Un petit tour dans le vaste Monde, une pause dans une salle de spectacles, un détour par la cuisine ou auprès du sapin de Noël ... deux ou trois créations … Bienvenue chez moi , agréable visite, et n'hésitez surtout pas à laisser un commentaire. Pour être informés des articles récents, n’oubliez pas de vous abonner. A bientôt.
ORADOUR SUR GLANE est une charmante petite bourgade du Limousin, à une vingtaine de kilomètres de LIMOGES. Un peu plus de 1500 âmes, habitant dans le bourg (environ 300) ou disséminés dans la verte campagne. Il y fait bon vivre, les commerces et les échoppes d’artisans prospèrent, les enfants vont à l’école, on se retrouve à l’église, on se croise sur la place principale. Le tramway assure le lien avec la grande ville voisine.
Quand la guerre survient, en 1939, la municipalité annule la fête du village. On fait face aux mauvais jours, les limougeauds viennent s’approvisionner … la vie continue.
6 juin 1944, les alliés ont débarqué en Normandie. Dans la région de MONTAUBAN les boches s’agitent, se regroupent, accentuent leur chasse aux résistants. Le 9 juin, c’est TULLE qui est touchée : 99 exécutions et la déportation d’un grand nombre d’habitants.
Le 10 juin, le régiment Waffen SS Der Führer encercle le paisible village. Le ratissage méthodique et violent commence, les habitants sont traqués, regroupés sur la place du Champ de foire, les hommes conduits en petit groupes dans des lieux stratégiques, sans issue (hangar, garage ..), les femmes, enfants emmenés dans l’église … les récalcitrants abattus sur place …
La suite, on la connait … 642 morts … la ville mise à sac, incendiée, tout est mis en œuvre pour qu’il n’y ait aucun témoin et que les cadavres ne soient pas identifiables.
Et le silence s’abat sur la ville … définitivement.
Le 28 novembre 1944, le Gouvernement provisoire, mesurant déjà l’ampleur du martyr, décide de conserver les ruines en l’état, témoignant à jamais de la barbarie de ce jour.
Petit à petit, ORADOUR renait, tant bien que mal, à côté des ruines. Les fleurs aux fenêtres et les couleurs aux volets mettront des années à revenir.
La commémoration du souvenir s’organise, les gouvernants se succèdent à ORADOUR … le 16 juillet 1999, 55 ans après de drame, Jacques CHIRAC inaugure le Centre de la Mémoire.
C’est la porte d’accès au village martyr – aux ruines. Ce n’est pas un musée ou un hall d’exposition, c’est un espace d’accueil et d’information, une démarche purement pédagogique. Au fil des salles, longs couloirs sombres, l’Histoire se livre, de la montée du nazisme en 1933 jusqu’à la reconnaissance nationale d’Oradour en 1953. Les enjeux sont rappelés, les événements replacés ; le village présenté, la chronologie et les responsables exposés.
Une vidéo tourne racontant ORADOUR et son martyr ; on traverse enfin un espace de réflexion livrant des messages de paix avant d’entrer dans le village assassiné le 10 juin 1944.
« SOUVIENS-TOI
REMEMBER »
C’est assez troublant.
Rues désertées, maisons effondrées dont il ne subsiste que les façades. Ici et là des plaques rappellent les occupants de l’époque : boulangers, coiffeurs, garagistes, couturières, marchands de grains … et puis il y a ces affichages « Ici lieu de supplice, un groupe d’hommes fut massacré et brûlé par les nazis. Recueillez-vous ».
Et, il y a l’église … le toit explosé (il devait ensevelir les victimes, achevant les survivants et faisant disparaitre les corps)…
Et il y a, sur les murs de l’église, les impacts de balles … qui ont tué ... celles qui ont traversé la plaque commémorant les morts pour la France en 14-18 … tout un symbole.
Des vestiges de la vie quotidienne sont disséminés ça et là : carcasses de voitures, machines à coudre, vélos, outils …
Impression très bizarre, entre colère, malaise, curiosité … et étonnement de voir, mi-septembre, en pleine semaine, un nombre assez important de visiteurs cosmopolites. Une tour de Babel dans ce lieu de mémoire, dont de nombreux accents germaniques pour lesquels je ne peux m’empêcher de me demander comment ils appréhendent ces crimes.
Un peu à l’écart du village, son cimetière, dominé par la haute colonne commémorative. Derrière l’interminable liste des noms, une multitude de plaques, des hommages de tous horizons. La stèle du monument marque le tombeau de toutes ces victimes, elle est dotée de deux catafalques vitrés laissant voir l’horreur exacte d’ORADOUR : ossements et cendres mêlés ramassés sur les lieux de martyr. La traversée du cimetière est particulièrement émouvante, sur presque chaque caveau on trouve une plaque rappelant une victime du 10 juin 1944, quand ce ne sont pas des familles entières qui ont été balayées.
Il faut compter environ trois heures pour visiter le site d’ORADOUR, centre et village martyr, dont, je le souligne encore, l’importance de la fréquentation m’a étonnée, soulignant si besoin, la valeur symbolique de l’endroit aux yeux de tous puisque beaucoup d’étrangers circulaient dans ces rues.
SOUVIENS-TOI
REMEMBER …
Dès l’automne 1944, l’artiste espagnol FENOSA réalise une statue hommage aux martyrs, une silhouette féminine émergeant des flammes, elle ne sera installée entre le village martyr et la ville contemporaine qu’en 1999.
Nous avons séjourné à quelques kilomètres d'ORADOUR SUR GLANE, à SAINT JUNIEN.
Gîte et chambre d'hôtes d'ANTARDIEU : perdue en pleine nature, cette ferme a été réaménagée avec beaucoup de goût et offre tout le confort nécessaire.
Nous avons apprécié ce petit îlot de calme et de charme, tout autant que l'accueil chaleureux du propriétaire ... qui assure aussi la bonne marche de la pizzeria voisine, servant de copieuses et savoureuses pizzas et de bons desserts !
Même satisfaction quand arrive le petit déjeuner, qui nous permet de déguster des charcuteries et fromages régionaux, du miel de pays et des confitures maison !