Un petit tour dans le vaste Monde, une pause dans une salle de spectacles, un détour par la cuisine ou auprès du sapin de Noël ... deux ou trois créations … Bienvenue chez moi , agréable visite, et n'hésitez surtout pas à laisser un commentaire. Pour être informés des articles récents, n’oubliez pas de vous abonner. A bientôt.
Ce matin on part vers 11 heures pour notre balade dans les « villages blancs ».
Il fait déjà 35°, ça promet ! Paysage de sierras couvertes d’oliviers sur la route.
A 11h35 nous nous arrêtons dans un parking à ARCOS DE LA FRONTERA. Le plus connu des Pueblos Blancos, n’en a plus que le nom, ce fut un village perché au sommet de la sierra, c’est maintenant une petite ville à flanc de colline, vivante et commerçante dans laquelle il est conseillé de laisser son véhicule dans la partie récente avant de se lancer à la découverte des quartiers plus anciens.
L’histoire de la ville n’est pas banale puisqu’elle aurait été créée après le Déluge par le petit fils de Noé. Depuis, toutes les civilisations s’y seraient succédées attirées par sa position stratégique, sur un piton abrupt à l’origine de son nom tiré du latin Arx, forteresse. La notion de « Frontera » datant du XIIIème siècle, quand les troupes de Castille repoussaient les maures et installaient des villes-frontières.
Nous commençons notre promenade … ou devrais-je dire « chemin de croix » … ce qui me relierait au premier monument devant lequel nous passons, une grande sculpture : trois hommes en tenue de procession portant la croix, une statue hommage à la Semaine Sainte.
Un peu plus loin dans la rue principale, l’Office Municipal du Tourisme, installé, quelle bonne idée, en
haut d’un escalier (dans une ville où on compte ses pas !!!!) ; l’accueil n’a rien à voir avec celui si agréable et compétent d’hier … la seule préoccupation de mon interlocutrice
est de connaitre la langue souhaitée pour sa brochure ! Le sourire a dû rester coincé sous la pile !
Nous voici donc aidés d’un plan de la ville sur lequel sont indiqués les points dignes d’intérêt.
Bientôt, au milieu des murs blancs, voici la grosse masse de pierres brunes du Castillo, déjà poste militaire à l’époque musulmane, il prend cette allure de château fort au XVème siècle. Il sera la résidence des seigneurs d’ARCOS, propriété privée il ne se visite pas.
On va faire un tour sur l’esplanade de ce gros monstre à la limite du promontoire, de là on a une perspective, à perte de vue, sur la vallée du Guadalete et toutes les sierras environnantes.
Sur la plaza del Cabildo, on aperçoit encore les murs et les créneaux du château derrière la façade blanche de la Mairie, installée ici depuis 1634.
Sur cette grande place, une grosse église qui fait écho au château, même allure massive et mêmes matériaux ; c’est l’église Santa Maria de la Asuncion, construite dans le style plateresque au début du XVIème siècle à l’emplacement de l’ancienne mosquée.
C’est dommage que la grande place soit envahie par un parking, ça anéantit complètement le charme historique de cet ensemble.
Voici maintenant l’église San Pedro et sa jolie façade baroque du XVIIIème siècle, les murs, eux, datent du XIVème, ils sont construits sur l’ancienne forteresse musulmane.
Nous continuons notre balade, suffocante, il fait vraiment très, très chaud, on pourrait espérer quelques courants d’air dans ces petites rues, un peu de fraicheur grâce aux façades blanches …. On pourrait espérer …
Un grand dépouillement règne dans cette petite ville, ce qui doit accentuer cette impression de fournaise ; pour une fois, pas de petits jardins charmants, de fontaines chantantes, de balcons fleuris ; ici les murs sont aussi lisses que les pavés ! Dans certaines rues, il y a même une main courante pour freiner la descente … ça nous amuse !!! Quelques minutes plus tard après s’être perdus, avoir demandé notre chemin et erré comme des naufragés … on va s’aider de cette rampe pour remonter la pente … au propre, … au figuré nous sommes au fond du désespoir ! Il nous faut gravir en pleine chaleur cette rue sans fin ! On achète une bouteille d’eau à la première boutique qui se présente et qui tire un substantiel profit du désarroi des aventuriers !
On retrouve des rues un peu plus animées …. Je veux dire avec des commerces, des restaurants, des pots de fleurs … et même un petit rapace, aussi égaré que nous ! …. Hormis le zozio et nous, pas une âme à cette heure !
A 13h25, on met fin à nos souffrances, laissant ARCOS DE LA FRONTERA à son sommeil (soleil) de plomb …
On a été rafraichis (c’est un comble !!) par cette expérience ! J’avais concocté tout un itinéraire de petits pueblos blancos … mais je n’ai pas trouvé l’atmosphère romantique et anachronique que j’espérais ; j’ai juste le sentiment d’une épreuve qui n’en valait pas la peine, d’une visite surfaite et surtout très mal balisée et pas mise en valeur : bien sûr que ça a du charme ces petites rues blanches entourant la forteresse brune … mais ensuite ? Deux parcours dans la ville figurent sur notre plan … mais où sont les repères ?? où sont les noms des rues ??? Il y a des leçons à prendre à CADIZ !!!
On décide de changer nos plans et de prendre la tangente pour rallier, par la voie rapide, RONDA.
Ce ne sont pas les autres villages blancs que nous voyons de loin qui vont nous séduire, mais plutôt la sierra sauvage et quelques grands lacs ; et surtout ces petites maisons isolées, taches blanches dans le décor.
Si la route est belle, je déplore encore le manque de possibilités d’arrêt pour des photos « posées », c’est dommage !
On arrive à RONDA à 15heures; ici nous n’avons que peu de repères, seulement les informations de mon guide ; mais, pas de chance, on ne trouve rien de ce qu’il indique ! On y va au feeling, s’arrêtant sur le parking de la gare routière … pas si bête, en suivant la rue San José, on arrive Plaza de la Merced, avec son église, construite à la fin du XVIème siècle dans un style maniériste mudéjar, elle est ravissante flanquée de ses deux gros palmiers !
Mission « Plaza de Toros » maintenant, pas si facile que ça à trouver, on voit un parc, ça devrait être là, mais non, il s’agit simplement du parc d’Alameda del Tajo, une promenade familiale.
Les arènes sont un peu plus haut dans la rue Virgen de la Paz. Les premières images que nous en avons sont une grande porte et deux statues de matadors, le père et le fils : Cayetano ORDOÑEZ, né ici à RONDA en 1904, "El Niño de la Palma ", il aurait servi de modèle à Ernest HEMINGWAY pour l’un de ses héros du roman « Le Soleil se lève aussi » ; et son fils, Antonio ORDOÑEZ ARANJO, lui aussi matador, et aussi source d’inspiration du grand écrivain américain.
Et voici les arènes, dans toute leur splendeur … leur rondeur ! D’une simplicité déconcertante pour celles qui sont parmi les plus anciennes d’Espagne, et aussi les plus belles ; ces murs blancs et lisses n’en laissent rien présager.
Pour l’instant je file à l’office du tourisme sur la place récupérer, enfin … une carte ; machinalement l’employée, sans une question ou un regard, griffonne sur le plan l’emplacement du fameux pont qui fait la renommée de la ville et un circuit panoramique le long du précipice. Je ne sais pas si elle prête attention à mes « au revoir et merci » ! enfin, peu importe, nous sommes maintenant équipés !
Pour le moment priorité aux arènes qu’il nous faut visiter.
6,50€ l’entrée, un plan explicatif (en français) en mains, et nous pouvons les découvrir à notre rythme.
Bien avant la culture taurine, c’est l’élevage du cheval qui a cours à RONDA. Dès 1572, le roi Philippe II installe ici la Real Maestranza de Caballeria de Ronda. La tradition équestre espagnole associe le travail auprès des taureaux dans l’entrainement du cheval. La corrida, aristocratique, se pratique alors à cheval, avec une lance pour affronter le taureau, avec, puis sans mise à mort ; les hommes à pied servant surtout à détourner l’attention du taureau. Tout se joue, le 15 août 1752, ici à RONDA, à la fin d’une de ces « courses », Francisco Romero, demande à tuer son toro, il va l’affronter à pied, un tissu à la main pour le distraire, une épée dans l’autre. Il devient ainsi le père de la corrida moderne qui remplit les arènes. A l’époque, le succès est tel qu’il faut revoir les installations, la construction de cette plaza de toros va durer six ans, pour une inauguration en 1785 de cette belle piste de 66 mètres de diamètre, deux étages de gradins en pierres, deux lignes d’arcades formées de 136 colonnes.
Nous débouchons immédiatement sur le ruedo, la grande piste. C’est toujours une impression bizarre de se retrouver au niveau de l’arène, nous qui la voyons toujours en surplomb, impressionnant aussi d’en mesurer les dimensions. Il y a quelque chose d’inhabituel ici, c’est la répartition des gradins et des tendidos (balcons), en général ils sont décalés les uns par rapport aux autres, ici ils sont superposés, ourlés par des colonnes toscanes, un décor original et très élégant. D’autant que le matériau n’est pas banal non plus, les arènes sont en pierres brunes, la barrera et les burladeros, d’habitude rouge sang, sont d’un ton gris vert, décorés d’une couronne florale et du signe RMR (Real Maestranza de Caballeria de Ronda).
Nous allons visiter la suite des installations en commençant par les torils et les coralles, le parcours très balisé du taureau de l’arrivée de sa ferme jusqu’à son entrée en piste ; écuries et places aussi où les chevaux sont préparés. Un coup d’œil au manège couvert de l’école équestre toujours en activité avant de monter dans les tendidos.
Rien n’est négligé, j’admire les jolies contremarches en azulejos, images de la tauromachie d’un autre temps, désuètes et bucoliques.
Des gradins, on a l’impression d’être dans une arène antique, c’est drôle ! Et puis il y a l’atmosphère si particulière d’une arène déserte …
La visite se poursuit par les salles d’expositions et musées qui présentent l’évolution de la corrida, des accessoires et costumes au fil des siècles ; ainsi qu’une collection d’armes anciennes (un peu redondant après le musée militaire de la Plaza de España !). Les mises en scènes de costumes, dans le Musée de la Tauromachie, sont très intéressantes, et on ne peut qu’admirer les parures et harnachements des chevaux dans la Bourrellerie et Sellerie de la Maison d’Orléans.
Notre visite de la Plaza de Toros se termine devant un très joli burladero qui nous guide vers la rue.
Nous allons suivre le chemin du belvédère souligné sur notre carte, nous sommes maintenant sur les balcons de la ville, édifiée sur deux plateaux rocheux, séparés par une faille profonde de 120/160 mètres, large de 60/80, le « Tajo ». Nous sommes sur le côté « moderne » de la cité, qui fut celte, romaine et arabe.
Waou ! c’est impressionnant ! Bon courage à ceux qui voulaient prendre la ville d’assaut par ce versant vertical !! Chemins et petites routes serpentent malgré tout le long de la côte. Mais c’est souvent un à-pic abrupt imprenable ! Pour nous permettre d’apprécier encore davantage ce relief, une petite plateforme est même aménagée dans le Paseo de Blas Infante. C’est sur ce promontoire qu’est bâti le Parador de la ville (ces anciens palais convertis en hôtels de tourisme dans les sites les plus exceptionnels). Et celui-ci est particulièrement bien placé puisqu’il est à l’angle de la vallée et de la faille creusée par le Rio Guadalevin, franchie par le fameux pont qui fait toute la renommée de RONDA.
Et elle est impressionnante cette faille !! Oups, sacrée plongée ! profonde et étroite !! Ce qui la rend si particulière ; et donc, pour la franchir le Puente Nuevo (le Pont Neuf) … en fin « neuf » de 200 ans !!! En 1735, on s’attèle à la construction d’un nouveau pont pour relier les deux parties de la ville, hélas, après six ans de service il s’effondre. A partir de 1751, nouveau chantier … de fourmis … les bâtisseurs vont utiliser la roche même de la montagne pour monter cet ouvrage ; ce qui explique pourquoi il se fond aussi parfaitement dans le décor ! les travaux se terminent en 1793 …
La brèche est aussi impressionnante … que le Pont ! On néglige le centre d’informations qui a l’air fermé pour aller traverser ce Puente Nuevo.
Sur le pont, la vue vers la gorge est encore plus grandiose … si c’est possible ! et elle nous permet de voir l’autre petit pont de la ville … bien plus bas, une arche unique pour ce Vieux Pont, ou Pont arabe, construit et détruit et reconstruit à plusieurs reprises, celui-ci date de 1961 !!!
Une rapide incursion dans la partie ancienne, mais sans trop insister … la chaleur et la fatigue ne font pas bon ménage ; et pour le moment on n’a plus soif de culture … mais de quelque chose de bien frais !!!
Alors, tandis qu’il fait 36°, on s’offre, en terrasse, une petite pause.
On retourne vers la voiture, … brûlante !!! Ici le parking ne nous aura rien coûté !!! On repart, comme on était venus à travers la ville vraiment moderne et l’A-374, qui n’est pas le meilleur moyen de voir le pont au fond de son défilé … mais aucune autre indication … alors direction CADIZ, puis JEREZ DE LA FRONTERA !
Encore beaucoup de plaisir sur la route du retour … les mêmes paysages, mais puisqu’ils sont beaux, on ne se lasse pas.
Un petit passage par la piscine et un bon repas pour finir cette brûlante journée.
LE COUP DE COEUR DU JOUR : les arènes de RONDA, car elles sont belles, exceptionnelles ;
le Puente Nuovo, parce qu'il est spectaculaire.
HOTEL GUADALETE : ça se termine !
CASA CARLOS : le ramage ressemble au plumage ; bons petits plats (rien
de sophistiqué, du tapas) et accueil très sympathique de la part du personnel, rapide, efficace et attentionné.