; et  donc, l'espoir d'être dans une heure à la maison ... sortie raisonnable !


Mais dans la gare résonne des messages de retard, les panneaux d’affichage itou, une information défile en boucle : « suite à un problème de caténaire la circulation est interrompue en Paris-Gare de Lyon et Villeneuve Saint Georges ! M…. ! Mon cher mari, qui, lui, se coltine les services de la RATP matin et soir (par tous les temps et tous les caprices des employés de cette glorieuse entreprise  ou frénésie suicidaire des passagers !!) … bref mon homme se veut plutôt rassurant …. Il en a traversé quelques autres … en grand stratège il a son plan : contourner l’obstacle et s’assurer du bien fondé de cette annonce calamiteuse (si l’incident est léger, nous aurons Gare de Lyon des informations plus précises ; si l’accident est grave, un moyen de substitution sera proposé).

En route donc pour rallier la Gare de Lyon … et on enchaine deux RER B et A !! A une heure aussi tardive, nous avons la chance de ne pas trop attendre, et bien sûr pas de bousculade.

Et toujours les mêmes informations : pas de train, circulation interrompue .. toutes nos excuses .. mais toujours pas d’annonce d’un plan B, ce qui en toute logique revient à dire – enfin, c’est comme ça que je l’interprète : la situation est problématique mais pas désespérée, on s’occupe de réparer, tout va rapidement rentrer dans l’ordre !

Sauf que le quai est quand même bien chargé …. Que les gens parlent d’un incident survenu avant 21h ? Un employé lâche l’info comme quoi il y aurait des départs « en surface » (les stations RER et métro étant souterraines !) … petit mouvement de foule par-ci par-là …. Et d’un coup ruée dans un sens, puis un autre !!!! ah Panurge, quand tu nous tiens !! Bref, on a décidé d’aller faire un tour en surface pour tenter de dépatouiller l’affaire. Dans la grande salle des pas perdus, des grappes de voyageurs sous les panneaux d’affichage qui répètent à l’infini « retardé – trafic interrompu » … ce sont les seules informations que nous aurons car de personnel il n’y a point !!! pas âme qui vive …. Allons voir sur les quais des grandes lignes … oups !!!! y’a du monde et ça commence à être moins patient …. Le grand air les aurait réveillés ?? Ca commence à hausser le ton, le malheureux employé dans sa guérite est pris à parti … Bon, et nous, si on se posait un peu … parce que les quais de ces gares de transit ne sont vraiment pas conçus pour attendre confortablement … les fauteuils ont été remplacés par des « repose fesses », et ceci sur les quais ! dans la salle d’attente que je viens de mentionner, rien ! pas un muret ou l’amorce d’un comptoir ou quoique ce soit pour soulager l’impatient !!!! qu’il patiente … mais debout, dans les courants d’air (il faisait 0° hier J) …. Non, halte, là tu es de mauvaise foi, il y a des espaces tout confort ….. au bout du bout de la gare, loin des infos et des accès aux quais !!! Un petit coin ma foi bien tranquille quand on a beaucoup d’avance … ou qu’on est arrivé en retard !!


Bref, si je puis dire, nous arpentons ce hall sans âme, pêchant une info par ici, un plan du dédale par là, et nous informons sur les stations du Noctilien, géniale invention qui permet aux voyageurs de rejoindre leur home sweet home lorsque le trafic ferroviaire fait relâche pour la nuit. C’est pas gagné mais on va y arriver ! Oh ! des toilettes, bonne idée, ça va faire diversion, et si on doit encore poireauter, ça va nous libérer d’un souci … Oh ! mais quel dommage, ce lieu salvateur est fermé .. une petite pancarte nous invite à aller, à l’autre bout de la gare, nous soulager plus loin, qu’à cela ne tienne … et puis c’est sur le chemin vers l’extérieur et les bus de nuit. Nous nous présentons, fort courtoisement, à l’employée en faction, reçus par un aigre  « bon, on va pas y passer la nuit !  je ferme » (pour infos les trains, au moins les RER, circulent jusqu’à 0h30 au moins ) …. Nous négocions notre passage ; à la nuance près que l’accès à ce lieu d’indispensable confort est payant – normal – il faut insérer une petite pièce de 50cts pour pouvoir enfin laisser s’exprimer Dame Nature, sauf que dans notre cas, piteux, il est vrai, nous n’avons bien sûr qu’une pièce pour deux … magnanime, mon chevalier servant se sacrifie, j’interpelle poliment la tôlière : « auriez vous la monnaie ? », sa réponse me laisse sans voix, un oui laconique et non suivi d’effet … j’envisage gracieusement la possibilité pour les messieurs de se soulager derrière un pilier sans l’émouvoir ! Je n’aurai que la mesquine petite satisfaction, une fois dans les lieux, de prendre tout mon temps bien consciente qu’elle comme nous sommes dans la même galère et qu’elle ne rentrera pas plus vite chez elle parce qu’elle s’est montrée désagréable.


L’expédition se joue maintenant en extérieur. Il faut dégoter ce fichu arrêt et s’assurer des horaires, au cas où … mais il doit bien y avoir un service de remplacement, de ceux dont on entend parler dans des coups pareils, les fameux bus de substitution mis au service des usagers.


On repère, de loin un arrêt et une guérite estampillée « Noctilien informations », yes ! là on va se dépatouiller, avec un peu de chance, la RATP a pris l’initiative d’avancer les horaires de rotation pour suppléer le trafic ferroviaire en panne ! macache ! le service prend le relai des trains à son heure, on ne va pas, quand même, anticiper le boulot ! donc pas de bus, et le bureau des renseignements closed, sans plan du quartier pour orienter les fêtards qui auraient loupé leur dernière rame, tu penses, trop facile ! Bon, Paris la nuit n’est pas si mort, et on trouve bien un passant qui nous renseigne, le saint homme.


Direction indiquée, chemin tout tracé, on s’y voit déjà. En cours de route nous tombons sur un attroupement, genre tous les passagers qui n’ont pas pu prendre leurs trains de banlieue depuis 21/22h ce soir ; ça fait du monde surtout qu’un car arborant l’annonce « service RAPT » se pointe. Alors là c’est la ruée, presque l’émeute ! Une vague humaine se rue vers lui, le chauffeur commet l’irréparable erreur d’ouvrir sa porte pour répondre aux questions, et là, en plein carrefour, à Paris, devant la gare de Lyon, on ne circule plus ; le bus est de travers, prêt à prendre son dernier virage, la horde se rue à l’intérieur, s’écrasant bien un peu au passage, on voit des livres qui tombent, des magazines abandonnés sur la chaussée, un sac éventré, qu’importe, les soixante places assises sont occupées, le couloir bondé, le chauffeur écrasé (bien incapable, même s’il avait voulu de conduire) et on s’entasse, et on pousse et on s’invective, puis on passe aux insultes … la situation sera temporisée par la police qui vient mettre un peu d’ordre dans ce monumental foutoir.

Malgré la bonne volonté conjuguée des policiers et du chauffeur qui tentent de ramener à la raison ce petit monde en ébullition, demandant aux passagers debout, et en particulier ceux qui, sur les marches du car, empêchent la fermeture des portes, de bien vouloir descendre pour laisser le car partir et les rotations se faire régulièrement, personne ne bouge … j’entends même une femme dire qu’elle s’en fout, que si elle ne part pas, les autres ne partiront pas non plus !! Quelle grandeur d’âme !


Et la police de materner cette foule, rappelant aux gens que ce n’est pas bien de rester sur la chaussée, qu’il faut faire attention en traversant la rue (un autre bus est arrivé plus loin provoquant une envolée de moineaux qui ont filé vers ce radeau au mépris de toutes règles de sécurité !). Le car peut enfin démarrer …. Quelques pauvres cons nous saluent de la main ; ravis d’être les rats qui quittent le navire en laissant les autres sur la touche ! Savoure, abruti, ce que tu ne sais pas c’est que ton bateau prend l’eau et qu’il va s’immobiliser dix mètres plus loin histoire de libérer le bouchon que tu as causé, et que les consignes de sécurité du transport en commun vont t’être rappelées …  et que faute d’obtempérer personne ne rentrera chez lui .. au moins dans ce bus.


Lassés d’assister à ce cirque si peu glorieux, nous nous résolvons à aller prendre place dans la file d’attente des bus de nuit, observant les petites tractations des uns ou des autres pour partager un taxi, trouver le plan B idoine, sauver sa peau même si pour cela il doit piétiner son voisin. De micro conversations s’amorcent : ah, tiens vous êtes un habitué, ah, oui, il fait compter une heure un quart pour arriver, oui, oui, il fait omnibus … après tout au point où on en est … il est minuit et demi, encore une petite heure à tenir, ça va il ne fait pas trop froid, et il ne pleut pas, c’est cool finalement, dis donc chéri, tu parles d’une aventure, tu te  lèves à quelle heure demain, et tu crois que tu auras un train … ?


Un temps, on avait pensé se poser dans un petit troquet, au chaud devant un café ; mais l’aventure de la bétaillère nous a calmés, tu laisses passer ton tour et tu ne rentres qu’à … pfft … pas d’heure chez toi !


Nous avons la chance infinie de ne pas avoir d’obligation, genre pas d’enfants chez la nounou à récupérer, ou autre …. Ce qui nous laisse assez sereins finalement, effarés de voir chez nos congénères les instincts individualistes ressurgir si vite, si facilement.

La bonne surprise est que le bus qui nous concerne est fixé à 1h du matin (nous pensions qu’il passait à 1h30 … on se réjouit comme on peut !).


Alors, là c’est chacun pour sa peau ! je ne suis pas ce qu’il convient d’appeler une frêle personne, et n’affiche pas encore un âge trop avancé, ce qui m’a permis de m’arc-bouter quand la déferlante m’a propulsée vers la petite entrée du bus !!! Mon mari, un peu en retrait m’invitant à monter « rentre à la maison, j’arrive quand je peux ! » ….
Titanic … Rose sur son radeau et Jack qui flanche …. Mais moi mon Jack je ne le laisse pas sombrer ! Une fois dans le bus, je lui garde sa place …. Grrr … touche pas, c’est pour mon homme … aller, héroïsme bien vainc puisqu’à la force des poignets, il réussit à son tour se hisser à bord … SAUVES !!! Ah ! Chérie, la maison, les enfants, notre lit douillet  !!! attends, camarade, t’es quand même pas tiré d’affaire !!!


Bon, petit flashback sur la montée .. des marches … pour préciser que nous sommes maintenant dans un service de transport ré-gu-lier, il n’est plus question de bus de remplacement mais d’une ligne ordinaire où on doit circuler avec un titre de transport valide !!! le cirque, la criiiise ! entre le chauffeur qui surveille, son acolyte qui pointe … et tous ceux dehors qui poussent !!!! on donne encore dans le grandiose …. Personne n’a tort, tout le monde a raison, chacun a ses priorités …. Ça ne fait pas avancer les choses .. et je passe sur les « vous passez bien par tel ou tel endroit ? » .. hey, pôve naze .. il suit la ligne de ton train habituel, tu captes ?


Et puis il y a un cas de force majeure, une jeune femme avec une poussette … et dans la poussette … un bébé …. Malheur, le chauffeur ouvre la porte arrière pour faire entrer cet équipage …. Tire à vue, camarade sinon ils vont te piétiner !!! et lui de ressasser sa litanie : « je prends l’autoroute, personne debout dans le car, sinon on ne part pas ! » … Ok, Ok … roule …. Mais dehors, y’a un teigneux qui ne l’entend pas de cette oreille et qui a décidé d’empêcher la porte de se fermer, lui n’a plus rien à perdre puisqu’il reste sur le trottoir  …. Aller roule, bonhomme, il finira par se détacher !!!  Pauvre monde !!


En voilà les naufragés du RER D, larguant enfin les amarres, laissant dans les cent personnes en rade (drôle, non ? si, un peu quand même !! 
J) .. aller, le prochain est dans une demie heure … disons vingt minutes après le retard qu’on a pris !!!

Tout pourrait être parfait, sans cette maudite odeur de vomi qui empoisonne l’atmosphère ! le bus des fêtards, j’vous dis !!! Chacun se cale sur sa place, on sort les livres, les mots croisés, les portables (ça y est j’ai pu en avoir un j’arrive …. Dans une heure ou plus !! L) … je m’enveloppe dans mon écharpe pour m’isoler de cette puanteur … j’observe le paysage, l’oreille collée aux conversations qui vont bon train, bercée par la musique de Chérie FM !


On fait toutes, mais TOUTES, les gares de la ligne ; le chauffeur devant à chaque station renouveler les refus de laisser les passagers descendre au feu ou au coin de rue proche de chez eux ; jugulaire, jugulaire, on ne la lui fait pas, il a l’habitude des excités nocturnes, sauf que ce soir, ils sont plus nombreux et bien plus énervés …  certains galèrent depuis plus de quatre heures sans en voir le bout, quand même.

J'en profite pour fustiger ici la RATP, épargnée jusque là ... il faut tout de même bien réaliser que, quatre heures donc après l'incident, AUCUNE information utile n'est diffusée, j'entends par là la communication de renseignements clairs concernant l'existence même des navettes, les lieux où les prendre, les cycles de rotation qui auraient calmé un peu les gens ... et aussi, à l'évidence un volume et une cadence adaptés au nombre quand même conséquent de passagers ! Mais lorsque nous sommes sortis de la gare vers minuit, rien de tout cela n'était mis en place ! Et même si le trafic RER était sur le point de fermer (à minuit passé, là encore, pas à 22h !!) je pense que nous payons assez cher le droit d'avoir un service de qualité quelque soit l'heure, d'autant que la nuit, tout le monde sait que les choses deviennent vite disproportionnées dans ce genre de situation !

Revenons à notre périple qui s'achève .... longeant les voies ferrées, nous croisons des TGV immobilisés et leurs passagers, pas de plan de secours pour eux, qui ont aussi des rendez vous, des attentes au bout du voyage ; qui sait une correspondance, ou un avion à prendre ….

Terminus, 2h30, on récupère la voiture sous une pluie fine, plaisantant de cette épopée ; consternés par le manque d’humanité générale …. Et on nous parle de solidarité ??? où ? pourquoi ? pour qui ? … pour des malheureux au bout du monde ou sous un pont … mais au pied du mur, les beaux sentiments se délitent et  la bête pointe son nez ! Et il ne s’agissait QUE de rentrer chez soi, pas de guerre ou d’exode, pas Tchernobyl non plus … juste quelques heures de sommeil à épargner !!!


Bon, aller , on dort, le réveil sonne dans trois heures
!  

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