Un petit tour dans le vaste Monde, une pause dans une salle de spectacles, un détour par la cuisine ou auprès du sapin de Noël ... deux ou trois créations … Bienvenue chez moi , agréable visite, et n'hésitez surtout pas à laisser un commentaire. Pour être informés des articles récents, n’oubliez pas de vous abonner. A bientôt.
Un anniversaire capital, qu'il est capital de graver en capitales ; le choix s'arrête sur une capitale, ça sera M A D R I D !
Jour # I
Pour profiter au maximum de notre escapade, nous avons choisi de partir de bonne heure : notre avion décolle de Paris à 7h15 et notre arrivée à Madrid est prévue pour 9h20 ; ceci implique d’être à Roissy vers 5h !!
Après un vol sans souci, à 9h20, nous sommes en territoire espagnol ! récupération rapide de notre bagage, on cherche ensuite le guichet de vente des cartes de transports et on y achète nos coupons sans difficulté ; et voilà, une heure après notre arrivée, nous n’avons plus qu’à sauter dans le métro, effectuer les changements nécessaires et après quelques hésitations dans le quartier de La Latina, nous voici enfin à l’hôtel, il est environ 11h30 mais notre chambre ne sera disponible que vers 15h.
Nous voici livrés à nous-mêmes pour quelques heures !!! On a repéré dans nos guides touristiques qu’un marché aux puces a lieu aujourd’hui au Rastro. En route donc pour cette première visite qui sort un peu des sentiers battus touristiques !
Ce marché a lieu tous les dimanches matin de 9 heures à 15 heures et il occupe nombre de rues et places de La Latina, un quartier très populaire. Le centre du marché est plaza Cascorro.
Toutes sortes de marchandises se côtoient : vêtements, chaussures, chapeaux, bijoux fantaisie, meubles, antiquités, instruments de musique et bien sûr éventails, les « abanicos » sont en vente partout ici, variés, colorés et surtout bon marché ! Dans nos pérégrinations, nous tombons aussi sur une place réservée aux ventes/échanges de cartes de collection, telles les Panini, ou encore les cartes « Magic ». On circule avec plaisir au milieu d’une foule compacte, une rare cohue ! Tout ceci dans une forte odeur de cuir ! De rue en rue, on découvre de jolies placettes décorées de statues, des églises, différentes boutiques.
On passe ainsi par la Plaza del general Vara del Rey, bordée de quelques belles maisons, les stands tenus par des personnages hauts en couleurs ! Puis la délicate église de San Millan et Cayetano.
Nous voici maintenant devant les ruines de l’ancien couvent de Las Escuelas Pias, dans le quartier de Lavapies. Jusqu’en 1492, année de l’expulsion de juifs d’Espagne, le quartier est juif ; le couvent est ensuite construit à l’emplacement de l’ancienne synagogue dans ce faubourg madrilène. Il est incendié le 19 juillet 1936, au début de la Guerre Civile. Laissé à l’abandon, la remise en état ne date que de 2002, le site est alors transformé en bibliothèque, et les vestiges du clocher conservés en l’état.
Nous voici Plaza del Campillo del Mundo Nuevo, c’est là que se font les marchandages de cartes. Une belle statue à la gloire de la protection infantile décore cette place, pour la petite histoire, déplacée en 1920, elle a retrouvé sa place en 2003 !
Cette promenade nous donne l’occasion de découvrir les jolies plaques de rue de Madrid, chargées de poésie, illustrant le nom qu’elles représentent.
De là, on descend jusqu’à la Puerta de Toledo, passant devant le grand bâtiment du marché du quartier. On trouve nos repères sur la Glorietta de Puerta de Toledo ; avec son grand arc de triomphe ouvrant sur le Madrid moderne, elle sera désormais notre station de métro régulière, le trajet jusqu’à l’hôtel étant très simple de ce point, nous évitant d’aller nous perdre dans les ruelles madrilènes.
En quittant l’hôtel tout à l’heure, nous avions aperçu la monumentale basilique San Francisco El Grande, jaune et grise. Revenus sur place, nous cédons à la tentation d’aller y jeter un coup d’œil, plus précisément aux jardins attenants, « el Parque Dalieda de San Francisco ». C’est une agréable promenade bien aménagée, de 4 400 m² et dont la spécificité est de privilégier la culture des dahlias, d’où son nom ! Pause photos et point de vue.
Dans l’après midi nous retournons à l’hôtel pour régler les formalités d’arrivée et découvrir notre chambre !
Nous repartons en début de soirée à la conquête de Madrid. Nous longeons la basilique et suivant la calle Bailen, nous arrivons sur un grand pont – vitré – duquel nous avons une vue bien dégagée sur le côté de la cathédrale de la Almudena, hélas cernée par des grues.
Le pont franchi, nous allons jeter un coup d’œil à la cathédrale alors que le soleil se couche.
Sur le parvis de la cathédrale, Jean-Paul II veille sur la capitale du haut de sa stèle. Nous nous attardons un peu à regarder de près les lourdes portes (en bronze ?) sur l’une d’elles le couple royal actuel est très reconnaissable !
Après avoir longé cette belle, et récente construction, nous arrivons devant la cour d’honneur du Palais Royal qui fait face à l’entrée principale de la cathédrale, formant un ensemble très harmonieux de style baroque. La grande place est en partie « mangée » par une grande palissade, il y a d’importants travaux sur le parvis.
Nous remontons ensuite les allées de la Plaza Oriente (du nom originel du palais royal, autrefois appelé Palacio de Oriente !), un premier bonsoir à la belle statue de Philippe IV qui trône au milieu des allées, et nous arrivons au Théâtre Royal, puis la plaza Isabel II, là les travaux sont monstrueux, et la place entière, devant l’entrée principale de l’Opéra, n’est qu’un vaste chantier impraticable ! Cap vers la Puerta del Sol ! Nous la découvrons avec toute son animation nocturne, les grands magasins qui la bordent aux enseignes internationales, les néons de « Tio Pepe » immanquables, et dans les rues adjacentes, une particularité espagnole : les salles de jeux, elles sont nombreuses, semblent être accessibles sans trop de restrictions … et bien sûr dans ces rues si touristiques, des tas de boutiques de souvenirs qui proposent, outre les articles classiques, toujours des éventails, des articles de Tolède et beaucoup d’armures et armes, utilisant le prétexte de la proximité de Tolède.
Un dernier saut jusqu’à Gran Via pour un rapide coup d’œil à cette « grande voie » puis nous nous mettons à la recherche, sérieuse, d’un endroit où diner. Ca sera le restaurant « Carpe Diem », dans une petite rue près de la station de métro Callao. Nous y passons une très agréable soirée, bonne table et bon accueil, nous découvrons, à la table voisine, le repas grignotage, les clients commandent des plats « racionnes », et picorent chacun dans ces portions de jambon, pommes de terre en sauce épicée …
Douche froide à la sortie : une petite pluie nous accueille …. Il parait qu’il ne pleut jamais à Madrid selon le « Petit Futé », pas si futé !!! On décide malgré tout de rentrer à pied, la pluie est fine mais pénétrante ! Après tout la Plaza Oriente, le Palais, la Cathédrale sous la pluie, la nuit, ont un charme bien particulier !
Une façon bien particulière d’arroser notre arrivée !!!
Jour # II
Le soleil est revenu sur Madrid.
Aujourd’hui, pour découvrir la ville, on a décidé d’enchainer deux itinéraires trouvés sur internet qui nous font revoir le quartier du palais Royal et enchainer vers la Puerta del Sol et la Plaza Mayor, plan de route auquel je voudrais ajouter la Plaza d’España toute proche.
Nous voilà donc partis, premier arrêt à la basilique San Francisco El Grande. La basilique royale est édifiée sur l’emplacement d’un ancien couvent dont on a déjà des traces au XIIIème siècle, mais la construction actuelle date de la fin du XVIIIème siècle, avec la patte de Francesco SABATINI, architecte que l’on retrouve sans cesse dans les plans des monuments madrilènes de cette époque (Palais Royal, portes de San Vicente et Alcala, …). Un rapide coup d’œil à l’intérieur, la coupole est magnifique, mais les femmes de ménage s’activent, on les laisse tranquilles.
Nouvelle traversée du pont dans l’enfilade de la calle de Segovia : il y a une confusion sur le nom de ce pont, dont on ne saura jamais comment il s’appelle, si toutefois il a un nom à part le fait qu’il est dans la calle de Bailen ! En effet, il y a, à Madrid, un Puente de Segovia, qui a l’air très joli, avec des arches … mais il n’est mentionné nulle part, sauf sur ma carte où il est matérialisé par un petit dessin particulier, mais on n’en verra aucune autre illustration ou carte postale, et sur notre guide, le « pont de Segovia » semble être celui que nous traversons, dans ce quartier, vitré et proche de la cathédrale …. Ça restera une énigme ! Plus tard je le trouverai sur internet, un bon gros pont, très banal, à cheval sur un fleuve presque sec !! C’est une autre remarque de notre séjour, Madrid est bâtie sur les bords du fleuve Manzanares, comme tant d’autres capitales, nous les pensions l’un et l’autre indissociables, mais ici ce n’est pas le cas, nous n’avons jamais vu la rivière et nul n’en fait mention !
Bref, nous voici sur ce pont qui surplombe une grande avenue à défaut de cours d’eau, et sur l’autre « rive », la cathédrale de la Almudena.
Elle est magnifique ce matin, immaculée sur le ciel azur. Pour la visite, les affaires se compliquent, elle est payante, les photos sont interdites et nous arrivons en plein office, donc pas de visite de l’intérieur du monument. Son histoire n’est pourtant pas banale : l’idée originale de doter Madrid, nouvelle capitale du pays, d’une cathédrale revient à Philippe II, au XVIème siècle ! Mais d’autres priorités et préoccupations vont faire sombrer le projet jusqu’en … 1883 ! Cette fois, c’est Alphonse XII, grand rénovateur de la ville, qui pose la première pierre de ce qui doit remplacer l’antique modeste église Santa Maria (détruite en 1869) ; en 1885, Madrid passe au statut religieux de diocèse, l’autorisant à avoir une cathédrale, la construction est alors revue à la hausse et les travaux peuvent commencer … par la crypte, qui sera terminée en 1911, le gros de l’édifice reste à faire ! … et l’ouvrage est suspendu jusqu’en 1950 ! Les travaux reprennent pour une quinzaine d’années, les nouveaux architectes choisissant un style en accord parfait avec le Palais Royal dont elle intégrerait l’ensemble. Nouveau coup de frein en 1965, elle coûte trop cher à la ville qui a d’autres chats à fouetter, mise entre parenthèses jusqu’en 1984. Là une mobilisation politicienne ranime le projet et enfin … le 15 juin 1993, le pape Jean-Paul II, en personne, vient officiellement la consacrer ! En souvenir, une belle statue est érigée, à son effigie, devant l’entrée latérale.
Edifiante révélation pour qui croit visiter un monument « historique » ! mais qui explique pourquoi les silhouettes du Roi Juan Carlos et de la reine ornent le portail.
Nous poursuivons notre découverte par le Palais Royal. Nous revoici sur cette majestueuse esplanade, entre Cathédrale et Palais. Ils s’accordent parfaitement l’un avec l’autre.
Pas de visite du palais pour aujourd’hui : mercredi a lieu la relève de la garde mensuelle (elle se déroule chaque premier mercredi du mois à midi), nous avons donc décidé de planifier la visite pour mercredi, enchainant l’une et l’autre ! D’autant que le mercredi, la visite est gratuite pour les ressortissants européens (sur rendez-vous semble t-il.).
Ce matin, on se contente donc de longer le palais pour aller vers la Plaza España … Il
parait que la façade mesure 130 mètres … délaissant les jardins faute de temps, nous nous dirigeons vers le Sénat, une vilaine construction
moderne sur le côté par lequel nous l’abordons, le contraste avec l’élégant Palais du Marquis Grimaldi juste à côté est étonnant : un
cylindre de béton gris ne peut rivaliser avec la délicatesse de ce palais rouge et blanc, création de … SABATINI, en 1776, et qui abrite maintenant le Centre d’Etudes Politiques et
Constitutionnelles.
Une rue à traverser et nous voici sur la Plaza de España, que l’on aborde comme un petit parc ombragé avec, au fond, derrière un plan d’eau la grande statue hommage à l’œuvre de CERVANTES. C’est le clou de la place emblématique de Madrid, Don QUICHOTTE et SANCHO PANZA, encore un monument très contemporain, débuté en 1925 et achevé en 1957 ; livré en même temps que les gratte-ciel qui l’entourent qui furent à l’époque les plus hauts d’Europe ! Les touristes se bousculent pour se photographier au milieu du duo, prennent leur temps sans retenue ; on parvient à prendre quelques clichés lors des « passages de témoin » !!! mais nous n’irons pas prendre notre tour ! Heureusement que nous sommes venus assez tôt, il n’est que 10 heures, et le nombre des touristes et promeneurs ne fait que croitre ! Un p’tit tour, un coup d’œil aux immeubles qui bordent la place et on repart, de l’autre côté de la calle de Ferraz et ses belles façades.
Un joli parc, une belle statue de femme d’allure médiévale (Sœur Juana Ines de la Cruz, religieuse mexicaine du XVIIème siècle, et une sculpture de 1981 !), une coupole vernissée qui ne livrera pas ses secrets et une construction cubique autour d’un bassin, œuvre contemporaine encore ? non, un temple égyptien vieux de 2 000 ans !!! Comment est-ce possible ? Une petite plaque explicative à l’entrée dudit temple nous renseigne : il s’agit bel et bien d’un édifice égyptien de 2 200 ans d’âge, dédié aux cultes des dieux Amon et Isis : le temple de Debod, il fut offert par le gouvernement égyptien à l’Espagne en 1968 en témoignage de gratitude pour l’aide apportée par les ibères à la sauvegarde des temples d’Abu Simbel, en Nubie. Ce monument a été inauguré en 1972, et toute son histoire se trouve ici détaillée : http://voyageseuropesud.suite101.fr/article.cfm/le-temple-de-debod.
L’intérieur du temple se visite … sauf le lundi ! (et nous sommes lundi)
Revenus de notre étonnement, enchantés par ce bel édifice, nous trainons dans les jardins qui offrent de belles vues sur l’ensemble du Palais Royal et de la Cathédrale et aussi sur une large partie occidentale de Madrid (on peut apercevoir les attractions du Parc Warner Bros.).
Nous retournons jusqu’à la place d’Espagne pour récupérer notre circuit initial, il est bientôt 11 heures ; donc deuxième tour sur la place, qui s’est bien remplie ; puis retour vers le Sénat à la recherche de nos rues, Plaza Santo Domingo nous nous arrêtons faire un petit point d’orientation et de réflexion sur la suite du parcours : nous sommes face à un problème auquel je n’avais pas pensé, le lundi à Madrid presque tous les sites sont fermés à la visite … notre programme est donc bien mal engagé, et il convient sûrement d’en changer ! On se plonge dans l’examen du plan et une idée germe, nous sommes à la station de métro « Santo Domingo », sur la même ligne « Las Ventas », les arènes ! Nous ne sommes pas sûrs de pouvoir les visiter, surtout un lundi, dans le pire des cas, nous aurons au moins la satisfaction de les avoir vues et déjeunerons là-bas. Nous poursuivrons ensuite par le parc du Retiro, à voir, et qui lui ne saurait être fermé.
Et c’est reparti : métro, facile ; station « las Ventas » , les arènes … évidentes ; la sortie est sur la place même. Elles sont magnifiques ! Une belle, imposante, construction en briques, et sur la place deux statues hommage aux toreros : Antonio BIENVENIDA, une figure de la tauromachie espagnole, le matador a enthousiasmé les arènes entre 1942 et 1964, marquant l’histoire le 16 juin 1960 en tuant 12 taureaux le même jour (en deux corridas, l’une l’après-midi, l’autre le soir !). L’autre statue est remarquable et touchante, elle représente El YIYO, né en France de parents espagnols, le jeune garçon fait son apprentissage à Madrid qui fait de lui l’enfant du pays. Sa carrière sera brève (1981 – 1985) mais sa bravoure, et son décès prématuré sur la piste à l’âge de 21 ans en feront une icône de la tauromachie.
Une visite guidée est sur le point de partir, nous suivons donc avec beaucoup d’intérêt. Après une présentation du monument, notre guide se met à expliquer à son public les règles de la corrida …. Là on s’autorise à « décrocher » …. L’écoutant d’une oreille distraite, préférant fixer notre attention sur les arènes elles mêmes et, pour mon aficionado, aller tâter des sensations sur la piste !! Olé !!!
Il fait un temps magnifique, chaud, et ces grandes arènes vides qui se découpent sur le ciel d’un bleu intense en sont encore plus belles ! Officiellement dénommées « Plaza de Toros Monumental de Las Ventas », leur construction commence en 1922, et la corrida inaugurale aura lieu le 17 juin 1931 (comme le rappelle une copie de l’affiche originale, reproduite en faïence sur le mur de l’entrée principale). Elles revendiquent le titre de plus grandes arènes du monde …. par la taille de la piste (61.5 mètres), la palme des plus importantes en terme de capacité revenant à celles de Mexico avec 52 000 places, à Madrid il n’y en a que 23 400 !
Faisant le pendant à l’affiche, une liste, à l’entrée, rappelle les sorties « a hombros » depuis l’origine ! Et sur le mur opposé une plaque commémorative dédiée à MANOLETE, grande figure des années 40, il a révolutionné la tauromachie par sa grâce et son « temple ». Il décède à 30 ans des suites d’une cornada.
Au cours de la visite, on apprécie l’architecture, les blasons des provinces espagnoles, le joli décor d’azulejos (ces si délicates faïences colorées, que l’on croyait purement portugaises !), puis au bord de l’arène, les niveaux de gradins, la tribune présidentielle, le callejon (pour une fois accessible !).
La visite guidée se termine par une prise en main de la cape et de la muleta, au poids très surprenant.
Nous avons ensuite accès aux écuries et au musée taurin, qui présente de belles pièces, d’émouvants souvenirs comme les costumes dans lesquels ont été mortellement blessés les matadors auxquels on rendait hommage plus haut !
La visite est passionnante, même pour les profanes. Plus d’une heure après nous nous retrouvons sur la place, avec la ferme intention de nous restaurer rapidement !
Nous trouvons un petit restau qui a l’air sympa : il s’agit du restaurant « Cesar las Ventas », la décoration intérieure exclusivement taurine est principalement dédiée à José THOMAS, photos, trophées, têtes de toros …
Après le repas, direction maintenant le Retiro.
Nous y allons en métro, la station de Las Ventas est décorée d’une grande « œuvre » (on dirait du cuivre ?) représentant une fois de plus un torero en action avec taureau et cheval.
Nous sommes au parc en dix minutes. Nous l’abordons par l’entrée la plus proche de la station de métro « Retiro » et nous allons le traverser dans toute sa longueur.
Il s’agit d’un grand parc de près de 120 hectares, datant de 1630/1640, résidence secondaire du roi Philippe IV. La grande allée que nous empruntons nous amène, de kiosque en bosquets et fontaines, au bord d’un grand plan d’eau baignant l’imposant monument Alphonse XII. C’est une construction récente dans le parc, souhaitée en 1901 par la reine Maria Christina pour honorer la mémoire de son défunt mari. Le monument à colonnes encadrant la statue équestre du roi est inauguré en 1922. Sur le bassin, cet après-midi, plusieurs barques et de romantiques rameurs ….
Un peu plus loin, le Palacio Velazquez, remonte lui au début des années 1880 ; contre toute attente, il ne doit pas son nom au fameux peintre espagnol, mais à son architecte : Ricardo Velazquez Bosco. Ce joli pavillon est utilisé pour des expositions.
Nous atteignons ensuite le bijou de ce jardin : le palais de Cristal. Inspiré du Crystal Palace londonien, si l’original avait été édifié en 1851 dans Hyde Park pour l’exposition universelle, celui-ci date de 1887 … mais il est toujours debout !!! Un vrai joyau dans un écrin de verdure ! Tout en finesse, en délicatesse et en transparence, c’est un régal de l’admirer ! Devant, une volée de marches mène à un petit lac, domaine des canards, cygnes noirs et tortues ! On prend beaucoup de plaisir à s’y attarder avant d’aller jeter un coup d’œil à l’intérieur … un peu gâché par une exposition d’art contemporain. Je ne m’y ferai jamais, cet empilement de bassines, paniers, tabourets ou chaises en plastique … c’est très laid !! et tellement inutile !
Le parc recèle une curiosité rare, unique parait-il : la seule statue du Diable présentée dans un lieu public. La statue de l’ange Déchu (El Angel Caido) représente effectivement un ange en souffrance, attaqué par un serpent, elle domine une fontaine où l’eau s’échappe par les gueules de diables. Elle date de 1877.
Et voilà, une grande allée, paseo del Duque Fernàn, nous conduit jusqu’à la sortie, Calle Claudio Moyano. Nous apercevons la gare d’Atocha, et longeant le jardin botanique, nous descendons cette petite rue bordée de bouquinistes … fermés aujourd’hui !
Nous voici maintenant sur le paseo del Prado. La promenade le long de cette belle allée ombragée s’impose comme une évidence. La découverte de Madrid est toujours aussi agréable. Nous sommes furieusement bien dans ce joli quartier avec une météo idéale.
En dix minutes nous sommes plaza de Murillo et ses quatre petites fontaines (les Fuentecililas) aux quatre coins de l’avenue, et juste après, à quelques mètres, l’entrée latérale du musée du Prado. Aujourd’hui, nous nous intéressons surtout à la belle façade et à la statue de VELAZQUEZ. La construction du bâtiment principal remonte à 1786 ; pendant l’occupation bonapartiste il est utilisé comme poudrière. Sa reconversion en musée date de 1814 et il devient musée de peintures en 1919. Il abrite désormais des toiles majeures de maîtres comme RAPHAEL, Jérôme BOSCH (El Bosco), REMBRANDT … et surtout, bien sûr, VELAZQUEZ, MURILLO et GOYA.
Pour le moment nous nous accordons une petite pause contemplative à l’ombre du paseo, devant Velazquez. Prochaine étape, la plaza de Neptuno. En y arrivant, on tombe en arrêt devant une boutique d’articles de TOLEDE, il faut dire que la façade ne passe pas inaperçue : des mannequins en costumes aux fenêtres surveillent le va et vient de la rue. Nous y entrons par curiosité, et y trainons par plaisir. Ce magasin propose des articles très jolis, recherchés : des créations typiques de Tolède, armes et armures, bijoux et toutes sortes de petits objets en or de Tolède ; on y puise quelques idées de cadeaux !
Immédiatement après, la place et la grande fontaine de Neptune. Elle occupe le centre de la place, inaccessible, protégée par le flot quasi incessant des voitures. Depuis la fin du XVIIIème siècle, Neptune se dresse sur son char tiré par des chevaux à queue de poisson, des hippocampes d’un genre nouveau.
Sur le côté de la place, le discret musée THYSSEN-BORNEMISZA (du nom de la famille ayant réuni cette belle collection d’œuvres d’art, rachetée par le gouvernement espagnol en 1993), et à l’opposé, le musée du PRADO (l’entrée « billetterie ») et derrière la massive église de Los Jeronimos. Une création du XIXème siècle qui aura vu mariages et sacres royaux. Elle est, hélas, en cours de restauration et son accès interdit au public. Elle est à la fois austère par ses murs et délicate par ses festons.
Sur la pelouse, entre l’église et le musée, on s’arrête devant une jolie statue d’un peintre anonyme naturel et désinvolte, charmant.
Continuant notre chemin, on passe devant l’académie royale et l’hôtel Ritz, qui expose actuellement, pour son centenaire, des photographies retraçant son histoire et ses illustres pensionnaires. Place ensuite à la bourse de Madrid et au monument aux morts (Plaza de la Lealtad – Place de la Loyauté), Et on arrive enfin, à la fin du Paseo del Prado, marqué par de nombreux édifices dignes d’intérêt.
Le premier, la Banco de España : créée en 1782, la banque centrale espagnole, conserve dans ce bâtiment les réserves d’or jusqu’en 1936 (guerre civile), c’est là que commence Gran Via, la grande avenue madrilène repérable par l’immeuble « Metropolis».
Nous sommes arrivés Plaza de Cibeles, et, là aussi, son imposante fontaine. C’est une place incontournable de la capitale, à la croisée d’avenues essentielles : le paseo del Prado et le paseo de Recoletos coupés par Gran via et calle de Alcala. D’ailleurs, jusqu’en 1900, la place s’appelait la Place Madrid ! (c’est là que les supporters madrilènes fêtent les victoires de l’équipe du Real Madrid !!).
Au centre, donc, LA fontaine de Cibeles, la déesse de la nature « Cybèle ». Curieusement, cette monumentale statue a été érigée à la fin du XVIIIème siècle sur une autre place, elle
sera déplacée un siècle plus tard !
La circulation sur cette grande place rend difficiles les photos, mais on s’en sort quand même. Comme pour la fontaine de Neptune, inutile de penser à s’approcher de la fontaine. Autre point commun avec le monument de Neptune, la statue de la déesse, elle aussi dressée sur son char, tirée cette fois-ci par deux lions !
Derrière ce monument, le palais du même nom : une construction tarabiscotée qui fait penser à un gros gâteau en meringue ! Il s’agit du palais des communications !
Autre point de repère de la place, la Casa de America, cette « Maison de l’Amérique » a une double mission, politique (diplomatie, économie ..) et culturelle ; elle vise surtout à établir un pont entre l’Espagne et l’Amérique latine.
La journée se déroule tranquillement, pas à pas … on approche les 17h30 et nous avons obliqué Calle Alcala et nous voici devant la jolie porte du même nom. Datant de la fin du XVIIIème, elle marquait à l’époque la limite est de la ville. On y voit, une fois de plus l’association du roi Carlos III et de son architecte SABATINI. Elle doit sa beauté à l’addition d’arches rondes et carrées qui lui confèrent cette originalité.
Juste derrière la place de l’Indépendance sur laquelle se dresse la fameuse porte, on retrouve la station de métro de « Retiro » … idéale pour un petit retour à l’hôtel.
Ce soir nous dinons à l’heure espagnole !! (à partir de 21 heures !)
On va à pied jusqu’à la Plaza Mayor, place emblématique de Madrid qu’on n’a pas encore vue. Premier contact donc avec la grande place, symbole de Madrid. Dès le XVème siècle, cette immense place est essentielle à la capitale, c’est la grande place du marché. Plus tard c’est là qu’ont lieu les corridas, carnavals et toutes sortes de manifestations populaires. Elle est maintenant essentiellement touristique comme en attestent la quantité de terrasses qui l’envahissent.
On en fait le tour sans trouver un endroit qui nous tente, d’autant que nous venons de lire que les restaurants de la place n’ont pas une cuisine digne de leur situation, on s’engage dans les petites rues avoisinantes. On va faire plusieurs découvertes concernant la restauration madrilène : déjà, nous sommes surpris par le nombre d’espagnols qui dinent à l’extérieur même en semaine, les petits bars à tapas sont pleins à craquer ! ensuite, nous apprenons à nos dépens à interpréter les menus proposés : le « menu del dia » au prix racoleur n’est servi QUE le midi ! Dans le même ordre d’idée, le « menu barra » se consomme debout au bar !
Autre expérience ce soir, les salles de jeux, à l’entrée pas de contrôle d’identité, on peut fumer et consommer dans la salle, que des machines à sous ou roulette électronique, pas de jeux de table, et peu de places … mais le nombre d’établissements compense leur petit nombre !
Jour # III
Aujourd’hui on abandonne MADRID pour TOLEDE !
Petit travail de repérage en aval, les moyens de transports, les horaires, les itinéraires sur place !
Aller à Tolède en partant de Madrid est simplissime, confortable et ultra rapide … à condition de prendre certaines précautions … et de ne pas se fier à tout ce qu’on peut lire sur le net !!
Alors, à la question « comment ? », la réponse est : en train, train à grande vitesse, ultra confortable !
Côté horaire, certains sites annoncent un train toutes les heures ! C’est faux !! Le site fiable est celui-ci : http://www.renfe.com/viajeros/index.html, c’est LE site du réseau ferroviaire espagnol, ils savent de quoi ils parlent !
Et si vous me demandez « combien de temps ? », sympa, je vous répondrai 30 minutes ! départ et arrivée dans les temps !
Par contre pour éviter notre mésaventure, il convient de réserver sa place la veille pour le premier train de 9h20 … arrivés comme des fleurs à Atocha avant 9 heures, nous avons appris que le train était complet ! (comme pour le TGV, on voyage assis, sur une place attribuée !!). De la même façon, il faut réserver son retour dès le matin (sinon on risque de passer la nuit à Tolède, les trains de fin d’après-midi sont bien pleins !!).
Encore une dernière mise en garde avant de repartir vagabonder avec nous : à la billetterie d’Atocha, on prend son tour, et les numéros sont ensuite appelés guichet par guichet ; attention en cas d’affluence à prévoir large pour ne pas louper le départ, le train n’attend pas et la montée à bord assez longue, j’y reviendrai !!
Bien, revenons à NOTRE aventure, Nous sommes donc arrivés à la gare d’Atocha, la principale gare de Madrid. On trouve le guichet de vente des billets pour Tolède. Il faut prendre un ticket et attendre son tour. Le train convoité est donc complet, le suivant une heure plus tard ! Surprise et déconvenue ! Ca ce n’était pas prévu ! Comme pour un départ en avion, la guichetière nous indique les horaires et portes d’embarquement.
Nous avons donc un peu plus d’une heure à tuer.
On en profite pour découvrir la gare d’Atocha, c’est une belle construction de la fin du XIXéme siècle. On se risque à l’extérieur mais on tombe sur d’importants travaux qui nous dissuadent d’aller plus loin (on a un train à prendre, il ne faudrait pas se perdre !!).
L’intérieur de la gare est très agréable avec son grand jardin tropical, et tout un espace de petits magasins.
Suite probablement à l’attentat de 2004, la procédure pour monter dans le train est très sécurisée ; il faut passer les bagages dans un tunnel de contrôle, puis queue pour la vérification du billet comme dans les aéroports ! Nous arrivons enfin sur le quai et découvrons notre train, il ressemble à un TGV, en fait cette ligne est assez récente et il s’agit effectivement d’un train à grande vitesse qui relie les deux villes en 30 minutes.
Nous sommes séduits par notre wagon, spacieux, clair, très confortable. Il part pile à l’heure prévue.
On traverse la banlieue de Madrid, des zones commerciales, des entrepôts, comme ici ; puis une région plus agricole, avec des fermes d’élevage et des champs d’oliviers, le paysage est très aride. Et 30 minutes plus tard, sans préavis, on s’arrête à TOLEDE ! C’est curieux cette gare en bordure de rase campagne pour une ville si renommée !!!
On débarque, on admire la jolie gare d’inspiration maure … et on cherche comment on va bien pouvoir rejoindre le centre historique de la ville.
Nous sommes démarchés pour des bus touristiques avec tour de ville inclus … il y a bien les bus de ligne régulière, mais nous n’avons pas assez d’infos pour savoir lequel prendre … et puis il y a un bus de liaison touristique gare-centro ciudad … pour 2€par personne, il part tout de suite … vendu !
Heureusement qu’on l’a pris celui-là !!! La gare est franchement à l’extérieur de la vieille ville qui est, elle, sur un piton rocheux, protégée par le Tage ! On met une bonne dizaine de minutes, avec une belle grimpette pour arriver sur la place principale, la Plaza Zocodover.
A 11h15, nous voici livrés à nous-mêmes, avec les quelques informations glanées sur internet.
On repère rapidement les tourelles du palais de l’Alcazar, c’est vers elles que l’on se dirige. En arrivant vers le palais, le nombre des magasins de souvenirs augmente !! il nous apparait vite indispensable d’acheter un vrai plan de la ville.
L’Alcazar a été construit au XVIème siècle, il alterne les rôles de forteresse militaire et de palais royal, ayant subi de nombreux incendies, il est à chaque fois reconstruit. Culminant au sommet de la ville, il domine le Tage, s’ouvre sur une grande esplanade marquée par une grande statue.
Pas de visite de l’intérieur au programme, on part flâner dans les petites ruelles de la ville. Jamais vraiment perdus, jamais vraiment situés, les noms de tous ces petits passages ne figurent pas sur notre plan et nous allons où nos pas nous portent, cherchant quand même à voir les monuments principaux.
Toutes ces petites rues sont charmantes, mais pas faciles, souvent en pente, avec de gros pavés ronds et glissants. Beaucoup de petites églises dans Tolède, de jolis points de vue sur les clochers, les vieilles portes, les recoins comme le minuscule callejon de los siete abujeros qui semble se terminer par une petite chapelle.
Nous abordons la cathédrale par le côté, l’entrée qui se présente à nous est réservée au culte ?? Effectivement, on pénètre dans un petit enclos réservé, dans l’église, à la prière ; on voit défiler les touristes dans le reste de l’édifice … on comprendra plus tard ce « tri » : on prie à l’écart du touriste qui, lui, a monnayé assez cher le droit de voir le bon côté de la cathédrale !!! Les marchands du temple ont changé de bord !! Bref, après une très brève incursion dans le sanctuaire, on retrouve l’air libre et la visite.
On passe devant le Teatro de Rojas, le théâtre de Tolède, une scène de bonne réputation, sur laquelle se rôdent souvent les pièces avant d’aller se jouer à Madrid.
Toujours en se promenant aux abords de la cathédrale, on arrive devant une enseigne qui ne nous échappe pas : « Templarios » ? Une exposition sur les Templiers …. Elle se tient dans la Posada de la Hermandad (l’Auberge de la Fraternité) qui, construite au XVème siècle, si elle fut un temps une auberge, avait aussi vocation de prison !!!
Une dernière ruelle fleurie et nous voici devant la cathédrale. Construite au Ier siècle, elle devient une mosquée pendant l’occupation musulmane, en 712, puis devient une cathédrale au XIème. Détruite, la construction de l’édifice gothique actuel commence en 1226, mais ne s’achèvera qu’au XVème siècle, l’aspect général ne changera plus depuis, par contre la décoration intérieure continue d’évoluer vers des styles Renaissance et baroque. On ne fera pas la visite qu’on trouve trop chère (7€/personne)… et puis on ne veut pas se trouver à court de temps !!!
Nous sommes maintenant sur la grande Plaza del Ayuntamiento (Place du Conseil de la Ville). Cette place est pleine de charme, bordée de monuments majeurs, le Conseil de la ville bien sûr, et la cathédrale, l’archevêché (Palacio Arzobispal), et le palais de justice.
Il est maintenant plus de midi, le temps est magnifique, il fait chaud, le soleil est radieux, Tolède nous offre une très belle journée !
Quelques rues plus loin, à San Tomé, nous voici dans le quartier juif de la ville, matérialisé par un panneau explicatif. Les rues sont toujours aussi charmantes et les boutiques agréables et riches de leurs beaux articles, armurerie ou bijouterie !
Mais j’oublie de mentionner El GRECO, le peintre grec, venu s’installer à Tolède au milieu de sa vie et y finir ses jours, en 1614. Il est omniprésent dans la ville, et sa maison peut se visiter, un musée porte son nom … entre autres !!
Bien maintenant, non loin du musée El Greco, nouvel arrêt devant la Synagogue del Transito. C’est un gros bâtiment sans grand charme ou mise en valeur, proche d’une petite place de laquelle on a une jolie vue sur la vallée, le Tage et les vestiges du pont romain.
Pour en revenir à la synagogue, construite entre 1355 et 1357, elle est transformée en église catholique après 1492, et l’expulsion des juifs d’Espagne. Elle doit son nom à une toile qui l’ornait qui représentait la mort de la Vierge et s’appelait « El Transito ». Elle est occupée depuis 1964 par le musée Sarfati, consacré à la culture hispano-juive.
Suivant la calle de los Reyes Catolicos, on arrive devant la seconde synagogue de Tolède : Santa Maria La Blanca, son histoire est très proche de celle de sa voisine, construite en 1180, elle passe sous contrôle catholique avant de se voir transformée en musée de nos jours. Elle est plus jolie que la précédente, on y accède par un petit jardin, aller, cette fois, l’entrée n’est pas bien chère (2.30 €), la synagogue toute petite. L’intérieur est clair, et très surprenant car on n’y retrouve aucun repère habituel d’une synagogue : pas d’étoile de David, mais des étoiles à huit branches (quoique, en cherchant bien … elle est bel et bien là !), pas de galerie des femmes qui suivaient l’office derrière un rideau !
Un petit tour à l’extérieur, puis, un peu plus haut dans la rue, un nouvel édifice religieux nous attend : le claustro de San Juan de Los Reyes.
Rien de bien transcendant dans la rue, une muraille somme toute assez banale et une petite plaque indicative. Mais on aime les cloîtres … j’aime les cloîtres, et pour 2.30 €par personne, on peut s’offrir cette petite folie ! Dès qu’on a passé la caisse on est scotchés, séduits : le cloître est tout simplement magnifique : les arcades de dentelle gothique laissent apercevoir le petit jardin garni d’orangers chargés de fruits, la lumière est idéale, les contrastes de couleurs parfaits. … décidemment, j’aime vraiment les cloîtres ! et celui-ci est un modèle du genre, le plus beau d’Espagne dit-on.
Sa construction remonte à 1476, sur ordre des rois très catholiques. On parcourt donc cette sublime galerie, on a accès à l’église, grande, blanche, si lumineuse, si délicatement décorée, l’énorme retable derrière l’autel ne peut que retenir l’attention, et la chaire de pierre si finement travaillée, et ces festons, et ces balcons ; superbes ! et dire que de la rue tout cet ensemble paraissait massif et austère !
On poursuit la visite par la galerie supérieure qui offre, bien sûr, de très jolis points de vue sur le cloître, mais il faut aussi lever les yeux pour apprécier, admirer le superbe plafond en bois à caissons, laisser trainer le regard sur la moindre des sculptures, les gargouilles … Un régal ! Du concentré de grâce et d’harmonie … on évite de faire résonner nos pas, on baisse la voix spontanément pour ne pas rompre le charme !
Une demi-heure plus tard on est ressortis … déjà !! On va voir l’extérieur de l’église, coincé sur une placette, et suivant toujours la même rue nous arrivons devant la belle Puerta del Cambron, porte de la ville d’origine musulmane, elle donnera ensuite accès au quartier juif, enfin elle est reconstruite à la fin du XVIème siècle sous le règne des Rois Catholiques.
On bifurque sur la gauche pour ne pas sortir de la cité, bonne idée, on se retrouve ainsi aux abords du Puente San Martin ; l’un des deux seuls ponts historiques de Tolède, qui rappelons-le est une presqu’île rendue ainsi quasi imprenable !
Il ne manque pas de charme ce vieux pont du XIVème siècle, flanqué de ses grosses tours carrées. En contrebas, il y a des gros travaux en cours, on dirait des fouilles pour l’aménagement d’une promenade.
On revient sur nos pas pour retrouver la Puerta del Cambron. Un peu plus loin l’église de Santa Leocadia, qui donne aussi son nom à la porte, puis l’église de San Ildefonso (édifice jésuite du XVIIème)… C’est fou de constater la concentration d’édifices religieux de tous genres sur ce petit caillou, au moins une vingtaine d’églises, quatre mosquées, deux synagogues, une quinzaine de couvents, une dizaine d’ermitages … le monastère de Los Reyes, la cathédrale … à chaque rue son monument !
Il est plus de 14 heures et nous nous arrêtons déjeuner sur une petite terrasse , on se régale du jambon du pays et du plat local « perdrix à la toledana » … miam-miam !!
C’est bien agréable tout ça mais le temps passe … on a une ville à visiter et un train à prendre !!! et on ne croit pas si bien dire !! J
Il est déjà 15 heures quand on a fini notre déjeuner, reposés de notre marche, alourdis par ce festin … on se retrouve plaza Zocodover … et au milieu de la place, un petit train touristique qui propose un circuit de près d’une heure pour découvrir la ville …. On ne va pas le faire ?!! pas jouer les touristes à ce point ?!! en même temps on serait assis à se faire trimballer avec quelques commentaires …. Alors, pour 4.25 € par tête, on va se laisser transporter !!! La promenade commence. On avait bêtement pensé qu’on ferait un tour dans la vieille ville, sans se dire que les rues étroites ne laisseraient jamais le passage à ce petit train !! La balade sort donc de la vieille cité pour faire le tour de la ville par l’extérieur, ce qui est pour nous qui venons de galoper en tous sens dans le cœur de la vieille ville est beaucoup plus intéressant .
Cette petite virée est donc aussi agréable qu’instructive !! Elle nous permet surtout d’avoir des vues différentes sur Tolède. Notre convoi s’arrête même à certains endroits stratégiques pour nous permettre de prendre les indispensables photos !
D’où nous sommes, la ville est très belle, dominée par l’Alcazar et la Cathédrale, dense, encerclée par le Tage.
Cinquante minutes plus tard, nous revoici à notre point de départ … il est bientôt 17 heures, aller, on repart vers d’autres coins, vus du train, à approfondir.
On commence par redescendre vers la Puerta del Sol, sur le chemin, nous avons quelques beaux points de vue sur la Puerta Nueva de Bisagra. C’est l’entrée officielle et historique de la ville, en fait, il y a deux puertas de Bisagra, la « vieja » , la massive porte du IXème siècle fait partie intégrante de la muraille-rempart musulmane, longtemps murée elle a été bien préservée. Un peu plus loin, la « nueva », celle-ci voit le jour au XVIème, elle est de style renaissance et construite en deux parties, une première porte couronnée du blason de Charles V, la seconde, qui attire le regard de loin, est flanquée de deux tours carrées aux toits vernissés en damier vert et blanc.
On arrive derrière la puerta del Sol, quand on la traverse, il faut absolument lever les yeux et jeter un coup d’œil à la herse encore présente dans l’épaisseur de la muraille avec ses pics menaçants. Déjà existante au XIIIème siècle, elle contrôlait l’accès à la Médina, sa reconstruction et consolidation datent de la fin du XVIème , par sa position stratégique, elle protège la circulation vers la plaza Zocodover et l’Alcazar tout proche.
Nous continuons en repartant vers le centre ville, et la Mezquita del Cristo de la Luz, à l’origine la mosquée Bab al-Mardum construite en l’an 999 ! Une légende est liée au lieu qui veut que lorsque le roi Alphonse VI, ou le Cid, entra dans la ville en 1085, son cheval le conduisit jusqu’à la mosquée devant laquelle il s’agenouilla, et découvrit une image du Christ dissimulée aux musulmans. Entre travaux et circulation, nous ne la verrons pas dans de bonnes conditions … et ne pourrons entrer la visiter.
Et on retourne tranquillement, au hasard des ruelles vers la place Zocodover et ses arrêts de bus ! Cette flânerie est très agréable, elle nous fait découvrir les mille et un petits détails qui font le charme de la vieille ville, balcons fleuris, petites boutiques, églises (encore et toujours !), patios, statues inattendues …
En cours de route, on s’arrête faire quelques achats d’orfèvrerie tolédane.
On commence par faire un petit tour sur cette place, plusieurs fois traversée, mais sur laquelle nous ne nous sommes pas encore attardés.
Plaza Zocodover, donc, connue dès la création de la ville, des traces d’elle existeraient dès l’époque romaine, mais c’est de l’occupation musulmane qu’elle tient son nom : sūq ad-dawābb, le marché aux bestiaux, référence à l’activité principale de la place. Le plan général de la place n’a guère changé depuis le Moyen Age, il a été adapté à la modernisation de la circulation, élargissant les voies d’accès au détriment des arcades, présentes dès le XVIème siècle.
Aujourd’hui, la place est envahie par les terrasses de cafés-restaurants. Centre névralgique, c’est de là que partent les excursions, le point de départ du petit train et surtout de tous les bus desservant Tolède.
Pour nous, il est temps de se poser un peu ! Puis de reprendre un bus vers la gare (le 61 y conduit !). Retour à la gare de Tolède, on y est en 10 minutes ; il ne reste plus qu’à attendre le départ du train.
A 19h15, nous sommes invités à monter à bord , nous retrouvons le confort de ce pseudo TGV, et arrivons à Madrid à l’heure prévue.
Nous sommes enchantés de cette journée à Tolède, la ville mérite vraiment ce détour.
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à suivre ....